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À propos des neurodégénérescences associées à un déficit en pantothénate-kinase ou PKANAbout pantothenate kinase-associated degeneration or PKAN[Record]

  • Simone Gilgenkrantz

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Les troubles neurologiques extra-pyramidaux avec augmentation du fer sérique se rencontrent au cours de trois maladies dont le défaut moléculaire a été identifié: Comme nous le suggérions il y a quelques années ((→) m/s 1997, n°1, p. 133), le temps semble venu de supprimer ces éponymes de sinistre mémoire pour appeler ce dernier syndrome: neurodégénérescence associée à un déficit en pantothénate kinase ou PKAN ((→) m/s 2002, n° 3, p. 280). Avant la Deuxième Guerre mondiale, au sein de l’hôpital de Brandebourg existait un asile d’aliénés. Il fut choisi pour devenir un des six centres d’élimination dans le cadre du programme d’euthanasie intitulé Aktion T-4 du troisième Reich. Dès le début de la guerre, venant de toute l’Allemagne, de nombreux malades y furent transférés. Après une brève période d’observation, les « aliénés incurables », sous couvert d’être envoyés à la douche, étaient exterminés au monoxyde de carbone. En l’espace de deux ans (1939-1941), l’efficace programme Aktion T-4 fit périr ainsi 70273 personnes [1]. Une telle concentration de malades mentaux, avec « l’opportunité » de réaliser l’étude anatomo-pathologique des cerveaux dans d’excellentes conditions, n’a pas laissé Julius Hallervorden indifférent. Et - conscience professionnelle oblige - pour que le travail soit bien fait, il tint à examiner personnellement les malades et à prélever lui-même les cerveaux. C’est ainsi que furent publiés, pendant et après la guerre, des études concernant non seulement les dégénérescences cérébrales familiales, en particulier celle qui porte son nom, mais aussi concernant l’effet du monoxyde de carbone sur les cerveaux foetaux. Ces publications accrurent la renommée du Kaiser Wilhem Institut où Julius Hallervorden conserva, jusqu’à sa retraite, un poste à responsabilité. La mise en cause du gène PANK2 put être faite grâce à l’étude d’une grande famille amish, qui permit de trouver un locus en 20p13 [2] et d’isoler un gène homologue du gène murin Pank1. Appelé PANK2, ce gène, qui appartient à une famille de 4 gènes PANK chez l’homme, code pour une pantothénate kinase, enzyme de régulation de la biosynthèse du Coenzyme A (CoA). Celui-ci catalyse la phosphorylation cytosolique du pantothénate (vitamine B5) et intervient aussi dans le métabolisme des acides gras. Chez la mouche et chez la levure, où il existe un seul gène Pank, les mutations entraînant l’absence de pantothénate kinase sont létales. Une étude récente, faite par l’équipe ayant isolé le gène PANK2, a rassemblé 123 malades provenant de 98 familles. Elle a permis de mieux définir la maladie et les relations génotype-phénotype [3]. Les premiers signes apparaissent généralement dans la première décennie de la vie. Ils se caractérisent par une dystonie atteignant d’abord les membres, puis apparaissent des troubles de la marche avec spasticité et déformation des pieds (varus équin). La rigidité s’accompagne de mouvements involontaires, de type choréo-atéthosique. La survenue d’une rétinite pigmentaire n’est pas rare. Les nerfs crâniens sont touchés, ce qui entraîne une dysarthrie avec troubles de la déglutition. L’examen neurologique montre une hyperréflexie et un signe de Babinski. L’IRM cérébrale révèle des images caractéristiques: le globus pallidus présente une hypodensité avec, dans la région médiane, une zone effilée d’hyperdensité donnant une image en « oeil de tigre » spécifique de la maladie et permettant le diagnostic (Figure 1). Une détérioration mentale s’installe progressivement et la mort survient en général avant 30 ans. À côté de ce tableau classique, il existe des formes à début plus tardif (2e ou 3e décennie) où la dysarthrie est souvent la première manifestation clinique. Il existe aussi des troubles psychiatriques (palilalie, dépression, psychose). Comme dans la maladie de Parkinson, on peut observer des blocages …

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