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Le présent volume reflète le contenu du Colloque international « Horizons de la traduction : retour vers le futur », organisé à l’occasion du 60e anniversaire de Meta du 19 au 21 août 2015 à l’Université de Montréal. Sa richesse est à la mesure de la revue et des participants.

En tant que directeur, je ressens toutefois un certain malaise à présider une telle célébration et un tel événement. En place depuis à peine une année, je suis redevable du travail colossal effectué par mes deux prédécesseurs : Sylvie Vandaele pendant six années et André Clas durant quarante ans. C’est en partie pour cette raison que tous deux occupent une place particulière dans ce numéro. La première avec un article qui reprend et complète sa conférence plénière, dans lequel elle s’oppose avec force à des préjugés à l’égard de la traduction pragmatique, particulièrement dans les domaines de spécialité. Elle retrace l’origine de ces préjugés dans les écrits de « pères fondateurs » de la traductologie, Schleiermacher notamment. Remettant en question la carte de Holmes, elle propose une ontologie intégrative et dynamique du domaine et propose des pistes de recherche pour la traductologie des domaines de spécialité. Le second avec un article qui, sans autre prétention que nous faire partager ce qu’il sait si bien, se veut une contribution de plus à l’oeuvre dictionnairique volumineuse entreprise par son auteur depuis plusieurs décennies. Personne ne pourra jamais empêcher André Clas de toujours nous en apprendre davantage !

À l’honneur également se trouvent les trois autres conférenciers invités au colloque. Rachel Lung dresse le portrait d’un interprète fonctionnaire, Yu Sinǒn, intermédiaire et messager japonais entre la Chine et le Japon. L’étude souligne la multiplicité de rôles qu’assumaient les interprètes et les frontières perméables entre interprètes officiels et civils, suscitant ainsi une réflexion éthique qui éclaire bien des situations de communication interlinguistiques d’aujourd’hui… Ensuite, dans un exposé éminemment pédagogique, Amparo Hurtado Albir aborde la question des compétences de traduction, de leur acquisition et leur évaluation, ainsi que l’approche par tâches et par projets et son utilité méthodologique. Elle démontre en fin de compte comment les recherches théoriques et expérimentales peuvent se traduire en des outils concrets d’enseignement. Enfin, Lieven D’hulst aborde les problèmes concrets qui se posent aujourd’hui à l’historien de la traduction et de la réflexion sur la traduction : l’extension des objets traductifs, les interactions entre la traductologie et d’autres disciplines, et la valorisation de la démarche historique.

Le reste du numéro offre le résumé des communications (par ordre alphabétique du premier auteur) ainsi qu’une brève biobibliographie des auteurs. Leur nombre est impressionnant (71) tout autant que la diversité de leur origine (25 pays). Certains sont d’anciens collaborateurs de la revue, d’autres en constituent la relève : on y remarquera en effet plus d’un doctorant. Voilà qui réconforte quant à l’avenir de la traductologie et de la terminologie, la relève est bien assurée.