Abstracts
Résumé
Le texte lauréat du Prix RFI Théâtre (2019) Victoria K, Delphine Seyrig et moi ou La petite chaise jaune (2021) de Valérie Cachard s’inscrit dans la mouvance de la « littérature hors du livre » (Rosenthal et Ruffel, 2010 : 4), où l’auteur·trice légitime la réception de son texte à travers une performance narrative. Après avoir interrogé la nature et le bien-fondé des archives intimes de Victoria K, lettres extraites de son journal intime abandonné dans sa maison, l’article s’intéresse aux allers-retours entre la fiction et le réel fictionnel qui systématisent une mémoire solidaire de la guerre civile en apparence fragmentaire. La performance du texte à Beyrouth par la dramaturge et son acolyte artistique Hadi Deaibes tend à éroder les dimensions sociopolitiques de l’archivage au profit d’une hybridation des identités scéniques. Cette contribution, coécrite par Noha Nemer et son amie de longue date Valérie Cachard, propose une réflexion sur l’expropriation discursive, esthétique et scénique d’une littérature intimiste.
Mots-clés :
- matrimoine,
- archives,
- identité,
- Beyrouth,
- performance scénique,
- autrices
Abstract
The award-winning text of the RFI Theater Prize (2019), Victoria K, Delphine Seyrig et moi ou La petite chaise jaune (2021) by Valérie Cachard, falls within the trend of “literature beyond the book” (“littérature hors du livre”; Rosenthal and Ruffel, 2010: 4), where the author legitimizes the reception of their text through a narrative performance. After questioning the nature and validity of the intimate archives of Victoria K – letters taken from her diary left behind in her house – the article focuses on the back-and-forth between fiction and fictional reality, which creates a cohesive memory of the seemingly fragmented civil war. The text’s performance in Beirut by the playwright and her artistic collaborator Hadi Deaibes tends to erode the sociopolitical dimensions of archiving in favor of a hybridization of stage identities. This contribution, co-written by Noha Nemer and her long-time friend Valérie Cachard, offers a reflection on the discursive, aesthetic, and scenic expropriation of intimate literature.
Appendices
Bibliographie
- ASSAF, Roger (2016), Le théâtre dans l’Histoire : les scènes, les hommes et les oeuvres, Beyrouth, L’Orient des livres, vol. 1 (« La scène entre les dieux et les hommes »).
- BRONES, Sophie (2020), Beyrouth dans ses ruines, Marseille, Parenthèses, « Parcours méditerranéen ».
- BUCHAKJIAN, Gregory (2018), Habitats abandonnés : une histoire de Beyrouth, Beyrouth, Kaph Books.
- BUCHAKJIAN, Gregory (2016), « Habitats abandonnés de Beyrouth : guerres et mutations de l’espace urbain 1860-2015 », thèse de doctorat, Paris, Sorbonne Université.
- CACHARD, Valérie (2021), Victoria K, Delphine Seyrig et moi ou La petite chaise jaune, Pantin, Esse que Éditions.
- CACHARD, Valérie (2016), « Le temps en osier », dans Déviations et autres détours, Beyrouth, Tamyras, p. 13-28.
- CACHARD, Valérie (2002), « L’image de Beyrouth dans le cinéma et les documentaires libanais et étrangers après 1990 : Beyrouth, une ville morte-vivante », mémoire de diplôme d’études supérieures, Beyrouth, Université libanaise.
- CACHARD, Valérie et Noha NEMER (2019), « La production théâtrale libanaise contemporaine face à la censure : entre défi et consensus », Théâtre/Public, no 233, p. 63-67.
- FARGE, Arlette (1997 [1989]), Le goût de l’archive, Paris, Points, « Points Histoire ».
- FOUCAULT, Michel (1969), Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines ».
- GRAILLES, Bénédicte (2014), « Les archives sont-elles des objets patrimoniaux? », La gazette des archives, no 233, p. 31-45.
- GUEIT-MONTCHAL, Lydiane (dir.) (2004), Abrégé d’archivistique : principes et pratiques du métier d’archiviste, Paris, Association des archivistes français.
- MINISTÈRE DE LA CULTURE (s.d.), « Patrimoine culturel immatériel », www.culture.gouv.fr/Thematiques/patrimoine-culturel-immateriel
- PAMUK, Orhan (2011 [2008]), Le musée de l’innocence, trad. Valérie Gay-Aksoy, Paris, Gallimard, « Du monde entier ».
- ROSENTHAL, Olivia et Lionel RUFFEL (dir.) (2010), « Introduction », Littérature, no 160, p. 3-13.
- TAYAH, Marie-Christine (2023), « Valérie Cachard et Hadi Deaibes : “Pour qui créons-nous?” », Ici Beyrouth, 31 mars, icibeyrouth.com/articles/207846/valerie-cachard-et-hadi-deaibes-pour-qui-creons-nous