
Volume 149, Number 1, Spring 2025 Colloque sur la connectivité écologique : « Ensemble pour un territoire connecté et résilient » Guest-edited by Kateri Monticone, Louis-Georges Esquilat, Angélique Dupuch, Caroline Daguet, Claude Samson and Martin Lavoie
Table of contents (11 articles)
Le mot de la rédaction
Message des organisateurs
Mobilisation et partenariats
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La gouvernance écosystémique comme moteur de succès dans les projets de réseaux écologiques : le cas de l’Initiative québécoise Corridors écologiques
Aurélie Sierra and Kateri Monticone
pp. 5–11
AbstractFR:
Les défis de mise en place de réseaux écologiques visant à faire face à la double crise du climat et de la biodiversité sont étroitement liés à la connectivité humaine. Cet article se penche sur la question de la gouvernance dans ces projets de connectivité écologique au Québec et propose une approche intégrée inspirée par des travaux scientifiques et une étude de cas : l’Initiative québécoise Corridors écologiques (IQCÉ). L’IQCÉ vise à accélérer la conservation de milieux naturels connectés par des corridors écologiques. Le modèle de gouvernance écosystémique développé dans le cadre de l’IQCÉ repose sur 2 piliers : le caractère multiniveau et la gouvernance adaptative. Ce modèle reconnaît la complexité des systèmes socioécologiques et cherche à l’intégrer dans la prise de décision. Il favorise la collaboration entre les acteurs locaux, provinciaux et nationaux, et encourage l’adaptabilité face à l’incertitude. À travers l’IQCÉ, ce modèle a permis de créer un mouvement collectif structuré au Québec, favorisant un sentiment d’appartenance et mobilisant de multiples acteurs de la société autour de la connectivité écologique.
EN:
The challenges of setting up ecological networks to tackle the dual crisis of climate change and biodiversity loss are closely interlinked with human connectivity. This article looks at the issue of governance in ecological connectivity projects in Québec. It proposes an integrated approach inspired by scientific research and uses the Quebec Ecological Corridors Initiative (QECI) as a case study. The latter aims to accelerate the conservation of natural areas connected by ecological corridors. The ecosystem governance model developed as part of QECI is founded on two pillars: multi-level and adaptive governance. This model recognizes the complexity of socio-ecological systems and seeks to integrate it into decision-making. It fosters collaboration between local, provincial and national players, and encourages adaptability in the face of uncertainty. In the case of the QECI, this model has helped create a structured collective movement in Québec, fostering a sense of belonging and mobilizing multiple stakeholders around the issue of ecological connectivity.
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Corridor nature de la rivière Noire : quand conservation et plein air jouent de concert
Michel Leboeuf, Yasmine Kessaci, Alexandre Fréchette, Marie-Pierre Thibeault and Marie-Pierre Beauvais
pp. 12–19
AbstractFR:
Dans Lanaudière, un partenariat inédit s’est formé entre un organisme de loisir et une fiducie de conservation. Leur objectif est de baliser et de mettre en place un corridor naturel de 21 000 ha sur le territoire de la MRC de Matawinie pour y permettre des activités de plein air à faible incidence et la protection concomitante de la faune et de la flore. Le tracé proposé pour le futur Corridor nature de la rivière Noire couvre l’essentiel du cours d’eau, tout en reliant 2 parcs régionaux, celui des Chutes-Monte-à-Peine-et-des-Dalles, au sud, et celui des Sept-Chutes, au nord. Avant l’amorce du projet, un peu plus de 4 500 ha y étaient déjà sous protection perpétuelle, un atout de taille pour consolider des superficies en conservation et maintenir la qualité des paysages. La tenure mixte des terres (publiques au nord ; privées au sud), de même qu’une forte adhésion des élites politiques locales étaient aussi des prémisses d’importance pour y réaliser un projet-pilote novateur. Depuis son lancement, 239 ha ont été ajoutés pour la conservation dans la portion privée du corridor. À terme, les 2 organismes impliqués visent à mettre en conservation 3 000 ha supplémentaires de manière à atteindre 37 % du territoire visé.
