Disputatio

Autonomie de la logique et fondement des modalités de re syntaxique et de dicto sur la modalité de re ontique[Record]

  • Jimmy Plourde

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  • Jimmy Plourde
    Université du Québec à Trois-Rivières

Par souci de concision, je me réfère aux modalités de re concernant chacun de ces porteurs par les formules « modalité de re syntaxique », « modalité de re ontique », et « modalité de re sémantique ». Si la thèse principale du chapitre est originale et démontrée de façon convaincante, elle soulève toutefois une autre question, soit celle du fondement, pour ces deux philosophes, des différentes thèses modales qui sous-tendent leurs théories respectives du sens et du non-sens. En effet, à partir du moment où l’on affirme, par exemple, que “Fa” est possiblement vrai ou que l’état de choses que Fa est possible, la question de savoir ce qui fonde pareilles thèses se pose. À ce sujet, Kevin Mulligan soutient qu’il y aurait une « position naturelle à adopter » qui aurait eu la faveur de Husserl et de Wittgenstein (p. 93), et que je qualifierais de réaliste. Elle consiste à dire que la modalité de dicto est fondée sur la modalité de re ontique, qui serait elle-même fondée sur la nature des objets simples : Kevin Mulligan vient près également d’attribuer cette même position à Husserl et à Wittgenstein en ce qui concerne le fondement de la modalité de re syntaxique. Il y a toutefois, à cet effet, un obstacle dans le cas de la position de Husserl qui l’empêche d’adhérer à cette thèse. Husserl assimile en effet les significations à des objets et, ainsi, la modalité de re syntaxique à la modalité de re ontique. Cela dit, Kevin Mulligan soutient que cette thèse est problématique (p. 95-96). Selon lui, Wittgenstein aurait raison de distinguer la modalité de re syntaxique et la modalité de re ontique, et on devrait adopter son idée d’un symbolisme dans lequel il y a une impossibilité/possibilité/nécessité de re syntaxique et de dicto pour chaque impossibilité/possibilité/nécessité de re ontique et dans lequel toute modalité de re ontique se montre dans la modalité de re syntaxique correspondante. Autrement dit, afin d’éviter les problèmes que présente la position de Husserl, il vaudrait mieux miser sur un symbolisme qui nous montre « qu’une tache dans un champ visuel peut être rouge, doit avoir une couleur et ne peut pas avoir une hauteur » (p. 96). Mais, si tel est le cas, on peut penser que l’idée de la fondation de la modalité de re syntaxique sur la modalité de re ontique constitue également une position naturelle et attrayante pour Wittgenstein, et pour tout partisan de cette position. Bien qu’attrayante, pareille position réaliste n’en présente pas moins pour autant un problème important soulevé par Kevin Mulligan, soit celui de l’incompatibilité avec le principe tractarien de l’autonomie de la logique, et l’idée husserlienne de la signification propositionnelle comme unité dernière : Cette difficulté fera que Kevin Mulligan laisse en suspens la question de l’adhésion de Wittgenstein à la position réaliste quant au fondement de la modalité de re syntaxique et de la modalité de dicto. Par conséquent, la question demeure irrésolue dans son ouvrage : les modalités de re syntaxique et de dicto sont-elles complètement ou partiellement fondées sur la modalité de re ontique, et dans quelle mesure l’adhésion à l’une ou l’autre de ces deux thèses, voire à ces deux thèses, est ou non compatible avec le principe d’autonomie de la logique ? Comment Wittgenstein tranche-t-il cette question dans le Tractatus ? Ce qui milite en faveur de la lecture réaliste, c’est avant tout l’idée de l’isomorphie entre le langage et la réalité, et ce que Wittgenstein affirme en ce qui concerne la forme de représentation. En effet, pour Wittgenstein, toute proposition …

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