Présentation[Record]

  • Salah Mejri and
  • Gaston Gross

Toutes les contributions font écho au parcours très riche d’André Clas, qui a jeté des ponts entre différentes communautés scientifiques en créant des réseaux à travers le monde, en mettant en place des synergies et en faisant émerger des projets novateurs. Elles constituent un parcours du sens, d’une langue à l’autre, du terme au concept, d’un mot à un autre, du signifiant au signifié, etc. Elles renvoient d’une certaine façon aux pérégrinations d’André Clas par continents et par mots, et toujours avec une touche d’humour et de classe ! Il arrive que l’opération de traduction atteigne ses limites, notamment avec des objets particuliers dont le transfert d’une langue à une autre est difficile à assurer. Cela se vérifie notamment avec les objets intraduisibles comme le démontre Christine Durieux. Il s’agit de tout ce qui est bien ancré dans des cultures bien déterminées. Le traducteur n’a le plus souvent de choix que de négocier des compromis et de jouer le rôle d’intermédiateur. L’ancrage des textes peut se faire également dans la langue. C’est ce qui relève de la fixité linguistique que Salah Mejri définit comme étant une forme de la substance ou du contenu spécifique à un idiome. Une telle spécificité est tellement idiomatiquement prégnante qu’elle représente une source inépuisable d’emplois obliques de la langue, comme c’est le cas dans les textes poétiques et humoristiques. Plus les fixités sont stratifiées dans un discours, plus la négociation des traductions est complexe. La complexité de la traduction se fait ressentir davantage quand il s’agit de traduction automatique. Puisqu’il s’agit de la création de dictionnaires électroniques, c’est-à-dire de ressources linguistiques automatisables, on est censé fournir à la machine des descriptions détaillées de l’ensemble des transformations unaires nécessitées par la prédication élémentaire. En plus de l’alternance des traits syntactico-sémantiques pour une position argumentale, des prépositions et des diathèses, Xavier Blanco passe en revue un ensemble de transformations comme l’insertion de déterminants, la pronominalisation, l’effacement, la permutation, etc. La traduction français-espagnol lui sert d’illustration. Avec Pierre-André Buvet et Laurent Tromeur, c’est le dialogue homme-machine qui est privilégié. Il s’agit en réalité d’une problématique de traduction qui ne se fait pas d’une langue naturelle à une autre, mais d’une langue naturelle, celle des hommes, à une langue artificielle, celle des machines. Les auteurs exposent dans leur contribution un ensemble d’éléments qui explicitent les difficultés rencontrées dans ce domaine. Si la complexité de la traduction telle qu’elle est présentée dans les articles précédents relève des spécificités de nature linguistique, celle qui est retenue par Pedro Mogorrón Huerta concerne le croisement des spécificités linguistiques et sémiotiques dans le sous-titrage des films humoristiques. Les contraintes qui pèsent sur la traduction doivent tenir compte de plusieurs paramètres, notamment le mouvement des lèvres, les images de la scène concernée, etc. Cette partie réservée à la traduction est close par la contribution de Fernando Navarro Domínguez qui, à l’instar de Jean-René Ladmiral, fait le point sur la réflexion traductologique en Espagne en dressant un tableau assez complet des principaux courants et en les rattachant à la dynamique de la recherche internationale. La vision globale caractérise également les contributions qui portent sur la terminologie. En effet, Philippe Thoiron et Henri Béjoint privilégient les deux mouvements qui ont présidé à l’évolution des études terminologiques : à un premier mouvement où prédominait l’approche onomasiologique succède un second qui se veut sémasiologique et qui favorise l’observation de corpus. Loin de voir dans ces deux tendances une quelconque contradiction, les auteurs pensent qu’elles sont complémentaires, permettant ainsi à la terminologie d’embrasser son objet d’étude sous deux angles différents. Roger Goffin s’inscrit dans la même perspective évaluative. Il dresse …