EN:
A recreational organization and a conservation trust have formed an unprecedented partnership to map out and help establish a 21,000 ha natural corridor in the regional county municipality of Matawinie in the Lanaudière region of Québec (Canada), where low-impact outdoor activities and the protection of local fauna and flora can co-occur. The proposed Corridor nature de la rivière Noire encompasses most of the course of the Noire River and connects 2 regional parks: the Parc régional des Sept-Chutes to the north, and the Parc Régional des Chutes-Monte-à-Peine-et-des-Dalles to the south. Before the start of the project, just over 4,500 ha were already under perpetual protection, which is a valuable tool for consolidating conservation areas and maintaining the quality of the landscape. Mixed land tenure (public in the north and private in the south) and strong support from local political leaders have been intrinsic elements of this innovative pilot project. Since its launch, a further 239 ha of land have been secured for conservation in the private portion of the corridor. Ultimately, the two organizations involved aim to conserve an additional 3,000 ha to reach 37% of the territory targeted.
Corridors et infrastructures
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Concilier sécurité routière et connectivité écologique : le cas de l’autoroute 85
Karine Dumas and Ariane Breault
pp. 20–27
AbstractFR:
Depuis sa construction, la route 185 reliant la ville de Rivière-du-Loup au Nouveau-Brunswick est connue pour ses enjeux de sécurité routière. Afin d’y remédier, le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) a entrepris, au début des années 2000, le réaménagement de la route 185 en autoroute 85. L’autoroute 85 est située dans le secteur des Trois-Frontières, territoire reconnu comme étant névralgique pour la connectivité écologique au nord-est des Appalaches et situé à la jonction du Québec, du Maine et du Nouveau-Brunswick. En vue de limiter le risque de collision avec la faune et d’atténuer les répercussions du projet sur la connectivité écologique, le MTMD a entrepris de collaborer avec divers acteurs du milieu pour la conception de la phase 3 du projet. La mise en place de clôtures d’exclusion pour la grande faune jumelée à l’instauration de passages fauniques a été identifiée comme principale mesure pour assurer à la fois la sécurité des usagers et le maintien de la connectivité. Une collaboration avec l’organisme Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent (HNBSL) a ensuite permis l’intégration de ces infrastructures et aménagements à un réseau de corridors écologiques afin de préserver la connectivité entre le ravage de cerfs de Virginie de Pohénégamook, le parc national du Lac-Témiscouata et la réserve faunique Duchénier. La concertation et les actions menées par HNBSL contribuent à préserver les milieux naturels de part et d’autre des passages fauniques. Enfin, ce texte expose l’importance des diverses collaborations au sein des différentes étapes de projet comme celui de l’autoroute 85.
EN:
Since its construction, Route 185—running between the municipality of Rivière-du-Loup (Québec, Canada) and the New Brunswick border—has been notorious for road safety issues. To address this, the ministère des Transports et de la Mobilité Durable (MTMD) undertook to convert it to a highway in the early 2000s. Highway 85 is located in the Three Borders Region at the junction between Québec, Maine and New Brunswick, an area recognized as being crucial for ecological connectivity in the northeast Appalachians. For the design of Phase 3 of the project, the MTMD collaborated with various stakeholders to reduce the risk of wildlife collisions and mitigate the impact of the project on ecological connectivity. The installation of exclusion fencing for large animals, coupled with the establishment of wildlife crossings, was identified as the primary means of ensuring the safety of motorists and maintaining connectivity. The collaboration with the organization Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent (HNBSL) has facilitated the integration of these infrastructures into the identified network of ecological corridors, which aim to preserve connectivity between the Pohénégamook wintering areas used by white-tailed deer, and the Témiscouata National Park and Duchénier Wildlife Reserve. The coordination and actions taken by HNBSL have contributed to the preservation of natural habitat on either side of the wildlife crossings. As a final point, this article highlights the importance of diverse collaborations throughout the different stages of a project like Highway 85.
