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En finir avec le New Public Management, Sous la direction de Nicolas Matyjasik et Marcel Guenoun Gestion publique, IGPDE, 2019 (236 pages)[Record]

  • Fabienne Pinos

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  • Fabienne Pinos
    Université de Pau et des Pays de l’Adour, E2S UPPA, CREG, EA4580, 64100, Bayonne, France

La question du renouvellement, comme celle de l’innovation, sont récurrentes au sein du secteur public; elles sont en conséquence un objet de recherche durable et vivant pour les universitaires qui observent et analysent les évolutions des pratiques publiques. Cet ouvrage se dit « consacré aux problèmes posés par le NPM », l’introduction invitant le lecteur à « voir cet ensemble de textes comme une tentative d’histoire des idées et débats managériaux dans le secteur public, notamment français ». En intitulant l’ouvrage « En finir avec le New Public Management », les auteurs questionnent aussi en filigrane ce qui, nouvelles théories ou pratiques innovantes, viendrait se substituer au NPM. Pour réaliser le compte-rendu de lecture de cet ouvrage, il convient, en premier lieu, de souligner la richesse des références académiques mobilisées par les contributeurs. Les travaux présentés se fondent en effet sur des textes essentiels à l’étude du management Public. Cette riche bibliographie, qui apparaît au fil des pages, constitue déjà un apport évident de l’ouvrage : rappeler et recenser des textes « clés » de la connaissance déjà produite dans le champ des réformes de l’action publique. Soulignons en second lieu, la pertinence de son découpage en trois sections qui permet de réfléchir successivement aux origines du NPM en tant qu’innovation, à ses effets au-delà de la dimension organisationnelle, et aux changements en cours ou à venir qui viendront poursuivre la marche de l’innovation publique. Dans une première partie intitulée « Néo-management et action publique », trois contributions expliquent les vecteurs et les modalités de la diffusion du NPM. Même si l’innovation n’est devenue le nouveau mot d’ordre des administrations publiques qu’à la fin des années 1990, le NPM a en effet incarné une volonté de renouveau, de changement et d’amélioration, notamment en brandissant l’étendard de l’efficacité, comparativement à la bureaucratisation qui caractérisait les structures publiques jusque-là. Les articles de Magdalena Hadjiiski et de Fabien Gélédan s’intéressent aux vecteurs du changement. Ils mettent respectivement en évidence le rôle des institutions internationales et celui des cabinets de consultants dans l’avènement du NPM. Il est ainsi expliqué comment un processus itératif s’est installé entre institutions internationales et États au bénéfice de la diffusion du NPM, en tant qu’idéologie antibureaucratique. Il est aussi établi que la tendance forte à l’adoption des outils de la gestion privée industrielle (lean, comptabilité analytique, budgétisation à la performance, etc.) persiste au fil du temps, à l’instar de « l’influence économiciste dans des domaines toujours plus variés de l’action sociale ». A cette nouvelle idéologie, qui a conduit à adopter les savoir-faire industriels pour lutter contre les insuffisances de la bureaucratie, s’est associée une pratique nouvelle : le recours aux cabinets de consultants. Il ne s’est pas simplement agi d’assimiler, puis d’adapter les méthodes du secteur privé. Il s’est aussi agi de transformer les processus organisationnels de l’intérieur, en intégrant des consultants privés au sein d’équipes de praticiens publics : l’innovation s’est ici manifestée tant dans les outils utilisés que dans la façon, plutôt prescriptive et standardisée, de les mettre en oeuvre. Enfin, effet collatéral de l’imprégnation des pratiques du consulting, une autre nouveauté est soulignée par l’auteur : l’émergence de la notion d’impact au sein de la sphère publique. Prenant exemple sur la capacité des consultants à matérialiser l’impact de leur travail, le secteur public a souhaité intégrer cette aptitude en généralisant les pratiques de reporting et de contrôle. La contribution de Philippe Bezès et Gilles Jeannot apporte, elle, un bémol intéressant à l’analyse de la diffusion du NPM en tant qu’innovation. En effet, elle montre qu’en dépit d’un fort …