Les comptes rendus

Les sciences sociales dans le monde, Ali Kazancigil et David Makinson (sous la direction de), Paris, Éditions UNESCO / Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2001, 402 p.[Record]

  • Julie Bickerstaff C.

…more information

  • Julie Bickerstaff C.
    Étudiante à la maîtrise en intervention sociale
    Université du Québec à Montréal

D’entrée de jeu, nous devons souligner que cet ouvrage ratisse très large. En effet, les sciences sociales y sont exposées dans leur plus grande diversité : géographie, histoire, économie, politique, psychologie, démographie, anthropologie, communications, sociologie, etc. De plus, elles sont principalement examinées sous l’angle de la recherche universitaire. Bref, professeurs et chercheurs y trouveront plus leur compte que les intervenants et les praticiens du social ( ?). Les directeurs se sont manifestement attelés à une tâche colossale : poser un regard multidisciplinaire et international sur l’état des sciences sociales dans le monde d’aujourd’hui, et ce, à travers plus d’une cinquantaine de contributions en provenance des quatre coins de la planète (Royaume-Uni, Canada, Suède, Norvège, Russie, Pologne, Inde, France, Venezuela, Chili, Malawi, Namibie, Afrique du Sud, Chine, Japon, Australie, Autriche, États-Unis, etc.). L’ouvrage, regroupant près d’une quarantaine d’articles, et agrémenté d’une trentaine de tableaux et encadrés thématiques, se divise en deux parties. La première cherche à dresser un panorama des sciences sociales dans le monde. On y retrouve quatre sections : bilan et perspectives, infrastructures et situations, les données et leurs utilisations et la sphère professionnelle. La seconde partie aborde quatre grandes questions (science et technologie, développement, environnement, sciences du comportement) ainsi que leurs applications en sciences sociales. Étant donné la consistance de cette publication, les lecteurs comprendront qu’il a été difficile de résumer chacune des contributions. Nous avons plutôt opté pour une vue d’ensemble de l’ouvrage, afin que chacun puisse, par la suite, selon ses intérêts, approfondir l’un ou l’autre des articles. Pour amorcer ce panorama des sciences sociales dans le monde, trois auteurs ont été sollicités : Peter Wagner, Immanuel Wallerstein et Barun De. Selon Wagner, le xxe siècle a été celui où les sciences sociales ont acquis une certaine maturité et une reconnaissance, tant au plan politique qu’institutionnel. L’objectif de cet article est de dégager quatre problématiques majeures qui interrogent les sciences sociales sur : « 1) leur validité universelle ou contextuelle ; 2) leur utilité, à la lumière des espoirs et des désillusions quant à la mise en oeuvre des recommandations scientifiques dans les prises de décisions politiques ; 3) la tension entre la structure disciplinaire et les exigences en matière d’interdisciplinarité ; 4) leur caractère scientifique dans le contexte de la crise globale des sciences à la fois au début et à la fin du siècle » (p. 16). Wallerstein, quant à lui, interroge l’avenir des sciences sociales au xxie siècle. Pour ce faire, il retrace l’évolution des structures du savoir pris dans le contexte institutionnel universitaire et étudie « l’émergence d’un bouleversement épistémologique majeur (la réunification des savoirs [scientifique et philosophique]), l’affaiblissement du rôle central de l’Université et les conséquences de ces deux facteurs sur les sciences sociales » (p. 44). Finalement, l’article de De met en perspective une certaine vision du Sud sur l’histoire en tant que science sociale. Le chapitre intitulé « Infrastructures et situations », l’un des plus denses de cet ouvrage, tente de donner un aperçu global de la situation des sciences sociales dans le monde. Pour chacune des régions explorées, les principaux critères d’analyse choisis sont les suivants : les thèmes et les méthodes utilisées, l’interaction de la recherche et du milieu universitaire avec les décideurs politiques, la formation, l’emploi, la communication et la publication, la recherche et l’enseignement, le financement, etc. Tout d’abord, Jun Oba nous présente l’état des sciences sociales dans les pays de l’OCDE. L’auteur remarque que ces dernières sont marquées par une interdisciplinarité et une spécialisation accrues. On note aussi, dans ces pays, certaines similitudes : une forte dépendance de la …