Disputatio

Précis de Reconstructing Reason and Representation[Record]

  • Murray Clarke

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  • Murray Clarke
    Université Concordia

J’avais deux objectifs à l’esprit quand j’ai écrit Reconstructing Reason and Representation. Premièrement, j’ai voulu clarifier et évaluer les mérites empiriques et conceptuels de la psychologie évolutionniste. Deuxièmement, j’ai voulu évaluer les implications de la psychologie évolutionniste pour certains thèmes de l’épistémologie, la philosophie des sciences et la philosophie de l’esprit. Je voulais offrir, durant le processus, une nouvelle approche de l’épistémologie naturaliste. L’idée était que nous devions permettre à l’épistémologie de devenir modulaire et la percevoir comme un ensemble de genres naturels. Ma conviction était qu’après avoir fait ce changement nous pourrions libérer l’épistémologie de la stagnation scolastique de l’analyse conceptuelle. J’ai essayé de poser les bases pour ce projet en élucidant les idées centrales qui constituent la version de la psychologie évolutionniste de Leda Cosmides et John Tooby comme suit. Cosmides et Tooby ont adopté l’affirmation méthodologique de la cohérence trans-théorique ou, comme l’appelle Jerry Fodor : « la pertinence explicative réciproque ». Par exemple, la biologie de l’évolution et la psychologie cognitive se contraignent mutuellement pour l’acceptabilité des théories que chacune peut intégrer. Elles souscrivent aussi à l’idée de nature humaine universelle quant aux mécanismes psychologiques complexes, ou modules darwiniens, et non quant à l’expression des comportements culturels. Deuxièmement, ces mécanismes psychologiques complexes sont des adaptations qui ont été élaborées par la sélection naturelle au cours d’une certaine période évolutionnaire. Par conséquent, les modules darwiniens sont des structures cognitives innées dont les propriétés principales sont largement déterminées par des facteurs génétiques. Une troisième idée est que la structure complexe de l’esprit humain est adaptée au mode de vie des chasseurs-cueilleurs du Pléistocène, et pas nécessairement à nos circonstances modernes. Ce que nous pensons de l’histoire humaine récente, c.-à-d. les deux derniers millénaires, n’a pas grand-chose à voir avec la formation de l’esprit humain, parce que nos esprits ont été largement formés par les deux derniers millions d’années comme chasseurs-cueilleurs du Pléistocène. Une quatrième idée est que les modules darwiniens ont un domaine spécifique. Selon Cosmides et Tooby, nos esprits consistent largement en « une constellation de mécanismes spécifiques possédant des procédures propres à leur domaine spécifique, qui agissent sur les représentations d’un domaine spécifique, ou les deux » (Cosmides et Tooby, 1994, p. 94). Cela signifie qu’une structure cognitive innée qui est spécifique ne répondra seulement qu’à un input représentationnel d’un type particulier. La cinquième idée, c’est que les modules darwiniens sont des mécanismes computationnels. Comme l’affirment Cosmides et Tooby : « notre architecture ressemble à une confédération de centaines de milliers d’ordinateurs fonctionnellement dédiés (souvent appelés modules) [...] » (Tooby et Cosmides, 1995, p. xiii). On doit à Turing l’idée qui sous-tend cette conception. C’est lui qui introduisit pour la première fois l’idée que les processus mentaux sont des computations. De tels dispositifs computationnels sont des ordinateurs classiques. Par conséquent, les processus mentaux cognitifs sont des opérations formelles définies par des représentations mentales structurées syntaxiquement qui sont similaires à des phrases. Une computation est un processus causal qui est conduit syntaxiquement. Finalement, certaines motivations menant à croire à l’existence des modules darwiniens viennent de l’idée de Chomsky selon laquelle l’argument de la pauvreté du stimulus détermine l’information qu’un esprit doit avoir de façon innée. Il faut soustraire l’information provenant de l’environnement de l’information requise à un enfant pour atteindre la maîtrise de la langue. Ce qui en résulte est ce à quoi contribuent les connaissances innées de l’enfant à la procédure d’acquisition du langage. Pour les psychologues évolutionnistes, ce qui en résulte et qui est inné est considérable : un esprit qui est largement, mais pas complètement, constitué par des centaines de milliers d’ordinateurs fonctionnellement …