Faits et chiffresFeatures and Figures

La population des chercheurs dans les vingt prochaines annéesResearchers’ population in the next twenty years[Record]

  • Henri Leridon

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  • Henri Leridon
    Unité Inserm U.569-Ined-Paris XI,
    82, rue du Général Leclerc,
    94276 Le Kremlin-Bicêtre Cedex, France.
    leridon@ined.fr

Les états généraux de la recherche se sont tenus fin octobre à Grenoble ((→) m/s 2004, n° 12, p. 1158), et le Comité d’initiative et de proposition (CIP, co-présidé par Étienne-Émile Baulieu et Édouard Brézin) a remis son rapport début novembre 2004. Ainsi s’est achevée la phase de concertation initiée par les chercheurs : il reste au gouvernement à élaborer la Loi d’orientation de la recherche promise au printemps 2004. D’ores et déjà, le Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a annoncé que la loi devrait inclure un « plan pluriannuel de l’emploi scientifique ». Sur quelles bases le construire ? La situation actuelle et les perspectives d’évolution des personnels de la recherche publique sont bien connues grâce aux travaux de l’Observatoire des sciences et des techniques (OST) et du Dispositif de production coopérative d’indicateurs inter-institutionnels (DPCI) [1, 2]. Nous nous appuierons ici sur leurs travaux et sur d’autres projections que nous avons réalisées sur des bases semblables [3]. La population des chercheurs est assez hétérogène. On en recensait environ 260 000 en 2002, dont 88 000 dans le secteur privé et 12 000 dans les établissements publics à caractère industriel et commercial, tels que le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), le Centre national d’études spatiales (CNES) ou le Centre de coopération internationale en recherche agronomique (CIRAD). Les autres appartiennent à l’Enseignement supérieur et aux Établissements publics à caractère scientifique ou technologique (EPST), et se répartissent ainsi : La contribution des ces différentes catégories aux activités de recherche est variable. Les chercheurs des EPST (statutaires ou non) consacrent l’essentiel de leur temps à la recherche, même si la plupart d’entre eux enseignent en troisième cycle universitaire. Les enseignants-chercheurs sont supposés consacrer la moitié de leur temps à la recherche : avec 192 heures d’enseignement à assurer, et des tâches administratives importantes, on s’accorde à penser que leur contribution réelle est nettement inférieure à 50 %. Les ATER ont une charge de cours réduite pour dégager du temps pour la recherche, généralement dans le cadre de la préparation d’une thèse. Enfin les doctorants, qui représentent 40 % de l’effectif total (!), sont naturellement supposés consacrer tout leur temps à la préparation de leur thèse, mais cette activité comporte une part de formation qu’il est difficile de séparer. Par ailleurs, certains d’entre eux doivent aussi exercer une activité professionnelle pour s’assurer des ressources financières (les allocataires de recherche représentent moins d’un tiers du total). Les seules populations stables sont donc celles des chercheurs et des enseignants-chercheurs. Tous relèvent de statuts de fonctionnaires, les grilles indiciaires et les modalités de fonctionnement étant très proches, voire identiques. Cette proximité, qui faciliterait une éventuelle fusion des deux corps (hypothèse non retenue par le Comité d’initiative et de propositions, CIP), reste un atout majeur pour faciliter la mobilité entre les deux catégories. Toute pyramide des âges est, à un moment donné, le reflet de plusieurs dizaines d’années d’histoire : évolution du nombre des recrutements annuels, âge des nouveaux entrants, rythme des sorties vers un autre emploi, âge du départ en retraite… Le premier facteur est souvent le plus déterminant : c’est lui qui imprime à la pyramide ses déformations les plus fortes. C’est le cas ici (Figure 1) : la pointe à 55-56 ans chez les E-C résulte du grand nombre de recrutements au milieu des années 1970, quand on a voulu augmenter drastiquement le nombre des jeunes accédant à l’enseignement supérieur ; celle à 36-38 ans a une origine semblable : des recrutements en nombre supérieur à celui des départs tout au long des …

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