Disputatio

Précis de Wittgenstein et la philosophie austro-allemande[Record]

  • Kevin Mulligan

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Que Philosophiques, Denis Fisette ainsi que mes quatre critiques soient vivement remerciés ! Ce fait, s’il en est un, présente un certain intérêt pour celui qui veut comprendre Wittgenstein et la philosophie du vingtième siècle. À la communauté de sujets, questions, distinctions et problèmes mentionnée s’ajoute le fait que tant les héritiers de Brentano que Wittgenstein se réclament de façon bruyante de la méthode de la description. Mais ce que Wittgenstein fait des distinctions et sujets mentionnés n’est pas du tout ce qu’en font les héritiers de Brentano. Les descriptions données par Wittgenstein et les héritiers de Brentano sont néanmoins comparables quant à la question de leur portée. Si Wittgenstein est persuadé que ses descriptions ne font que révéler la complexité et la variété des phénomènes étudiés, les psychologues descriptifs, les phénoménologues et les psychologues de la Gestalt sont persuadés que leurs descriptions et analyses révèlent de l’ordre et du système. D’où les trois questions auxquelles répond WPAA. Les distinctions, thèses et sujets abordés par le dernier Wittgenstein furent-ils vraiment en grande partie anticipés par ses contemporains et prédécesseurs autrichiens et allemands ? Jusqu’où va la similarité entre leurs méthodes descriptives ? Les descriptions données par Wittgenstein montrent-elles que les buts théoriques et systématiques poursuivis par ses contemporains et prédécesseurs étaient vains ? Si les deux premières questions relèvent de l’histoire de la philosophie et de l’exégèse, la dernière question est une question philosophique. Le premier chapitre — « Descriptions, différences et découvertes » — explore, d’un côté, les rapports entre la priorité de la description, et, de l’autre côté, l’explication, les hypothèses, les différences, les découvertes, les trivialités, la rhétorique intuitionniste, l’idée d’une übersichtliche Darstellung, ainsi que les images trompeuses en philosophie, selon Wittgenstein et ses prédécesseurs. Les nombreuses similarités notées contrastent de façon dramatique avec deux conceptions très différentes de l’objet de la description, dans les deux sens de cette expression. D’abord, les héritiers de Brentano poursuivent la description et l’analyse dans le but d’arriver à des vérités philosophiques et systématiques. Wittgenstein poursuit la description non pas dans un but théorique, mais pour nous guérir de toute tentation théorique et philosophique. Ensuite, si les phénoménologues et Wittgenstein cherchent l’essence du vouloir dire ou des émotions, Wittgenstein, à la différence des phénoménologues, veut nous montrer que l’essence se trouve dans la façon dont les mots sont employés ou sont à employer, dans la grammaire. Là où les héritiers de Brentano croient être en train de décrire la complexité psychologique et mentale, Wittgenstein croit être en train de décrire les emplois des mots. Le chapitre II — « De l’Esprit, de l’âme et des mondes » — introduit la distinction entre les catégories d’objets publics, d’objets privés et de « non-objets » tracée par Scheler dans son Formalisme (1913-1916) et ailleurs. Il s’agit d’une nouveauté dans la tradition remontant à Brentano : il n’y a pas, selon Scheler, d’états ou de phénomènes psychologiques qui soient épistémologiquement privés. Un « acte mental », par contre, tel que vouloir dire quelque chose, ne serait ni un objet privé ni un objet public, mais quelque chose qui peut être compris et connu sans devenir un objet connu, dans une forme de « knowledge without observation » ou « conscience non thétique ». La distinction de Scheler est comparée à la nature du vouloir dire et du penser selon le Tractatus de Wittgenstein, ainsi qu’à une distinction analogue tracée par Wittgenstein bien après le Tractatus. Le chapitre III — « Éprouver vs Vouloir Dire, Vouloir » — étudie ce qui semble être un objet public et …

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