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Efficacité limitée des ponts et ponceaux non aménagés pour la connectivité des mammifères dans les Laurentides
Valérie Bolduc, Marie-Lyne Després-Einspenner and Jochen A. G. Jaeger
pp. 28–42
AbstractFR:
Dans la région des Laurentides, le réseau écologique reliant les parcs nationaux d’Oka et du Mont-Tremblant est interrompu par l’autoroute 15 (A-15) et la route 117 (R-117). Néanmoins, entre Saint-Jérôme et Mont-Tremblant, aucun passage faunique n’a été construit le long de ces axes routiers. En revanche, de nombreuses structures existent dans l’emprise routière qui pourraient être utilisées par la faune pour traverser les routes en sécurité. Pour examiner cette idée, nous avons évalué l’utilisation par les mammifères de 2 ponts et de 8 grands ponceaux sous l’A-15 et la R-117 de juin 2022 à décembre 2023. Des caméras ont été installées de part et d’autre des sites pour déterminer quelles espèces traversaient ces structures. Nous avons observé plus de 4 000 détections de mammifères d’au moins 20 espèces de toutes tailles et nous avons confirmé qu’au minimum 19,2 % des animaux détectés ont traversé avec succès, provenant de 11 espèces. L’utilisation des structures existantes a varié considérablement par espèce et par structure. Certaines structures ont été traversées plus d’une centaine de fois, tandis qu’une autre ne l’a jamais été. Le manque de substrat sec pour traverser semble être un facteur très limitant. De plus, plusieurs espèces parapluies présentes dans les Laurentides et répertoriées dans les collisions véhicules-faune n’ont pas été observées. Pour améliorer la connectivité écologique, les structures existantes faiblement utilisées devraient être aménagées, notamment pour permettre à la faune de traverser au sec. Nous recommandons également l’ajout de clôtures pour guider la faune vers les structures et la construction de passages fauniques pour les espèces n’utilisant pas ou peu les structures existantes.
EN:
In the Laurentides (Québec, Canada), Autoroute 15 (A-15) and Route 117 (R-117) transect the network of eco-corridors between the Parc national d’Oka and the Parc national du Mont-Tremblant. Although there are no purpose-built wildlife passages along these two roads, there are several existing structures between Saint-Jérôme and Mont-Tremblant that wildlife could use to cross them safely. To investigate their potential use by mammals, cameras were installed on both sides of 2 bridges and 8 large water culverts. Between June 2022 and December 2023, over 4,000 mammal detections were made, involving at least 20 species of all sizes. At least 19.2% of the detections involved a successful crossing, completed by 11 species. The use of the structures varied significantly by species and by structure. One structure was never successfully used, while mammals successfully crossed others over 100 times. The lack of a dry path through a given structure seems to be an important limiting factor. In addition, several umbrella species present in the Laurentides and reported in wildlife-vehicle collisions were not recorded at all. To improve ecological connectivity, existing structures with low usage should be modified, notably by incorporating a dry pathway through them. Fences should be added to help guide and funnel wildlife to the structures. Finally, suitable wildlife passages should be constructed for those species not or rarely using the existing structures.
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Aménager des corridors écologiques dans les emprises de lignes de transport d’électricité au profit de la biodiversité et de la connectivité
Jonatan Belle-Isle and Patricia Gagnon
pp. 43–50
AbstractFR:
La connectivité est essentielle à la préservation de la biodiversité. Les infrastructures urbaines fragmentent les populations d’espèces fauniques et floristiques, les rendant ainsi plus vulnérables aux extinctions locales. Les corridors écologiques peuvent atténuer les risques liés à la fragmentation en rétablissant la connectivité des parcelles d’habitat. Les réseaux de transport d’électricité offrent un potentiel pour la mise en place de corridors verts en milieu urbain. Hydro-Québec souhaite encourager les municipalités à aménager les emprises de lignes haute tension traversant leur territoire au profit de la biodiversité et de la connectivité. À titre d’exemple, le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ) a entrepris de consolider un réseau de corridors écologiques défini il y a quelques années en concertation avec les acteurs locaux. Le CRECQ compte aménager une partie d’un corridor situé dans le périmètre de la ville de Drummondville, sous les lignes électriques. Ce projet novateur vise la bonification de l’emprise par l’ajout de végétaux en vue d’enrichir la biodiversité, de favoriser le déplacement de la faune, de restaurer un milieu humide et de donner accès à la population à une piste multifonctionnelle. Des études de suivi seront réalisées au cours des prochaines années afin de mesurer les répercussions des aménagements dans les emprises de lignes sur la biodiversité et la connectivité ainsi que sur la perception et l’acceptabilité sociale de ces projets.
