In Memoriam – André Clas[Record]

  • Georges L. Bastin

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  • Georges L. Bastin
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Il est parti le 14 mai 2022, paisiblement, sans souffrances, ce collègue infatigable qui a marqué des générations de langagiers de par le monde. Plus de 60 années de bons et loyaux services à l’enseignement et au rayonnement de la traduction, de la terminologie, de la lexicologie et des questions langagières en général au Canada, en Europe, au Maghreb, en Afrique et en Amérique latine. André Clas était un visionnaire qui a très tôt compris la place de la traductologie dans les sciences humaines et le rôle de la terminologie dans l’enseignement et l’exercice de la traduction. Au sein du Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal, il a travaillé d’arrache-pied à de nombreux projets qui dépassaient largement les frontières du Québec. J’aimerais rappeler quelques-unes de ses initiatives langagières : créateur du mot « courriel », fondateur du réseau Lexicologie, Terminologie, Traduction (LTT), du GRESLET (Groupe de recherche en sémantique, lexicologie et terminologie), du Dictionnaire bilingue canadien, de la Banque du français québécois, créateur de l’Observatoire du français moderne et contemporain, membre correspondant du Trésor de la langue française, et j’en passe… André Clas a collectionné les titres : Professeur émérite de l’Université de Montréal, Chevalier des Palmes Académiques, membre de la Société royale du Canada, Professeur Honoris Causa de l’Université d’Alicante (Espagne), Membre de l’Ordre des traducteurs du Pérou, Médaille Joseph Zaarour de l’Institut de traduction et d’interprétation de Beyrouth (Université Saint-Joseph), membre d’honneur de la Société des traducteurs du Québec (SFT), Directeur du Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal, directeur de Meta, entre autres. André Clas était avant tout un travailleur. Il a publié sans relâche (voir son entrevue publiée dans Meta 65(2)). Sa vie durant, il s’est consacré corps et âme à ses étudiants, à son département et à ses projets. Pendant 40 ans, il a dirigé Meta pratiquement seul, accompagné seulement de sa dévouée Anaïs et Danielle avant elle, évaluant et révisant un nombre incalculable d’articles. Il contribuait lui-même à la revue par de nombreuses recensions. Et il honorait ses invitations avec générosité, passant du temps avec ses hôtes et conseillant les jeunes étudiants, admiratifs devant le personnage. Il n’y a pas si longtemps, c’est lui qui ouvrait le département. Parfois à 7 heures du matin ! Il venait se battre avec les fichiers du Dictionnaire bilingue canadien, révisant et reconstruisant entrée après entrée. En fin de matinée, il reprenait son sac à dos et passait voir les quelques collègues qui étaient là. Il aimait à dire : « Content de voir qu’il y en a qui travaillent ! » Et il rentrait chez lui à pied, qu’il pleuve ou qu’il vente, été comme hiver. Certains affirment qu’il était impitoyable avec ceux qui contrecarraient ses projets, surtout en début de carrière. C’est vrai qu’il n’était pas homme à se laisser faire. C’est vrai aussi qu’il pestait contre l’administration et contre les services informatiques. Il n’avait pas tort ! Ce sont son entregent, sa rigueur et sa disponibilité qui resteront gravés dans nos mémoires. Que le souvenir de son exemple nous inspire !

Appendices