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Ce nouveau numéro de Mi est composé d’articles issus de la procédure régulière d’évaluation des soumissions à la revue. À la suite de cette procédure d’évaluation, conduite comme toujours de manière la plus rigoureuse grâce à l’engagement et au professionnalisme de plus d’une trentaine d’évaluateurs que nous remercions chaleureusement, 11 articles ont finalement été sélectionnés. Ces articles reflètent la très grande diversité de thèmes explorés aujourd’hui par les travaux académiques portant sur le management international. À côté de thèmes plus classiques comme ceux de la finance internationale ou l’analyse des réseaux de coopérations, des champs plus nouveaux sont explorés comme ceux de l’entrepreneuriat territorial, des entreprises à internalisation rapide et précoce, de l’apport du design participatif pour améliorer la qualité des services publics, de l’organisation des coopératives multi-sociétaires, ou encore de l’impact de l’intelligence artificielle. En vous invitant à découvrir la richesse de toutes ces thématiques, nous vous souhaitons une excellente lecture !

Les différents articles de ce numéro sont les suivants :

Pascal Arnaud, dans l’article « Le design thinking participatif, fortement et durablement créateur de valeur publique ? Le cas de la médiathèque de Lezoux », souligne que la littérature concernant les effets des méthodes de conception des services publics « par le design » en matière de création de valeur publique demeure lacunaire. Dans sa contribution, l’auteur exploite, dans le cas des services culturels d’une communauté de communes rurales, le modèle SERVQUAL et les concepts du marketing public, pour faire apparaître les résultats obtenus par une méthode de design thinking participatif. Il montre dans ce cas que la serviabilité perçue, la cohésion sociale et l’aspect démocratique des services sont fortement et durablement accrus.

Dans l’article « Le rôle d’un méta-organisateur dans l’entrepreneuriat territorial », Camille Henrion part de la constatation selon laquelle de nombreuses initiatives basées sur des acteurs (public, privé et société civile) et ressources territoriales émergent sur les territoires pour assurer leur développement (création d’emplois, contribution à la transition et résilience), ce que la Banque des Territoires (2017) identifie comme « entrepreneuriat de territoire ». L’article propose une analyse de l’organisation d’un méta-organisateur visant à créer un contexte favorable pour cela. Si une telle fonction est théoriquement très pertinente, l’analyse en montre les limites pratiques. L’inadéquation entre les cadres de financements et managériaux et le déploiement de cette fonction par une SCIC conduit à la reproduction des difficultés liées à la coopération d’organisations multiples indépendantes et à des risques psychosociaux importants. L’article montre l’enjeu d’étudier la professionnalisation d’une telle fonction.

La contribution de Roula Masou et Sandrine Fournier, « Les enseignants non permanents : Les enjeux de l’intégration dans les universités françaises », explore les enjeux stratégiques de la précarité dans le contexte universitaire à travers une enquête sur l’intégration des enseignants non permanents (ENP) dans les universités françaises. S’appuyant sur une méthodologie qualitative, les données ont été collectées grâce à une observation participante, des entretiens semi-directifs et un questionnaire en ligne. Les résultats permettent de caractériser les enjeux de l’intégration des ENP à travers leur ressenti, leurs relations professionnelles et leur implication organisationnelle. La discussion recentre le débat sur les situations de fragilité, d’injustice personnelle et professionnelle des ENP qui nécessitent de faire évoluer les pratiques managériales au sein des universités.

Pierre-Louis Meuric et Véronique Favre-Bonté, dans l’article « Qu’est-ce qui favorise la forte croissance des entreprises à internationalisation rapide et précoce ? » s’intéressent aux entreprises à internationalisation rapide et précoce (EIRP) qui sont des organisations qui génèrent un taux de croissance important et s’étendent rapidement à l’international. Les auteurs soulignent que pour suivre cette trajectoire, ces entreprises font face à un nombre important de contraintes. La communauté scientifique encourage donc une meilleure compréhension de leur parcours à l’international grâce à l’approche des capacités dynamiques (CDs) qui peut aider à comprendre comment les entreprises se maintiennent sur des marchés incertains et dynamiques. Ainsi, en explorant huit cas d’EIRP, l’article propose une modélisation basée sur les micro-fondations pour comprendre la forte croissance internationale des EIRP.

Dans l’article « L’innovation organisationnelle et managériale dans les intercommunalités françaises : entre stratégie d’adaptation et stratégie d’anticipation ? », Jérôme Dupuis et Antoine Masingue soulignent que les collectivités locales et particulièrement les intercommunalités françaises sont soumises à de profondes mutations de leur cadre d’intervention. Les différentes réponses apportées sont diverses et certaines peuvent relever du champ des innovations organisationnelles et managériales. Encore faut-il les qualifier, les comprendre, et en mesurer la portée. L’objectif de cet article est d’apporter un premier éclairage sur ces dimensions, pour un panel d’EPCI dans une région, en nous adossant aux résultats d’une enquête quantitative et d’un travail d’investigation qualitatif. Cette contribution a pour objet de mieux préciser les définitions, contours et facteurs propres à de telles innovations dans ces établissements singuliers sur le plan institutionnel et territorial.

