Les comptes rendus

Henri Dorvil (dir.), Problèmes sociaux – Tome III. Théories et méthodologies de la recherche, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2007, 526 p.[Record]

  • Michel Parazelli

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  • Michel Parazelli
    Professeur-chercheur, École de travail social, Université du Québec à Montréal
    parazelli.michel@uqam.ca

Ce troisième tome de la réédition de Problèmes sociaux traite de théories et de méthodologies de la recherche dans l’univers de l’intervention sociale. Provenant d’appartenances disciplinaires diversifiées, 23 auteurs ont contribué à cet ouvrage dense. À l’endos de la jaquette du livre, on lit que le but de cet ouvrage est de « jeter un regard neuf sur des problèmes sociaux anciens et contemporains souvent interreliés […] ». Si tant est que le regard critique peut être considéré comme neuf aujourd’hui, alors cet ouvrage atteint son but pour la majorité des contributions. En effet, plusieurs des articles ont un abord critique fort intéressant sur des réalités sociales d’actualité, et, en ce sens, la nouveauté réside plus dans le fait de les retrouver rassemblés sur des sujets aussi variés et qui montrent effectivement un certain nombre d’interrelations. Par exemple, outre le fait d’apprendre beaucoup de choses sur les diverses réalités sociales traitées par les auteurs, selon un angle théorique propre, on observe une nette convergence de points de vue autour de la critique de l’épidémiologie sociale et des approches positivistes qui individualisent la responsabilité des problèmes sociaux. L’ouvrage est divisé en deux parties distinctes, comportant néanmoins des liens entre elles sans que ceux-ci soient explicites dans la conception de l’ouvrage. Dans la première partie consacrée aux regards théoriques, on traite de plusieurs réalités sociales telles que l’insécurité alimentaire, l’obésité, la dépression, la solitude, le culte de la performance sexuelle chez les jeunes, les inégalités sociales en santé mentale, le sida, les transformations familiales, les politiques familiales et de lutte contre la pauvreté. D’autres sujets tels que le terrorisme ou le monde, la prison et la médiation sociale sont aussi des objets sociaux soumis aux traitements théoriques des auteurs. La deuxième partie de l’ouvrage concernant la recherche est moins consistante, mais néanmoins pertinente. On y retrouve un article très intéressant sur les fondements de la recherche qualitative, ses frontières épistémologiques, ainsi que sur les enjeux entourant sa reconnaissance scientifique et politique. D’autres contributions touchent à la recherche épidémiologique, la recherche-action, la recherche quantitative et la recherche participative. Sur les 13 articles constituant la première partie, près de la moitié des auteurs développe un argumentaire critique en faveur d’une plus grande socialisation et subjectivation des manières de voir les problèmes sociaux. Par exemple, dans sa conclusion critique sur les enjeux de l’intervention entourant la faim, Racine souligne le danger de parler de sécurité alimentaire plutôt que de pauvreté au sein du « virage sociosanitaire » résultant d’une vision épidémiologique de la pauvreté plus axée sur des programmes de développement de saines habitudes de vie que sur la défense de droits. L’article suivant de Mongeau interroge l’augmentation de l’obésité comme relevant d’une maladie qui se propage, ou d’une conséquence du mode de production néolibéral où le mode de vie hypermoderne des sociétés industrielles crée des déséquilibres biologiques. L’article de Duquet et Dassa sur les représentations de la performance de la vie sexuelle des adolescents est d’un intérêt indéniable pour la description détaillée de la méthodologie de la recherche sur les représentations sociales des jeunes à propos de leur vie sexuelle. En outre, cet article nous donne accès à cet aspect important de l’univers des jeunes à partir de leurs propres points de vue et non seulement de ceux des experts ou des médias. Quant à l’article de Doucet, il nous engage loin des lectures épidémiologiques qui, selon l’auteure, évacuent les subjectivités humaines quand paradoxalement la société en exige l’expression exacerbée. Le contenu de son texte nous entraîne au coeur même des enjeux sociosymboliques de l’individualisme contemporain à partir du phénomène de la solitude. Son …

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