EN:
Connectivity is essential for preserving biodiversity. Urban infrastructure fragments wildlife and plant populations, increasing their vulnerability to local extinction. Ecological corridors can, however, mitigate the risks of fragmentation by restoring connectivity between patches of suitable habitat. High-voltage power transmission networks in urban landscapes offer opportunities for the establishment of such corridors. Hydro-Québec seeks to encourage municipalities to landscape transmission line rights-of-way within their territories to enhance biodiversity and connectivity. The Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ) has been working on increasing connectivity for a number of years. Together with local stakeholders, it has defined a network of ecological corridors for the Centre-du-Québec region. The CRECQ plans to develop a corridor within the city of Drummondville using transmission line rights-of-way. This innovative project aims to make the most of the transmission line by adding vegetation to enhance biodiversity and restoring a wetland. In turn, this with favour the movement of wildlife and give the local population access to a multifunctional path. Follow-up studies will be used to measure the impact of landscaping the transmission line rights-of-way on biodiversity and connectivity, as well as how such projects are perceived by local residents.
Modèles et outils
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Développement d’un outil de priorisation des milieux naturels forestiers à conserver pour maintenir la connectivité écologique et la biodiversité dans les basses-terres du Saint-Laurent
Virginie Lafontaine and Andrew Gonzalez
pp. 51–58
AbstractFR:
Plus de 10 années de recherche et de collaboration ont permis de développer les connaissances scientifiques sur la connectivité écologique des milieux naturels forestiers des basses-terres du Saint-Laurent. Ce projet de recherche établit un portrait de l’état actuel et prévu des priorités de conservation en se basant sur la qualité de l’habitat forestier et de la connectivité écologique pour un ensemble d’espèces fauniques vertébrées. Les résultats identifient des secteurs de haute priorité de conservation afin de maintenir la connectivité des habitats pour ces espèces cibles. Sans action majeure visant la conservation ou la restauration de milieux naturels, la recherche démontre une réduction à long terme de la connectivité écologique dans la plupart des secteurs de cette province naturelle. Ces changements anticipés se répercuteront sur la biodiversité et les services écosystémiques rendus par ces milieux naturels en réponse aux changements climatiques et d’occupation du territoire. Les développements méthodologiques rendus disponibles par l’équipe de recherche pourront outiller les utilisateurs concernés en leur permettant d’intégrer des notions de connectivité écologique et de qualité de l’habitat aux enjeux de conservation et d’aménagement du territoire.
EN:
More than 10 years of research and collaboration have deepened our scientific knowledge of the ecological connectivity of forest habitats in the St. Lawrence Lowlands of Québec (Canada). This research has provided a portrait of the current and projected conservation priorities—based on changes in forest habitat quality and connectivity—for a set of vertebrate species over the coming century. The results also identify areas of high conservation priority to maintain connectivity for these target species. Without major action to conserve or restore natural forest habitats, this research predicts a long-term decline in ecological connectivity in most areas of this natural province (ecoregion). These anticipated changes will affect biodiversity and the ecosystem services provided by these habitats as they respond to climate and land use change. The methodological developments shared provide a tool for key users to integrate several facets of habitat connectivity and quality into conservation and land use planning.
