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Les chauves-souris, réservoirs du virus EbolaLe mystère se dissipeBats, reserves of the Ebola virusThe mystery is dissipated[Record]

  • Éric Leroy,
  • Xavier Pourrut and
  • Jean-Paul Gonzalez

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  • Éric Leroy
    Institut de Recherchepour le Développement (IRD),
    UR178, Centre Internationalde Recherches Médicales de Franceville,
    BP769, Franceville, Gabon.
    Eric.Leroy@ird.fr

  • Xavier Pourrut
    Institut de Recherchepour le Développement (IRD),
    UR178, Centre Internationalde Recherches Médicales de Franceville,
    BP769, Franceville, Gabon.

  • Jean-Paul Gonzalez
    Institut de Recherchepour le Développement (IRD),
    UR178, Centre Internationalde Recherches Médicales de Franceville,
    BP769, Franceville, Gabon.

Plusieurs pays des régions forestières équatoriales de l’Afrique sont touchés depuis près de trois décennies par des épidémies de fièvre hémorragique à virus Ebola. Ce virus, à la forme caractéristique de filament, possède pour matériel génétique un brin d’ARN de polarité négative, et est subdivisé en quatre sous-types dont trois sévissent en Afrique, Ebola Soudan, Ebola Zaïre, Ebola Côte d’Ivoire [1] (Figure 1). L’infection de l’homme par le virus Ebola s’exprime globalement par un syndrome fiévreux aigu accompagné de troubles digestifs et respiratoires graves et de signes hémorragiques multiples. La mort survient généralement chez 8 malades sur 10 pour Ebola Zaïre et 1 malade sur 2 pour Ebola Soudan. Cette maladie est une zoonose transmise à l’homme de manière accidentelle lors d’un contact direct avec un animal infecté, et se manifeste le plus souvent sous la forme de flambées épidémiques. Depuis la découverte du virus Ebola en 1976, 14 flambées épidémiques (10 dues à Ebola Zaïre et 4 à Ebola Soudan) ont affecté le continent africain, dont 8 la seule région frontalière du Gabon et de la République du Congo entre 1995 et 2005. Les épidémies survenues entre 2001 et 2005 dans cette région ont également touché certaines espèces animales dont les gorilles, les chimpanzés et les céphalophes (petites antilopes de forêt). Plusieurs centaines, voire des milliers d’animaux auraient péri pendant cette période du fait d’Ebola, à tel point que l’on assiste à un déclin dramatique des populations naturelles de grands singes peuplant cette région [2, 3]. Des travaux publiés dans Science en janvier 2004 ont montré que les nombreuses carcasses animales qui en ont résulté ont constitué les sources de contamination des épidémies humaines survenues entre 2001 et 2005 dans cette région [3]. Malgré les avancées déterminantes réalisées ces dernières années par notre équipe dans la compréhension du cycle du virus Ebola, la source initiale du virus, c’est-à-dire son réservoir, était resté jusqu’à ce jour inconnu bien que de nombreuses études aient été réalisées dans ce sens depuis 1976 [4]. Dans cette optique, notre équipe a effectué, au cours des années 2002 et 2003, trois missions de captures d’animaux dans deux zones forestières touchées par les différentes épidémies survenues entre 2001 et 2004. Les captures d’animaux se sont effectuées dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour d’une carcasse de gorille infectée par le virus Ebola, se sont étendues sur 3 semaines, et ont débuté quelques jours après la découverte de l’animal. Les conditions étaient donc réunies pour que les captures se déroulent au plus fort de la circulation du virus dans son milieu naturel. Au total, 1 030 animaux ont été capturés, autopsiés et analysés. Les captures et les analyses de laboratoire se sont échelonnées sur 4 années [5]. Ces analyses ont montré que trois espèces de chauves-souris frugivores sont asymptomatiquement infectées par le virus Ebola : Hypsignathus monstrosus, Epomops franqueti et Myonycteris torquata. Ainsi, des IgG anti-Ebola on été détectées dans le sérum de 16 chauves-souris dont 4 Hypsignathus, 8 Epomops et 4 Myonycteris, alors qu’elles n’ont été retrouvées dans aucune autre espèce de chauve-souris ni aucune autre espèce animale. De même, des séquences nucléotidiques virales ont été détectées dans les organes de 13 chauves-souris dont 3 Hypsignathus, 5 Epomops et 5 Myonycteris. Le séquençage des fragments amplifiés a confirmé la spécificité des séquences. L’analyse phylogénique de ces séquences par les méthodes bayésienne et maximum de parcimonie a montré leur appartenance au « sous-type Zaïre » du virus Ebola [5]. Même si ces travaux, publiés dans Nature en décembre 2005, n’ont pu aboutir à l’isolement du …

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