Échos et débats

L’implantation du réseau local de services sociaux et de santé à SherbrookeUn processus en mal de démocratie[Record]

  • Clément Mercier

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  • Clément Mercier
    Département de service social
    Université de Sherbrooke

L’objet du présent témoignage est de rappeler le processus suivi à l’hiver 2004 dans la prise de décisions concernant le choix des établissements devant être regroupés pour implanter le « réseau local de services sociaux et de santé » à Sherbrooke, en conformité avec l’application de la « loi 25 » – Loi portant sur les agences de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux – votée en décembre 2003. Après une mise en contexte du processus suivi en Estrie et à Sherbrooke en particulier, en relatant les principales étapes et les positions des acteurs concernés, je tenterai une mise en perspective d’une telle expérience comme « nouvelle » pratique de gestion du social. L’implantation des « réseaux locaux de services de santé et services sociaux » a suivi en Estrie le même processus que partout ailleurs, notamment par la précipitation, l’improvisation et l’absence de transparence et de respect démocratique dans l’analyse des situations et la prise de décisions. Elle a eu cependant ceci de particulier qu’elle s’est appuyée sur la restructuration déjà réalisée en Estrie à la suite de l’adoption de la « loi 116 », qui avait notamment conduit à la fusion des CH locaux de moins de 50 lits avec les CLSC et les CHSLD d’un même territoire. Ce qui a donné lieu à partir de 1997 à la constitution de trois CHSLD-CLSC et de trois CH-CHSLD-CLSC, pour desservir des populations comptant de 14 500 à 44 000 personnes, avec des budgets variant entre 12 et 30 millions de dollars. À Sherbooke même, du côté des soins hospitaliers de courte durée, la restructuration a entraîné la fermeture de deux CH et l’intégration de l’autre CH au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), qui voyait alors élargir et consolider sa vocation de soins spécialisés et surspécialisés aux plans régional et suprarégional. Du côté des soins de longue durée, on a créé à partir du CHSLD local, des effectifs et du patrimoine du seul hôpital anglophone de la région, l’Institut universitaire de gériatrie (IUGS), qui obtenait en plus d’un mandat de soins de longue durée, une vocation régionale de services et soins d’hébergement spécialisés en gériatrie et réadaptation, ainsi qu’un mandat de recherche universitaire suprarégional. En 2003, par l’intégration du Centre d’hébergement et de soins de longue durée (L’Estriade), l’IUGS obtenait le mandat de l’offre complète des services en soins de longue durée à Sherbrooke. Par cette intégration, qui ne devait être finalisée qu’en avril 2004, l’IUGS était appelée à devenir responsable de l’hébergement de plus de 800 personnes dans quatre pavillons et voyait son personnel dépasser les 1800 employés, dont plus d’une centaine rattachés au Centre de recherche sur le vieillissement, avec un budget global de plus de 42 millions de dollars. Pour compléter le portrait, mentionnons que depuis le début des années 2000, on avait mis en place un réseau intégré de services aux personnes âgées (RISPA), impliquant les principales institutions et les organismes communautaires du secteur personnes âgées ; le CLSC avait assumé au départ en fiducie la gestion du budget spécifique et la coordination de ce projet et intégrera éventuellement les quelque 15 gestionnaires de cas chargés de l’interface et du courtage entre la personne âgée, sa famille et les différentes ressources sociales et médicales. Par ailleurs, la mission CLSC demeurait assumée par un établissement spécifique, après la fusion en 1999 des deux CLSC desservant le territoire de la MRC de Sherbrooke, pour une population de plus de 145 000 habitants. En même temps que la fusion se préparait, l’un des deux CLSC (Gaston Lessard) avait demandé et obtenu le …

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