Mot de la rédactionWord from the EditorPalabras de la redacción

Le management stratégique de la propriété intellectuelle : nouvelles perspectives et nouveaux enjeuxStrategic Management of Intellectual Property: New Stakes and New PerspectivesLa gestión estratégica de la propiedad intelectual: nuevas problemáticas y nuevas perspectivas[Record]

  • Cécile Ayerbe,
  • David Castle,
  • Pascal Corbel,
  • Liliana Mitkova and
  • Milé Terziovski

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  • Cécile Ayerbe
    Université de Nice, Sophia-Antipolis, France

  • David Castle
    Université d’Ottawa, Canada

  • Pascal Corbel
    Université de Versailles, Saint-Quentin-en-Yvelines, France

  • Liliana Mitkova
    Université de Paris-Est, Marne-la-Vallée, France

  • Milé Terziovski
    Université de Melbourne, Australie

Depuis quelques années, les appels en faveur d’un véritable management stratégique de la propriété intellectuelle se sont multipliés (Hufker et Alpert, 1994; Nickerson et Silverman, 1998; Reitzig, 2004; Tao et al., 2005, Corbel, 2007). Il est vrai que dans un contexte de « capitalisme intellectuel » (Granstrand, 2000), il est difficile d’imaginer que les droits qui ont été conçus justement pour accélérer la diffusion de la connaissance et protéger les innovateurs contre l’imitation servile ne jouent pas un rôle important. Peut-on dire pour autant que la recherche sur les droits de la propriété intellectuelle propose des modèles permettant de comprendre et d’aider à la décision de façon satisfaisante dans ce domaine ? Il nous semble qu’en dépit de progrès importants au cours de ces dernières années, il y a encore un vrai travail à réaliser dans ce sens. Si elle est très abondante, la littérature sur les droits de la propriété intellectuelle est en effet à dominante juridique et économique. Si elle fournit des bases de réflexion intéressantes, elle ne prend encore en compte que de manière embryonnaire certains phénomènes, pourtant centraux dès lors que l’on adopte une posture managériale. Le but de ce numéro thématique est de faire un pas supplémentaire vers une véritable approche stratégique de la propriété intellectuelle (désormais PI). Les contributions à ce numéro approfondissent notre connaissance sur des questions fondamentales et en abordent de nouvelles. Elles ouvrent aussi des perspectives intéressantes pour de futurs travaux de recherche. Mais qu’entend-on par management stratégique de la PI ? La première partie de cette introduction tente de répondre à cette question. La deuxième présente les apports essentiels des articles sélectionnés pour ce numéro. La troisième met en perspective ces derniers par rapport aux éléments que nous considérons comme constitutifs d’une telle approche stratégique afin de donner quelques pistes pour la recherche future. Pendant longtemps, les seuls chercheurs s’intéressant aux stratégies de PI étaient économistes. L’intérêt des chercheurs en management pour ce thème est beaucoup plus récent et a été fortement influencé par ces approches économiques. Les études et modèles de ces derniers étaient principalement concentrés sur la question de l’efficacité du système. Le brevet (droit qui concentre la plupart des travaux académiques sur ce thème) est considéré comme un mal nécessaire (voir l’article de Dominique Foray dans ce numéro). Sans protection, les entreprises ne seraient pas encouragées à innover dans la mesure où les imitateurs pourraient capter l’essentiel des profits sans subir les coûts et les risques associés. Mais ce type de protection génère des situations de monopole et donc des coûts sociaux. La question centrale est alors de savoir comment optimiser le système de manière à maximiser les bénéfices sociaux de l’innovation déduction faite des coûts sociaux liés à la réduction de la concurrence. Dès lors, il n’est pas surprenant que, lorsqu’ils étudiaient l’utilisation des brevets par les entreprises, leur principale préoccupation était son efficacité pour éviter l’imitation, avec d’ailleurs des résultats plutôt pessimistes (voir par exemple Mansfield et al., 1981 ou Arundel, 2001). Bien évidemment, comme elles permettent de maintenir l’incitation à innover tout en réintroduisant une certaine dose de concurrence, ils intégraient également à leurs modèles la possibilité d’accorder des licences. Le système de brevets n’a pas seulement été conçu comme un moyen d’inciter à l’innovation mais aussi comme un encouragement à divulguer des informations techniques (Granstrand, 1999). Certains chercheurs ont donc aussi étudié également la manière dont les entreprises utilisaient les brevets à des fins de veille technologique (Granstrand, 1999, Pitkethly, 2001). Toutefois, ces études et modèles ne permettaient pas d’expliquer des situations paradoxales comme l’augmentation du nombre de dépôts dans des …

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