Éditorial[Record]

  • Georges L. Bastin

Deux années déjà ont passé depuis notre 60e anniversaire. La « machine » bien rodée continue de tourner, certains de nos objectifs se réalisent et nos efforts en sont récompensés. D’une part, l’espagnol est désormais devenu la troisième langue officielle de plein droit à Meta avec les résumés et les mots-clés dans cette langue. Les auteurs ont su s’adapter très rapidement et nous leur en sommes reconnaissants. De l’autre, le nombre de soumissions en français croît lentement mais sûrement. Le mot semble ainsi se donner dans la francophonie et nous en sommes très heureux, d’autant que nous réitérons notre engagement à atteindre un équilibre équitable des deux langues officielles du Canada. Nous prévoyons d’ailleurs pour 2018 la création d’une nouvelle rubrique dans laquelle la revue publierait des entrevues de traductologues et de langagiers très en vue. Celles-ci se dérouleraient en français quelle que soit la langue du ou de la collègue « mis sur la sellette »… et auraient la taille d’un article normal, soit de 7000 à 10 000 mots. Nous invitons nos auteurs et nos lecteurs à se joindre à cette initiative en nous proposant des entrevues. Ce numéro affiche à nouveau une grande diversité d’auteurs et de sujets. Les dix articles qui en constituent le coeur proviennent d’Allemagne, de Belgique, du Canada, de Chine, du Danemark, d’Espagne, des États-Unis, de France et du Royaume-Uni. Quant aux sujets, ils vont de la pédagogie, à la littérature classique, moderne et érotique, l’herméneutique, l’idéologie et l’interculturel. Une fois n’est pas coutume, les questions pédagogiques dominent ; cinq articles abordent en effet cette problématique : les modèles théoriques dans le discours universitaire, l’expérience de la post-édition, la compétence en langue médicale, une étude pilote sur la compétence culturelle dans la formation et l’herméneutique au service de la formation. Quatre autres articles abordent des questions littéraires assez diverses et le dernier, historique, traite d’idéologie en Chine. Tout d’abord, par ordre d’apparition, une équipe de chercheurs belges de l’Université de Gand présente une étude empirique qui cerne les différences entre la traduction humaine et la post-édition en vue d’adapter la formation des traducteurs. L’étude suivante d’Akiko Sakamoto porte sur les concepts dont se servent les traducteurs professionnels, donc leur « théorisation », et les compare au discours théorique en classe de traduction. Bernd Stefanink, auteur habitué des pages de Meta, revient à la charge avec sa défense de la démarche herméneutique pour former les traducteurs à la créativité. De l’Université de Guangzhou, Shunyi Chen nous parle du traducteur Lin Zexu qui a vainement tenté, par ses activités de traduction (1839-1841), de s’opposer à l’idéologie en place pendant les années de la guerre de l’opium. D’un tout autre ordre est l’article de Brian Mossop qui étudie les options stylistiques disponibles en traduction, en particulier l’absence du style neutre en anglais, pour le domaine des écrits érotiques. Ensuite, Tanya Fernández Escudero s’attache à analyser le système métrique, en particulier le traitement du rythme et de la rime dans onze traductions espagnoles des Sonnets de Shakespeare (1609). Toujours en littérature, Honghua Poizat-Xie et Yongzhao Zhang présentent une étude, pour le moins exhaustive, des stratégies de traduction des titres de pas moins de 237 ouvrages littéraires chinois en traduction française. Puis, Matilde Nisbeth Brøgger se penche sur les contraintes contextuelles du processus de traduction de textes médicaux, notamment les notices d’information destinées aux patients. En avant-dernier lieu, Bin Liu et Brian James Baer de l’Université de Kent (Ohio) font une analyse comparative de la version anglaise de Shanghai Baby (2001) pour déconstruire la réception d’oeuvres étrangères dans le monde occidental, en particulier les stéréotypes associés à …