Book ReviewRecension comparative

Benjamin Perrin, Invisible Chains: Canada’s Underground World of Human Trafficking, Toronto, Viking, 2010, pp 320[Record]

  • Louise Langevin

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  • Louise Langevin
    Professeure titulaire, Faculté de droit, Université Laval

Citation: (2011) 56:2 McGill LJ 471

Référence : (2011) 56 : 2 RD McGill 471

En 1999, Condition féminine Canada faisait preuve d’avant-garde en commandant trois études sur la traite des êtres humains au Canada. Le sujet était alors nouveau. Il faisait même sourire : il ne pouvait pas y avoir de traite d’être humain au Canada, entendre l’esclavage, parce que l’esclavage avait été éradiqué depuis longtemps. Pourtant la communauté internationale se mobilisait en réponse à la recrudescence de ce phénomène mondial. En 2002, le Canada signait le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des Personnes, en particulier des femmes et des enfants. Le législateur canadien a ensuite modifié la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés et le Code criminel pour y inclure une infraction sur la traite d’être humain. Les médias rapportent de temps à autre des cas de traite au Canada. Il est toutefois difficile de chiffrer cette réalité souterraine. Le Département d’État des États-Unis considère le Canada comme un pays de destination, de transit ou même comme un pays d’origine dans le domaine de traite d’être humain pour des fins de prostitution ou de travail forcé. Il juge aussi que le Canada ne fournit pas tous les efforts pour enrayer ce phénomène. Un ouvrage s’est penché sur le phénomène de la traite d’être humain au Canada. Benjamin Perrin, dans son livre Invisible Chains: Canada’s Underground World of Human Trafficking, dénonce l’inefficacité des mesures canadiennes, le peu de fonds investis par les autorités, le manque de coordination entre les paliers de gouvernement et les corps policiers, le peu de condamnation de criminels dans le domaine, les faibles sentences imposées par les tribunaux, le manque de formation des policiers et des magistrats ainsi que le peu d’aide accordée aux victimes de la traite. L’ouvrage prend le parti des victimes qui ne sont pas des criminelles et qui ne peuvent se sortir des pièges dans lesquels elles sont tombées. Son ouvrage lance un véritable cri d’alarme face à l’inaction du Canada qui ne respecte pas ses engagements internationaux en matière de protection des victimes, de prévention de la traite d’être humain et de punition des trafiquants. Soulignons que l’auteur est membre fondateur du Future Group, une ONG canadienne qui vise à combattre la traite d’être humain et l’exploitation sexuelle des enfants. Il a lui-même séjourné au Cambodge au début des années 2000 pour travailler sur le terrain avec des ONG qui venaient en aide aux victimes de traite pour des fins de prostitution. Sa croisade canadienne contre la traite a pris naissance lorsqu’il s’est aperçu que le Canada était aussi un lieu de traite. L’auteur donne de nombreux exemples du Canada comme pays de destination, de transit, et pays source pour la traite d’être humain, surtout à des fins de prostitution. Un chapitre est réservé aux jeunes filles amérindiennes, qui sont des proies faciles pour les réseaux de prostitution canadiens. Sans les demandes grandissantes des clients, il serait plus facile d’enrayer le phénomène. Il aborde aussi le tourisme sexuel des Canadiens vers l’Asie et le laxisme du Canada dans ce domaine. Seuls quatre Canadiens ont été condamnés entre 1997 et 2010 pour tourisme sexuel avec des mineurs à l’étranger. Il décrit les méthodes toujours renouvelées employées par les proxénètes pour piéger les jeunes filles. Internet a grandement facilité leur travail : à titre d’exemple, le site Craigslist propose, parmi d’autres services et biens offerts, les services sexuels de femmes. L’auteur se penche sur le travail forcé, une autre forme de traite d’être humain pour laquelle il n’y a pas encore eu de condamnation pénale au Canada. …

Appendices