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Élaboration et mise en oeuvre d’un indicateur de connectivité écologique dans un réseau d’aires protégées en Gaspésie
Claude Samson, Simon Paquin, Sylvia Wood and Olivier Perrotte Caron
pp. 59–80
AbstractFR:
Le maintien de la connectivité écologique nécessite de suivre l’évolution de la capacité d’un paysage à permettre le déplacement des organismes d’un endroit à un autre. Nous proposons une approche visant à élaborer un indicateur permettant d’évaluer le niveau de connectivité d’un territoire. Cette approche est illustrée à l’aide d’une étude de cas, portant sur un indicateur de connectivité répondant aux préoccupations exprimées à la Table de gestion intégrée des ressources et du territoire de la Gaspésie. L’indicateur proposé visait à évaluer le niveau de connectivité entre 5 aires protégées majeures de la région, et était basé sur les besoins en matière de connectivité pour une espèce focale associée aux peuplements matures, soit la martre d’Amérique (Martes americana). Deux paramètres ont été proposés pour évaluer l’état et la tendance de l’indicateur, soit la proportion de trajets de dispersion reliant efficacement les aires protégées, et la proportion des unités territoriales d’aménagement atteignant leur cible minimale en matière d’habitat. Ces 2 paramètres sont passés respectivement de 9/10 et 16/21 en 1975 à 0/10 et 2/21 en 1990, pour s’accroitre à 8/10 et 12/21 en 2020. Le déclin marqué dans la connectivité pour la martre était vraisemblablement causé par les coupes forestières, les feux et une épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette. L’indicateur proposé est adapté aux outils utilisés pour la planification de l’exploitation forestière, et propose des cibles concrètes permettant de maintenir la connectivité entre des aires protégées pour des espèces dépendantes des peuplements matures comme la martre d’Amérique.
EN:
Maintaining ecological connectivity requires monitoring changes in the suitability of a landscape to allow organisms to move from one place to another. We propose a method for developing an indicator to assess the level of connectivity of a given area. The approach is illustrated with a case study, involving a landscape connectivity indicator that addresses specific concerns expressed by members of the Table de gestion intégrée des ressources et du territoire de la Gaspésie. The proposed indicator was intended to assess the level of connectivity between 5 major protected areas in the region. and was based on the connectivity needs the American marten (Martes americana), of a focal species associated with mature stands. Two metrics were proposed to assess the status and trend of the indicator, namely the proportion of dispersal paths effectively connecting protected areas, and the proportion of land management units achieving a minimum habitat target for the species. These 2 metrics decreased respectively from 9/10 and 16/21 in 1975, to 0/10 and 2/21 in 1990, before increasing to 8/10 and 12/21 in 2020. The marked decline in connectivity for the marten was probably caused by logging, fire, and an outbreak of spruce budworm. The proposed indicator is adapted to the tools used for forest harvest planning, and it proposes concrete targets for maintaining connectivity between protected areas for mature stand-dependent species such as the American marten.
Faune
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Connectivité écologique du corridor sud-ouest de la Mauricie : analyse de l’utilisation faunique et des obstacles au déplacement
Fanny Bec, Pascal Côté, Jessica Hainault, May Prévost, Stéphane Campeau, Raphaël Derriey, Charles A. Martin and Raphaël Proulx
pp. 81–91
AbstractFR:
Les données sur l’occupation du territoire par la faune étant difficiles et coûteuses à obtenir, les études de priorisation des corridors de connectivité modélisent généralement les obstacles au déplacement et la qualité des habitats pour quelques espèces sentinelles, sur la base de cartes et d’opinions d’experts. L’objectif de la présente étude était de caractériser les obstacles au libre déplacement des organismes et l’occupation faunique dans le corridor modélisé du sud-ouest de la Mauricie (Québec, Canada) à l’aide d’inventaires terrain, d’analyses géomatiques et de données publiques sur les oiseaux et les mammifères. Les résultats montrent que les obstacles au déplacement sont associés à des pressions anthropiques dans la portion sud (p. ex., densité des routes, surfaces minéralisées), alors qu’ils sont de nature géomorphologique dans la portion nord du corridor (p. ex., densité des rivières, pentes fortes). L’utilisation du corridor par la faune terrestre (salamandres, oiseaux, grands mammifères) révèle des points chauds de déplacement faunique et de biodiversité au sud, parfois même à l’extérieur ou aux marges du tracé modélisé. À la lumière de nos analyses, le tracé du corridor sud-ouest de la Mauricie est modifié pour y inclure des noyaux de conservation.
