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Delisle, J. et J. Woodsworth (dir.) (2007) : Les traducteurs dans l’histoire, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2e édition revue et corrigée, xxiii-393 p.[Record]

  • André Clas

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  • André Clas
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Ce livre était à l’origine une gageure, mais il est heureux de voir aujourd’hui, une dizaine d’années plus tard, une deuxième édition, ainsi que quelques traductions dans diverses langues. Ce livre est en fait une esquisse – pouvait-on faire davantage en si peu de pages ? C’est un condensé qui illustre les expériences antérieures et les résultats obtenus par des pionniers traducteurs. C’est en fait un livre de créations et de résultats que nous pouvons considérer comme prototypiques en ce sens qu’ils ne forment pas un tout mais seulement des exemples que l’on peut (doit ?) multiplier et adapter en changeant de langue de référence ou de pays puisqu’il y aura beaucoup en commun mais également une constante individuelle à mettre en relief. Cela montre bien que l’ouvrage répond encore à un besoin et que l’entreprise est encore des plus méritoires. Rappelons-le, même si on le sait parfaitement, que résumer en si peu de pages l’histoire d’un certain nombre de traducteurs, et donc de la traduction, et par conséquent synthétiser l’ensemble de la civilisation mondiale des origines à nos jours, tant pour les sciences et la technologie que pour l’histoire, la littérature et les influences politiques et religieuses, est une entreprise sinon impossible du moins périlleuse, car il faut en peu de lignes dire l’essentiel et faire percevoir la trame de l’ensemble. Tout devient forcément élément de choix et bien évidemment interprétation et mise en relief de quelques aspects fondamentaux pour les orientations retenues. La critique devient aisée, car le choix des secteurs retenus peut être considéré comme partiel et surtout partial, et lié aux intérêts directs des auteurs. Mais il faut quand même souligner que l’essentiel pour ces secteurs est présent et que le choix n’est en quelque sorte qu’une mise en bouche qui laisse deviner l’attrait pour la suite et tout l’intérêt des développements qui s’annoncent et des compléments de lecture possibles. Les exemples donnés sont donc souvent à considérer comme des cas d’espèces hautement généralisables. L’ouvrage suit un ordre logique et répartit la matière en neuf chapitres, chacun est suivi de références pour des lectures complémentaires. Ainsi au chapitre premier « Les traducteurs, inventeurs d’alphabets » font suite les chapitres où on les reconnaît comme « bâtisseurs de langues nationales, artisans de littératures, diffuseurs de connaissances, acteurs sur la scène du pouvoir, propagateurs de religions, importateurs de valeurs, consommateurs mais aussi compilateurs de dictionnaires terminologiques ». Le dernier chapitre s’attache au rôle des « interprètes témoins privilégiés de l’histoire ». L’ouvrage se termine par deux annexes (légendes des illustrations ; coauteurs), les « Références » et une « Bibliographie complémentaire – Domaines anglais et français (1995-2006) » et un « Index » des auteurs cités. Il y a, bien entendu, des choses qui manquent et qui peuvent paraître pour certains des oublis importants. Ainsi, dans le développement de la littérature, il faudrait souligner l’importance de Catherine II de Russie dans l’évolution de la culture russe car elle a créé, en 1762, une société pour la traduction des oeuvres étrangères et, comme le souligne Hélène Carrère d’Encause (2002 : 268) : « Le Cercle des traducteurs du corps d’infanterie noble, créé en 1762, accomplit un travail étonnant. Des dizaines de livres sont traduits à son initiative et mis rapidement sur le marché. Tous les genres sont représentés (abbé Prévost, Lesage, Fielding, Swift, contes de fées, récits, mythologies). » On voit donc que les traducteurs ont joué un grand rôle en Russie, puisqu’il y a là ce qu’on peut appeler une politique gouvernementale systématique de développement culturel par la traduction. Même si la richesse bibliographique citée est très …