Présentation[Record]

  • Sylvie Vandaele

Le grand nombre d’articles que Meta reçoit et publie a conduit à prendre plusieurs mesures : outre le fait que nous demandons maintenant aux auteurs de nous faire parvenir leur article formaté à l’aide des styles de la revue (et dont nous rappelons qu’ils peuvent être téléchargés sur Internet), nous avons entrepris d’accélérer la sortie des articles déjà acceptés. Le présent numéro ainsi que les trois prochains numéros réguliers accueilleront donc un certain nombre de pages supplémentaires. L’effort implique autant l’équipe de Meta que les Presses de l’Université de Montréal, et nous remercions chaleureusement tous ceux et celles qui contribuent à la sortie de chaque numéro. Le présent volume regroupe seize articles et quatre comptes rendus, pour un total de 259 pages. Il nous a paru intéressant de regrouper, dans la mesure du possible, des articles traitant de thématiques proches : trois articles traitent de publicité, quatre, de traduction audiovisuelle, deux, d’interprétation et un autre, d’une comparaison entre interprétation et traduction à vue. Deux articles se penchent sur la question des néologismes et de leur mode de composition, tandis que deux autres s’intéressent à certaines problématiques particulières aux langues africaines. Au-delà de ces regroupements évidents, quelles sont les autres voies par lesquelles il est possible d’appréhender le contenu du présent numéro ? Outre le fait qu’il a la particularité de mettre en perspective le texte, l’image et l’oralité sous différents angles, un mot est devenu évident au fil de sa préparation, celui de « contraintes » : tous les travaux font état, d’une façon ou d’une autre, de contraintes auxquelles sont soumis les différents acteurs de la communication multilingue : psychocognitives, culturelles, matérielles. Si elles se manifestent parfois de façon distincte, elles se chevauchent assez souvent. Il pourrait être intéressant de se demander si ces trois catégories de contraintes ne constituent pas, en fait, les « universaux » de tout transfert interlinguistique, quel qu’il soit. On pourrait ainsi imaginer l’ensemble des contraintes dans une situation donnée comme la résultante de trois vecteurs représentatifs de chacune de ces catégories. Parmi les contraintes psychocognitives, les capacités mémorielles des interprètes limitent tout naturellement leur pratique, mais elles semblent dépassées chez certains professionnels – ce dont doit rendre compte la théorisation (Wu et Wang). L’anxiété liée à l’usage d’une autre langue semble d’ailleurs être un facteur jouant sur les performances des étudiants en interprétation (Chiang). Faut-il classer la question des « alioculturèmes » (Prieto del Pozo) dans la catégorie des contraintes psychocognitives en raison des motivations (d’ordre pratiquement psychologique) sous-jacentes à la publicité multilingue, ou dans celle des contraintes culturelles ? Il semble bien qu’à un certain point il ne puisse y avoir de culturel sans cognition et inversement ! Assez proche de cette problématique se trouve la rencontre, dans certaines situations de traduction publicitaire, entre la rhétorique publicitaire, destinée à influencer le public cible, et le code linguistique (Ventura). Les contraintes culturelles pèsent lourd dans la réception des oeuvres traduites ou adaptées : la valeur accordée aux adaptations a des conséquences directes sur le rôle de ces dernières selon les cultures et les époques (Chan). Par ailleurs, la distance séparant différentes composantes endogènes et exogènes des sociétés africaines constitue une contrainte d’importance aux résonnances multiples : problématique de santé publique résultant de structures conceptuelles et terminologiques opposées (Antia, Mahamadou et Tamdjo), dénominations des langues elles-mêmes (Halaoui). Les néologismes, enfin, sont bien le reflet de différentes contraintes sur la langue, qu’il s’agisse de composition populaire (Estopà) ou de composition lexicale hybride, le plus souvent savante (Kortas). Glissons de la culture à la technique : la mondialisation et Internet influent sans conteste sur la traduction …