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Neuro-anatomie du traitement de l’espaceNeuro-anatomy of space processing[Record]

  • Michel Thiebaut de Schotten and
  • Paolo Bartolomeo

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  • Michel Thiebaut de Schotten
    Inserm U.610,
    Pavillon Claude Bernard,
    Hôpital Pitié-Salpêtrière,
    47, boulevard de l’Hôpital,
    75013Paris,
    France.

  • Paolo Bartolomeo
    Inserm U.610,
    Pavillon Claude Bernard,
    Hôpital Pitié-Salpêtrière,
    47, boulevard de l’Hôpital,
    75013Paris,
    France.
    paolo.bartolomeo@chups.jussieu.fr

Les lésions de l’hémisphère droit provoquent souvent une « négligence spatiale gauche », trouble qui gêne la rééducation et qui a pour conséquence une réduction de l’autonomie et une réhabilitation sociale compromise. L’étude de la négligence spatiale gauche est un élément important à la fois sur le plan clinique et aussi afin de mieux comprendre les mécanismes cérébraux du traitement de l’espace. La localisation anatomique de ce trouble est restée controversée, les uns impliquant le lobule pariétal inférieur droit, les autres la partie antérieure du gyrus temporal supérieur. La stimulation électrique peropératoire au cours d’intervention chirurgicale sur l’hémisphère droit a été utilisée pour explorer les fonctions visuo-spatiales. La stimulation du lobule pariétal inférieur et de la partie postérieure - et non pas la partie antérieure du gyrus temporal supérieur - provoque une déviation vers la droite de la section médiane d’une ligne, mais la réponse la plus nette se produit lors d’une stimulation sous-corticale. Grâce à une nouvelle technique d’IRM, le tracking de fibres, nous avons pu montrer que la région stimulée correspondait à une voie pariéto-frontale, appelée le fasciculus occipito-frontal supérieur. Ainsi, il apparaît que la communication pariéto-frontale est nécessaire à la perception symétrique de la scène visuelle. Il est important de signaler qu’aucun des patients examinés quelques jours après l’exérèse de leur tumeur cérébrale n’avait de négligence spatiale gauche parce que le chirurgien avait pris soin de respecter la région sous-corticale sensible. Il conviendrait à l’avenir de vérifier systématiquement les fonctions visuo-spatiales afin de pouvoir les préserver au cours des interventions touchant la région temporo-pariétale. Les capacités d’exploration de l’espace qui nous entoure et de sélection des informations reposent sur les mécanismes d’orientation de l’attention. Des lésions cérébrales peuvent endommager ces mécanismes et provoquer, par exemple, une négligence spatiale unilatérale. Ce syndrome concerne environ 36 % des patients porteurs d’une lésion hémisphérique droite [1], soit plusieurs milliers de cas par an en France. Les patients atteints de cette pathologie se comportent en ignorant la moitié gauche du monde [2]. Ils ne mangent pas ce qui se trouve dans la moitié gauche de l’assiette, ne se rasent pas la partie gauche du visage et ne répondent pas quand ils sont interrogés du côté gauche. En dessinant de mémoire ou en copie une fleur ou une maison ils omettent les détails de gauche. Si on leur demande de marquer le milieu d’une ligne horizontale, ils le déplacent vers la droite (Figure 1). Sur le plan clinique, la négligence aggrave les handicaps en gênant la rééducation motrice [3] et induit par conséquent une réduction de l’autonomie. La réhabilitation sociale de ces patients est donc également compromise. Cette pathologie rend en effet impossible toute activité qui demande de l’attention, comme la conduite automobile ou plus simplement faire ses courses au supermarché. C’est pourquoi la compréhension des mécanismes de la négligence est importante pour fournir aux cliniciens des outils adaptés au diagnostic et au traitement dans la perspective d’une rééducation. La recherche sur la négligence peut en outre contribuer à une meilleure compréhension des mécanismes cérébraux du traitement de l’espace. L’investigation des processus provoquant la négligence spatiale unilatérale est l’un des domaines les plus controversés en neurosciences cognitives, car il n’existe pas de consensus parmi les chercheurs sur les mécanismes de ce syndrome, ni même sur la localisation anatomique des lésions pouvant provoquer une négligence. S’il est généralement admis que ces lésions intéressent le plus souvent le lobule pariétal inférieur droit, et plus particulièrement sa portion à la jonction avec le lobe temporal [4], une étude récente a valorisé plutôt une portion plus rostrale du gyrus temporal supérieur [5], au moins chez …

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