L’article « Internationalisation et financement bancaire des PME françaises » de Ghassen Bouslama et Hamadou Boubacar examine l’impact de l’internationalisation des PME françaises sur leur financement bancaire. Plus spécifiquement, les auteurs étudient empiriquement les conséquences de l’internationalisation par l’export et la filiale sur le ratio d’endettement bancaire. En s’appuyant sur un échantillon de PME, l’étude montre que les PME exportatrices ont plus de difficultés à obtenir des dettes bancaires contrairement à celles qui ont des filiales à l’étranger. Les auteurs constatent également que l’intensité d’exportation des PME est négativement associée à leurs ratios d’endettement bancaire. En outre, ils montrent aussi que la proximité géographique des filiales étrangères avec leurs maisons mères est positivement associée au ratio d’endettement bancaire. Enfin, la recherche suggère que chaque mode d’internationalisation conduit à des comportements de financement différents.

Karim Messeghem, Christina Theodoraki et Elias Carayannis dans leur contribution « Pour une modélisation de l’écosystème entrepreneurial sous forme de sous-écosystèmes : Apport de l’approche des systèmes complexes adaptatifs », notent que si la notion d’écosystème entrepreneurial (EE) est un concept en plein développement, il y a le manque de cadres théoriques et méthodologiques sur ce sujet dans la littérature. Leur article vise à répondre à ce problème en proposant une modélisation dynamique sous forme de sous-écosystèmes. Les auteurs enrichissent la littérature sur les systèmes complexes adaptatifs, en introduisant les notions de quasi-décomposabilité et de redondance chères à Simon. Ils revisitent ainsi l’EE à partir d’une grille conceptuelle combinant lecture structurelle et dynamique. L’étude empirique exploratoire et illustrative montre comment les sous-écosystèmes et leurs interactions ont contribué à la dynamique entrepreneuriale dans le territoire de Montpellier. Cet article permet de renforcer la théorisation de l’EE et de formuler des préconisations utiles pour les décideurs politiques dans la conception de leur politique d’entrepreneuriat.

Dans « Gouvernance dans les métropoles d’Afrique : étude de l’influence des parties prenantes », nassim guennaz expose une recherche qui porte sur la gouvernance en Afrique dans un contexte de réseau d’action publique locale. L’intérêt est donné à la prise de décision collective avec participation de multiples parties prenantes. L’auteur élabore un cadre théorique intégrateur permettant d’identifier les attributs des parties intéressées influençant la décision collective, et cela, à partir d’une revue de littérature. La partie empirique repose sur une étude de cas dans trois communes de la ville d’Alger. Les résultats permettent une redéfinition des attributs des parties intéressées expliquant leurs influences sur les délibérations.

La contribution d’Olivier Toutain, Rachid Jabbouri et Yann Truong, « L’intelligence artificielle et la transformation de l’enseignement du management » vise à développer un cadre conceptuel pour examiner l’impact potentiel de l’intelligence artificielle (IA) et de ses technologies associées sur cinq dimensions de l’enseignement du management. Grâce à l’analyse des déclarations de mission de 785 startups de technologie éducative, les auteurs identifient cinq mécanismes par lesquels l’IA peut bénéficier et transformer le domaine de l’enseignement de la gestion dans un monde post-COVID-19. Cette recherche est l’une des premières à proposer un cadre théorique global pour mieux comprendre l’impact d’une technologie disruptive dans un domaine traditionnel et immuable de l’enseignement supérieur, et plus particulièrement sur l’enseignement du management.

Benjamin Dubrion, Jean-Yves Juban et Francesca Petrella, dans « Faire vivre le common purpose organisationnel : application au cas des coopératives multisociétaires françaises » analysent dans quelle mesure les coopératives multisociétaires (CMS) parviennent à réguler autour d’un projet commun les comportements d’une pluralité de parties prenantes, en menant leur recherche dans la perspective du cadre théorique de Barnard (1938) centré sur le concept de common purpose. En s’appuyant sur l’étude de quatre CMS françaises, les auteurs montrent que faire vivre le common purpose ne se décrète pas, mais se construit au fil du temps. Les résultats questionnent la place des salariés dans les CMS et mettent en valeur l’apport de la grille d’analyse choisie relativement à la littérature existante sur la coopération dans les CMS.

Dans sa contribution, « L’intermédiation par les acteurs de l’écosystème d’accompagnement à l’internationalisation », Mireille Héral, partant de la constatation selon laquelle les PME souhaitant s’internationaliser ont besoin de développer et de maintenir leur réseau interorganisationnel à l’international, vise à comprendre comment les acteurs de l’Écosystème d’Accompagnement à l’Internationalisation (EAI) interviennent sur le réseau interorganisationnel des PME pour l’internationalisation. Ancrée dans la théorie des réseaux sociaux, cette étude est basée sur 30 entretiens auprès des acteurs de l’EAI et des PME. Cette étude contribue au champ de l’écosystème entrepreneurial en analysant en profondeur les actions de connexion et de médiation qui sont à la base de l’écosystème. Elle contribue aux travaux sur l’accompagnement à l’international en explicitant les processus, les instruments et les leviers utilisés pour aider les PME à développer et maintenir leur réseau interorganisationnel pour l’internationalisation.