À la découverte du lien organisationnel : avez-vous lu A. O. Hirschman ?Exploring the Organizational Link: Have You Read A. O. Hirschman?Descubriendo las relaciones organizativas: ¿leyó a A.O. Hirschman?

Introduction au dossier spécialÀ la découverte du lien organisationnel : avez-vous lu A. O. Hirschman ?Introduction to the special sectionExploring the Organizational Link: Have You Read A. O. Hirschman?Introducción Dossier EspecialDescubriendo las relaciones organizativas: ¿leyó a A.O. Hirschman?[Record]

  • Alain Bloch,
  • Hervé Dumez,
  • Rodolphe Durand and
  • Alain Charles Martinet

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  • Alain Bloch
    CNAM, HEC Paris

  • Hervé Dumez
    CNRS, i3-CRG-Ecole Polytechnique

  • Rodolphe Durand
    HEC Paris

  • Alain Charles Martinet
    IAE Université de Lyon

Sciences de gestion, sciences de l’action, sciences des organisations : trois dénominations pour un objet de recherche empirique qui semble hypnotiser les chercheurs, l’entreprise. Pourtant, notre société est une société d’organisations qui ne sont pas seulement marchandes et l’action collective se déploie très largement hors du monde des affaires. Si le monde moderne semble plus que jamais « encastré » dans les organisations, pour certains la théorie des organisations, elle, semble avoir disparu (Brunsson, 2012), même si d’autres persistent dans son intention originelle (Robichaud & Cooren, 2013) en cherchant par exemple à dépasser le seul cadre économique sur des concepts aussi fondamentaux que la gouvernance (Dumez, 2004). Au-delà, quelques-uns (Durand, 2011) plaident même pour une véritable refondation de la discipline. Il n’est pas dans le propos de ces quelques lignes de revenir sur le panorama des théories des organisations (Saussois, 2007, 2016). Constatons simplement d’emblée que le travail d’A.O. Hirschman y est souvent curieusement négligé : le triptyque défection, prise de parole et loyauté qui traverse l’oeuvre de cet auteur est pourtant un paradigme purement organisationnel. S’il part d’une analyse à la croisée des sciences économiques et politiques, il fait peu de doute qu’il est particulièrement fécond pour comprendre les organisations et les problématiques qu’elles génèrent ainsi que les tensions entre l’intérêt privé et l’action publique (Ferraton & Frobert, 2003 et 2017; Martinet, 2012). Au-delà, si l’on retient avec Strum et Latour (2006) que « dans les différentes langues la généalogie du mot social emprunte le chemin suivant, d’abord suivre quelqu’un, ensuite enrôler et s’allier avec et enfin avoir quelque chose en commun », on comprend que le concept de défection est potentiellement au coeur de la compréhension d’un lien organisationnel autant que social. Au-delà de l’intérêt des concepts mis en avant, c’est toute une remise en question implicite d’un certain prêt à penser que véhicule l’oeuvre d’Hirschman, immense puisqu’allant de l’économie du développement à l’histoire des sciences politiques et sociales en passant par la sociologie. Son approche peut être vue comme critique avant la lettre et s’accompagne d’une intention morale qui doit permettre à la science de participer à la construction de la société (Martinet, 2012). Au total, cette fécondité épistémologique peut être incontestablement une source d’inspiration pour les sciences de gestion et de l’organisation. C’est de ce constat qu’est née la journée de recherche, sous la direction scientifique d’Alain Charles Martinet, organisée à Paris autour de l’oeuvre d’Hirschman conjointement par le CNAM (LIRSA), l’École Polytechnique (i3-CRG) et HEC Paris (SnO), dont on trouvera ci-après quatre contributions qui y ont été présentées avant d’être retravaillées pour le présent cahier, et que nous introduisons dans la suite. Hirschman a eu tout au long de sa vie un maitre mot, « trespassing », le franchissement de frontières, notamment disciplinaires, qu’il a quasiment érigé dans son oeuvre en méthodologie : pour rester fidèle à la posture épistémologique de son inspirateur, cette journée de recherche a cherché à alterner des communications académiques avec des conférences ou tables rondes destinées à illustrer la fécondité de la pensée d’A.O. Hirschman dans des disciplines connexes aux sciences des organisations. Ainsi la participation du Général Benoit Durieux, à l’époque directeur du Centre des hautes études militaires, auteur de « Relire De la Guerre de Clausewitz », du Professeur Jacques de St-Victor, historien du droit et auteur de « Un pouvoir invisible. Les mafias et la société démocratique », et d’experts de la défaillance d’entreprises membres de l’Association pour le retournement des entreprises (ARE) ont-elles donné un caractère original et transdisciplinaire à cette manifestation. Rappelons brièvement que l’un des points centraux du programme de recherche d’Hirschman est …

Appendices