DocumentationComptes rendus

Hartmann, Esa et Hersant, Patrick, dir. (2019) : Au miroir de la traduction. Avant-texte, intratexte, paratexte. Multilinguisme. Paris : Éditions des archives contemporaines, 228 p.[Record]

  • Milouda Medjahed

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  • Milouda Medjahed
    Université de Montréal, Montréal, Canada

D’entrée de jeu, l’ouvrage collectif Au miroir de la traduction. Avant-texte, intratexte, paratexte comporte un ensemble d’études portant sur les pourtours d’un acte traductif, à savoir l’avant-texte, l’intratexte et le paratexte, qui composent les trois parties de l’ouvrage. Celui-ci est composé de seize chapitres et d’une introduction dédiée à chacun des trois thèmes abordés. L’introduction, rédigée conjointement par Esa Hartmann et Patrick Hersant et intitulée « Au miroir des langues : la traduction réflexive », met en relief la traduction littéraire et particulièrement celle de la poésie. Les auteurs reprennent la notion de la poétique de la traduction de Barbara Folkhart (2007) et considèrent la traduction littéraire comme une forme de création qui est « au miroir d’une poétique en acte » (p. 2). L’acte de traduire permet donc de prolonger la durée de vie de la genèse du texte original, bref, d’éterniser son existence. Nous remarquons dans cette introduction beaucoup de notes infrapaginales, d’innombrables références citées et beaucoup de renvois qui occultent la lecture et brisent souvent le fil conducteur du raisonnement du texte. Le premier chapitre de la première partie, intitulé « Critique génétique et doute herméneutique. Réflexions de Pézard, traducteur de Dante » de Viviana Agostini-Ouafi, étudie l’exemple de la traduction française des Oeuvres complètes de Dante, réalisée par le traducteur et philologue italien André Pézard et publiée dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade. Agostini-Ouafi prend appui dans son analyse sur les avant-textes de cette traduction (les brouillons, les mises au net, les épreuves et les imprimés) ; la conférence de Pézard expliquant le processus de traduction dans un discours non transcrit, de même que la traduction et son original. Dans le deuxième chapitre, intitulé « Genèse d’une traduction collaborative : Winds de Hugh Chisholm et Saint-John Perse », Esa Christine Hartmann explore le champ de la génétique de traduction et plus précisément le cas de la collaboration traductive tenue longtemps secrète entre Saint-John Perse, poète de « Vents », et Hugh Chisholm, son traducteur américain dans « Winds ». Sous l’exigence de Perse, cette intervention n’est pas simplement une collaboration, mais plutôt une importante implication de l’auteur bilingue dans les choix traductifs du traducteur au point que la réalisation est proche d’une autotraduction jugée éloignée du sens original. Le troisième article s’intéresse à l’étape souvent invisible, mais toujours indispensable à une traduction, à savoir la révision. Patrick Hersant, dans « La troisième main : réviser la traduction littéraire », fait une distinction entre la révision heureuse, qui améliore la traduction avec le consentement de l’auteur, du traducteur et du réviseur, et la révision conflictuelle, qui se manifeste dans une lutte entre ces trois acteurs pour imposer leur autorité. Pour illustrer ses propos, Hersant présente cinq exemples analysant la relation de confiance ou d’autorité entre le trinôme auteur-traducteur-réviseur : Saint-John Perse/Eliot-Larbaud, de Montale-Reed-Shankland, D’Annunzio – Hérelle-Ganderax, de Kaplan-Bardos-Cazade et de Joyce-Morel-Larbaud. Les profils des réviseurs sont très variables ; toutefois, l’auteur parvient à relever certaines constantes dans l’activité de révision, que ce soit sur le plan de la forme ou du fond des traductions. Dans « Résonance “traductrice”, ou traduire Anna Glazova à quatre mains », Julia Holter explore son expérience de traductrice russophone des poèmes russes d’Anna Glazova, et ce, en collaboration avec Jean-Claude Pinson, philosophe et poète français spécialiste de l’allemand, qui, paradoxalement, ne maîtrise pas la langue russe. Holter découvre que pour Glazova, « la poésie est d’abord “Gegenwort”, “contre-parole” » (p. 71) ; raison pour laquelle son poème est « une sorte de langue étrangère, de “contre-langue” » (p. 71) russe influencée par les poèmes allemands de Kafka, de Friederike Mayröcker, de …

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