EN:
Due to the challenges and costs of obtaining wildlife occupancy data, studies to prioritize the conservation of ecological connectivity within a given territory typically use land-use maps and expert opinion to model habitat quality and barriers to movement for a few sentinel species. The objectives of this study were to characterize wildlife occupancy and barriers to its movement in the modelled ecological corridor for the southwestern part of the Mauricie region (Québec, Canada), using field surveys, geospatial analyses, and publicly available data on birds and mammals. Results show that in the southern portion, barriers to movement were associated with local anthropogenic pressures (e.g., road density and urbanization), while in the northern portion, they were associated with geomorphological features (e.g., river density and slope steepness). The analysis of the use of the corridor by terrestrial fauna (salamanders, birds and large mammals) revealed movements of wildlife and biodiversity hotspots in the southern portion, sometimes outside or along the edge of the limits of the modelled corridor. Given the results of the present study, a modification to the ecological corridor for southwest Mauricie is proposed, which would allow additional key areas of conservation value to be included.
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La connectivité fonctionnelle au fil des saisons : cas d’étude avec la martre d’Amérique au parc national Forillon
Julie-Pier Viau, Daniel Sigouin and Martin-Hugues St-Laurent
pp. 92–102
AbstractFR:
Les aires protégées peuvent contribuer à réduire la perte de biodiversité en maintenant des fonctions écologiques clés. Atteindre cet objectif implique d’identifier et de protéger les corridors de déplacement favorables à la faune en périphérie des aires protégées. Nous avons aidé Parcs Canada pour localiser des corridors favorables aux déplacements de la martre d’Amérique (Martes americana) dans le parc national Forillon et sa périphérie. Puisque le comportement des animaux peut changer selon les variations des conditions environnementales, nous avons effectué cet exercice durant 2 périodes contrastées : sans neige (mai-novembre) et avec neige (décembre-avril). Nous avons utilisé des données télémétriques GPS pour caractériser les patrons de sélection d’habitats saisonniers, lesquels nous ont permis de modéliser la résistance du paysage et d’identifier les parcelles d’habitats favorables à la connectivité. Nous avons ensuite utilisé la théorie des circuits électriques pour délimiter les corridors entre ces parcelles. Les martres évitaient les milieux ouverts, les altitudes élevées et la proximité des routes durant la période sans neige, alors qu’elles évitaient les routes secondaires, mais sélectionnaient des zones proches des routes principales et des bâtiments durant la période avec neige. La localisation des corridors variait aussi entre les périodes : la connectivité augmentait avec la présence de forêts en régénération (21-60 ans) et de forêts résineuses matures (> 60 ans) et diminuait avec la présence de milieux ouverts. Notre étude peut contribuer à protéger les corridors favorables aux déplacements des martres, et souligne l’importance de considérer les variations saisonnières lors de la modélisation de la connectivité fonctionnelle.
EN:
Protected areas can help reduce biodiversity loss by maintaining key ecological functions. Achieving this goal involves identifying and protecting suitable movement corridors for wildlife at the periphery of protected areas. The authors assisted Parks Canada in locating suitable movement corridors for the American marten (Martes americana) in Forillon National Park (Québec, Canada) and its surrounding area. Since animal movement patterns can change according to variations in environmental conditions, this exercise was carried out during two contrasting periods: snow-free (May-November) and snow-covered (December-April). GPS telemetry data were used to characterize seasonal habitat selection patterns, which allowed the modelling of landscape resistance and the identification of suitable habitat patches to connect. The electrical circuit theory was then used to delineate corridors between these patches. Martens avoided open areas, high elevations and proximity to roads during the snow-free period, while avoiding secondary roads but selecting areas close to primary roads and buildings during the snow-covered period. The location of corridors also varied between periods: connectivity increased with the presence of regenerating forests (21-60 years old) and mature coniferous forests (>60 years old), but decreased with the presence of open areas. Our study can help protecting corridors favorable to marten movements, and highlights the importance of considering seasonal variations when modeling functional connectivity.