In MemoriamGideon Toury (1942-2016)[Record]

  • José Lambert

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La traductologie vient de perdre un de ses géants. Gideon Toury n’a pu résister à la pénible maladie qui l’avait écarté de la recherche active depuis 2009, année de sa démission comme directeur de Target. Il y a un contraste frappant entre la discrétion du jeune Toury et sa carrière fulgurante, dès 1976. La thèse qu’il consacra à la traduction littéraire en Israël (Translational Norms and Literary Translation into Hebrew, 1930-1945) fut aussi l’origine d’un des articles-clefs d’une discipline académique nouvelle à laquelle il donna le nom de Translation Studies (TS), à la suite de Holmes 1972. Il est vrai que la traductologie avait ses antécédents dans plusieurs pays et disciplines, notamment au Canada, en Allemagne, en Tchécoslovaquie (de l’époque), en Turquie, aux Pays-Bas et ailleurs. La mise au point de concepts destinés à orienter les cursus universitaires sur cinq continents, notamment autour de l’idée sociologique des normes, allait mûrir durant une bonne décennie. In Search of A Theory of Translation (1980) annonçait déjà une ère nouvelle, en attendant « The Manipulation Group » (Hermans 1985) et, surtout, la revue Target (John Benjamins, 1989-) ainsi que Descriptive Translation Studies and Beyond (1995). L’institutionnalisation prit des formes spectaculaires dans de nouveaux réseaux internationaux de l’édition ainsi que dans plusieurs sociétés savantes. À la suite de Holmes et dans un esprit d’interdisciplinarité explicite, Toury, son « école » et sa génération eurent le mérite d’insérer la traduction dans le cadre de l’université comme objet de mémoires, de thèses et de grands projets de recherche collectifs.

Appendices