Histoire et sciences socialesHistory and Social Sciences

La Faculté de médecine de l’Université Laval et la médecine à Québec : quelques notes historiquesOne hundred and fifty years of medicine in Quebec city at the Université Laval[Record]

  • Marc Desmeules and
  • Louis Larochelle

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  • Marc Desmeules
    Département de médecine et pneumologie.

  • Louis Larochelle
    Département d’anatomie et de physiologie.
    Faculté de médecine,
    Pavillon F. Vandry,
    Cité universitaire, Sainte-Foy
    (Québec) G1K 7P4 Canada.

L’histoire de la médecine en Nouvelle-France a été fortement marquée par la fondation de l’Hôtel-Dieu de Québec en 1637, premier hôpital d’Amérique au nord du Mexique. Sa gestion fut confiée aux Augustines de I’Hôtel-Dieu de Dieppe dont les trois premières religieuses arrivèrent à Québec en 1639. Sa création s’inscrit dans le mouvement des oeuvres de bienfaisance destinées à secourir les pauvres et les malades en France au xviie siècle. La duchesse d’Aiguillon, nièce du Cardinal de Richelieu et membre des Dames de la Charité réunies par le futur saint Vincent-de-Paul, consacra une partie de sa fortune à la réalisation de ce projet. Au début de la colonie, les médecins et les chirurgiens recevaient leur formation médicale en France. La loi exigeait qu’un chirurgien-barbier fasse partie de tous les équipages à bord des navires français. Plusieurs de ces chirurgiens, souvent bien formés pour l’époque, soit au Collège Royal de Saint-Côme à Paris, soit à l’École de la marine de Metz, s’établirent en Nouvelle-France. Ainsi, en 1648, la Nouvelle-France comptait 241 habitants, dont 15 chirurgiens et apothicaires. L’administration royale du roi de France tint à centraliser l’éducation supérieure au sein de la métropole. C’est pourquoi pendant longtemps, pour devenir médecin au Québec, il fallut faire son apprentissage auprès d’un praticien reconnu. Les gouverneurs de la Nouvelle-France émirent plusieurs ordonnances destinées à réglementer l’exercice de la médecine et de la chirurgie; celles-ci furent reconduites sans modifications importantes par les autorités britanniques après la Conquête. L’efficacité de ces mesures étant limitée, on observa une dégradation progressive de la qualité de la pratique médicale. Des médecins, politiciens et personnalités en vue, inquiets des abus non réprimés, suscitèrent des initiatives pour redresser la situation. En 1819, le Dispensaire de Québec s’installe sur la rue de la Fabrique, à l’instigation du docteur Anthony von Iffland, assisté des docteurs Charles N. Perreault, Pierre de Salles Laterrière et Augustin Mercier. On y enseigne l’anatomie, la physiologie, la chirurgie, l’art de l’accouchement et la pratique médicale. Le Dispensaire constitue dans les faits la première école prodiguant un enseignement organisé de la médecine. À Montréal, grâce à la générosité de James McGill, la première faculté de médecine formellement constituée, avec Charte royale, voit le jour en 1822 au Montreal General Hospital. Le milieu médical de Québec est dynamique. En 1825, le docteur François-Xavier Tessier crée le Journal de médecine de Québec qui publie des articles en français et en anglais. La Société médicale de Québec est fondée en 1826, avant la Royal Medical and Chirurgical Society of London qui ne reçoit sa Charte royale qu’en 1834. Vers 1835, la médecine est enseignée par les médecins de l’Hôpital de la marine et des émigrés qui accueille les malades parmi les milliers d’étrangers qui affluent à Québec. L’École de médecine et de chirurgie de Montréal est fondée en 1842. L’École de médecine de Québec est intégrée en 1845, à l’initiative notamment des docteurs Joseph Morrin, Joseph Painchaud et James Douglas; elle reçoit ses premiers étudiants en 1848. Il faut attendre la loi du 28 juillet 1847 intitulée «Acte pour incorporer les membres de la profession médicale dans le Bas-Canada, et régler l’étude et la pratique de la médecine et de la chirurgie en icelui» pour que soit institué le Collège des médecins et des chirurgiens. Pendant plusieurs années, l’Université McGill détient, de facto, le monopole des études universitaires de médecine, tant pour les étudiants anglophones que francophones. Le recensement des médecins en 1847 montre que seulement 26 des 99 diplômés universitaires sont d’origine canadienne-française, bien que la population francophone soit la plus nombreuse au Bas-Canada. L’accès aux études médicales demeure …

Appendices