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Une haplo-insuffisance de Fli1 à l’origine de la thrombopénie Paris-TrousseauFli1 haploinsufficiency underlies Paris-Trousseau thrombopenia[Record]

  • Hana Raslova,
  • Rémi Favier,
  • Olivier Albagli and
  • William Vainchenker

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  • Hana Raslova
    Inserm U.362,
    Institut Gustave Roussy,
    39, rue Camille Desmoulins,
    94805 Villejuif, France.
    hraslova@igr.fr

  • Rémi Favier
    Service d’Hématologie biologique,
    Hôpital Armand Trousseau,
    26, avenue du Docteur Arnold Netter,
    75571 Paris Cedex 12, France.

  • Olivier Albagli
    Inserm U.362,
    Institut Gustave Roussy,
    39, rue Camille Desmoulins,
    94805 Villejuif, France.

  • William Vainchenker
    Inserm U.362,
    Institut Gustave Roussy,
    39, rue Camille Desmoulins,
    94805 Villejuif, France.

Le syndrome Paris-Trousseau (PTS), également connu sous le nom de syndrome de Jacobsen, est un désordre congénital associant des anomalies telles qu’un retard mental modéré et un retard de croissance postnatale, une cardiopathie, une dysmorphie faciale avec hypertélorisme et trigonocéphalie [1]. Il est accompagné d’une dysmégacaryopoïèse et d’une thrombopénie avec un nombre élevé dans la moelle osseuse de mégacaryocytes (MK) de petite taille (microMK), fréquemment apoptotiques, et la présence dans le sang périphérique de plaquettes contenant des granules α géants incapables de libérer leur contenu lors de l’activation par la thrombine [2]. Une délétion de la partie terminale du bras long du chromosome 11 avec un point de cassure en 11q23.3-24 est toujours présente chez les malades. Deux facteurs de transcription apparentés, Ets1 et Fli1, capables de transactiver de nombreux gènes mégacaryocytaires (GPIIb, c-mpl, PF4, GPIX, GPIb-α), sont localisés dans la région délétée. Leur délétion pouvait donc être considérée comme potentiellement responsable de la thrombopénie [3, 4]. De ces deux facteurs de transcription, Fli1 présente un intérêt particulier : les souris homozygotes Fli1-/- présentent un nombre élevé de microMK immatures synthétisant des granules α anormaux. La désorganisation des membranes de démarcation des plaquettes est également un point commun entre les malades Paris-Trousseau et les souris Fli1-/- [3, 5]. En revanche, Ets1 ne semble pas essentiel pour la mégacaryopoïèse, puisque les souris Ets1-/- ont une différenciation mégacaryocytaire normale alors que d’autres défauts hématopoïétiques, essentiellement sur les lignées lymphoïdes, sont présents [6]. Confirmant un rôle prédominant de Fli1 dans les MK, nous avons démontré que son expression y est environ 100 fois plus élevée que celle de Ets1 [7]. L’ensemble de ces données suggère que la délétion hémizygote de Fli1, et non celle de Ets1, est responsable de la thrombopénie chez les malades présentant un syndrome Paris-Trousseau. À l’appui de cette hypothèse, nous avons mis en évidence, in vitro, que le transfert d’ADNc de Fli1 dans les progéniteurs hématopoïétiques (CD34+) des malades restaure, au moins partiellement, la maturation des MK [7]. La présence de deux sous-populations distinctes de MK dans la moelle osseuse des malades, l’une composée de MK normaux et l’autre de microMK, nous a conduits à nous demander pourquoi une seule copie de Fli1 suffit pour permettre la maturation de la première sous-population, mais pas de la seconde ? Il apparaissait vraisemblable que ces deux sous-populations expriment différemment l’allèle restant de Fli, cette expression atteignant un niveau suffisant dans les MK normaux, mais demeurant trop faible, ou nulle, dans les microMK. Afin de vérifier cette hypothèse, nous avons cherché à examiner s’il existait deux sous-populations, du point de vue de l’expression de Fli1, parmi les MK des malades. La technique de RT-PCR à l’échelon unicellulaire a montré qu’il existe effectivement deux fractions distinctes de MK au sein de la population CD41+CD42- des malades, l’une exprimant l’ARNm Fli1, et l’autre non. En revanche, comme attendu, chez les sujets normaux, ayant les deux allèles de Fli1, tous les MK CD41+CD42- expriment l’ARNm Fli1. Il restait à expliquer cette hétérogénéité dans l’expression de Fli1 parmi les MK des malades. Pour y parvenir, nous avons suivi l’expression allélique de Fli1 par la méthode de FISH-ARN au cours de la mégacaryopoïèse normale et avons détecté, au sein des MK diploïdes, une phase pendant laquelle l’expression de Fli1 est monoallélique, correspondant au stade CD41+CD42-(Figure 1). On peut donc imaginer que l’expression mono-allélique de Fli1 pendant une courte période de la mégacaryopoïèse entraîne, chez les malades, la genèse …

Appendices