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Jay-Rayon Ibrahim Aibo, Laurence (2020) : The Politics of Translating Sound Motifs in African Fiction. Amsterdam/Philadelphie : John Benjamins, 170 p.[Record]

  • Segun Afolabi

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  • Segun Afolabi
    Université de Moncton, campus d’Edmundston, Canada

Quelle bonne nouvelle de découvrir que la traduction en Afrique attire de plus en plus l’attention des chercheurs, notamment des traductologues qui ne sont pas forcément d’origine africaine, qui ne résident ni n’exercent nécessairement sur le continent africain, mais qui consacrent tout de même leurs travaux de recherche au contexte africain ! La traductologue d’origine française, mais basée aux États-Unis, qui est en même temps traductrice agréée, formatrice et interprète chevronnée – Laurence Jay-Rayon Ibrahim Aibo – se trouve bel et bien dans cette catégorie de chercheurs. Donc, c’est avec grand plaisir que nous avons découvert son récent ouvrage intitulé The Politics of Translating Sound Motifs in African Fiction, qui fait l’objet de la présente recension. D’entrée de jeu, il convient de souligner que l’histoire de la traduction (et de l’interprétation) en Afrique a débuté dans le contexte de la littérature orale, notamment avec les personnes que Bandia décrit comme des « linguistes professionnels appartenant à une lignée d’orateurs doués » (2005 : 959). Avec ce départ remarquable, il devient alors beaucoup plus important de s’intéresser aux enjeux de la traduction des motifs sonores telle que l’auteure de l’ouvrage en revue la considère et nous la fait comprendre. Cet ouvrage est ancré dans la théorie postcoloniale et son titre rend hommage au travail précurseur de Gayatri Spivak, à savoir le chapitre intitulé « The Politics of Translation », publié dans le livre Outside in the Teaching Machine (1993 : 179-200). Scindé en cinq chapitres, l’ouvrage incite le lectorat à apprécier les choix esthétiques faits par les traducteurs des six textes analysés. De plus, l’auteure vise à mettre en évidence la manière dont l’expression poétique de ces écrivains africains originaires de différentes cultures littéraires a été interprétée et représentée (p. 1). Elle cherche également à nous faire voir comment les décisions traductionnelles et les choix esthétiques des traducteurs de ces textes révèlent leurs politiques de traduction ainsi que leurs positions idéologiques. Il s’agit des oeuvres suivantes : En général, l’ouvrage en revue fait état des stratégies traductives appliquées au traitement des motifs sonores, stratégies qui sont contextualisées dans le cadre plus large des littératures postcoloniales et de l’évolution des matérialités de lecture. Après le premier chapitre, les trois chapitres suivants traitent chacun un couple de ces textes, tandis que le cinquième chapitre est consacré à la synthèse des six projets de traduction et à la méthodologie employée pour les analyser, tel que nous allons le voir dans les lignes qui suivent. Dans le premier chapitre intitulé « Premise and contexts », l’auteure met la table sous forme d’une revue de la littérature approfondie, notamment en effectuant un survol des travaux antérieurs qui se focalisent sur la traduction des littératures europhones africaines. Elle poursuit avec la présentation des cadres théorique et conceptuel sur lesquels se fonde son ouvrage, tout en définissant le concept de motif sonore comme « patterns that participate in a motif that characterizes a specific text and relates to an oral literary matrix » (p. 20). Le vif débat sur la pertinence et les limites de la théorie postcoloniale avec ses impacts sur les oeuvres de cette époque revient encore ici, et l’auteure ne ménage aucun effort pour le décortiquer et le situer, notamment dans le contexte de la traduction. La notion des littératures africaines « comme traduction » et « en traduction » y est également abordée avec l’exploration des travaux existants sur le sujet, exploration qui amène l’auteure à conclure que la traduction des littératures africaines constitue un champ d’études qui est loin d’être saturé et auquel doivent s’intéresser de plus en plus les traductologues. Plus …

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