DocumentationComptes rendus

Oakes, Michael P. et Ji, Meng (dir.) (2012) : Quantitative Methods in Corpus-Based Translation Studies. A Practical Guide to Descriptive Translation Research. Amsterdam/Philadelphia : John Benjamins, 361 p.[Record]

  • Geneviève Has

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  • Geneviève Has
    Université Laval, Québec, Canada

Ainsi, destiné aux étudiants et chercheurs, cet ouvrage se veut un guide détaillé, pour l’application en traductologie de méthodes quantitatives propres à la recherche à base de corpus. Il s’agit donc de rendre digestibles ces méthodes à un public curieux et non spécialiste. Le pari est ambitieux, mais réussi, croyons-nous. En effet, les directeurs de ce volume proposent à leurs lecteurs un ensemble bien dosé d’outils statistiques de base, de démonstrations avancées et d’études de cas éclairantes. Qui plus est, si le contenu peut paraître rébarbatif au premier regard, une lecture plus attentive corrige rapidement ce pronostic et chacun y trouve son compte. L’ouvrage est divisé en quatre parties : « Theoretical exploration », « Essential corpus statistics », « Quantitative exploration of literary translation » et « Quantitative exploration of translation lexis ». La première partie, comme son nom l’indique, s’emploie à tisser des liens entre les théories de la traduction et les méthodes qualitatives et quantitatives de la recherche à base de corpus. La deuxième partie présente des études de cas qui mettent en lumière les outils statistiques permettant de mesurer et de décrire les corpus de traduction. La troisième partie, quant à elle, traite de l’application de méthodes quantitatives à des corpus de traduction littéraire. Enfin, la quatrième partie s’aventure sur le terrain de la lexicométrie particulière aux textes traduits. Le coup d’envoi est donné par Barbara Lewandowska-Tomaszczyk, qui se propose d’observer les traces que laissent les différents cycles de « reconceptualisation » caractéristiques de la traduction à l’aide de méthodes quantitatives et qualitatives choisies. S’appuyant sur un corpus anglais et polonais (p. 5), l’auteure présente une analyse détaillée qui met en évidence une « translational asymmetry » (p. 29) engendrée par la tendance des concepts à changer de sens en fonction des domaines d’une langue donnée. En d’autres termes, Lewandowska-Tomaszczyk avance que l’équivalence gagnerait à être appliquée à des domaines conceptuels plus larges plutôt qu’à des unités linguistiques individuelles (p. 30). Le chapitre suivant présente un aperçu de l’utilisation de techniques de régression logistique et linéaire binomiales à l’aide du logiciel de programmation R. La démonstration s’appuie sur le corpus INTERSECT, qui regroupe des textes variés en anglais et leurs traductions en français et en allemand. Stefan Th. Gries et Stefanie Wulff offrent un excellent travail de vulgarisation et arrivent à piquer la curiosité du lecteur sans connaissances préalables en sciences statistiques. Les auteurs terminent leur présentation en remarquant avec justesse que ces techniques sont particulièrement fiables lorsqu’il s’agit de débusquer des motifs ou des récurrences autrement invisibles, même à l’oeil entraîné. Meng Ji clôt la première partie de l’ouvrage avec une étude stylistique comparée de Don Quijote de La Mancha et de deux traductions chinoises du xxe siècle. Ji cherche à montrer à la fois les possibilités et la richesse méthodologique d’une approche qui combine l’analyse qualitative et quantitative de traductions (p. 55). Tout en détaillant sa méthode, Ji souligne ainsi les relations de dépendance qu’entretiennent les deux traductions chinoises entre elles, mais aussi avec l’original, par delà « the huge linguistic and social and cultural differences » qui caractérisent ces textes (p. 70). L’étude suivante montre les défis que pose la création de corpus de traduction et propose des pistes techniques pour la conversion de textes (p. 76). Se basant sur leur expérience avec le Norwegian Spanish Parallel Corpus, Lidun Hareide et Knut Hofland offrent un survol concis, mais riche des particularités et difficultés de la conception de corpus pour les besoins de la traductologie, de la sélection des textes à l’alignement, et finissent avec quelques outils permettant de valider le potentiel descriptif …

Appendices