En parcourant l'histoire

L’analyse du travail : longévité et développement d’un concept [Record]

  • Anne Lancry-Hoestlandt

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  • Anne Lancry-Hoestlandt
    Groupe de recherche et d’étude sur l’histoire du travail et de l’orientation (GRESHTO), Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD), Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), 41, Rue Gay Lussac, 75005 Paris, France, anne.lancry@cnam.fr

Cet article a été originalement publié en portugais dans « Laboreal volume X, no 2, 2014, pp 89-91. »

Ce numéro regroupe plusieurs articles différents, à l’image de la diversité des enjeux liant le travail à la santé. Il est question du métier d’enseignant et des troubles psychosociaux, des accidents occasionnés par une perturbation du mouvement, et de prévention des TMS. La façon dont sont conçus le travail, l’organisation, les espaces de travail, les équipements est à repenser. Regard aussi sur les travailleurs cumulant diverses formes de précarité et ceux devant composer avec une maladie chronique. Quelles formes d’accompagnement sont nécessaires ?

Ce texte de Guy Karnas et Pierre Salengros est une des communications données au cours du colloque intitulé « L’ergonomie en informatique » organisé à Nivelles en Belgique en novembre 1985 par René Patesson et le Groupe de Recherches en Informatique et Sciences Humaines de l’Université Libre de Bruxelles. Chercheurs du laboratoire dirigé par Jean-Marie Faverge qui avait participé aux premières recherches européennes lancées par la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), Karnas et Salengros ont développé la pratique de l’analyse du travail dans une grande variété de postes et de situations de travail, analyse du travail en tant que méthode et en tant qu’objet. Ils précisent dans cet article Ce courant de recherches et de pratiques est issu des travaux de Ombredane et Faverge dans ce monde des années 1950 et 1960 où le travail est plus physique et où les transmissions de signaux informatifs sont relativement faiblement symbolisés. Il est particulièrement intéressant de constater et rappeler que ce courant de recherches est fortement présent dès les années 1980 dans des secteurs d’activité divers dont le développement technologique, en rapide et constante expansion, est venu bouleverser et modifier radicalement la quasi-totalité des situations de travail. Le propos des auteurs est de montrer que trente ans après la parution de l’ouvrage de référence de Ombredane et Faverge (1955), les principes fondant l’analyse du travail sont suffisamment robustes et évolutifs pour permettre l’analyse de situations de travail complètement nouvelles et inconnues de celles des années 1950. Aujourd’hui, presque 60 années après la parution de cet ouvrage ces concepts sont toujours riches de développements nouveaux adaptés aux nouvelles évolutions du travail. C’est ce qu’a mis en évidence la journée d’étude organisée par le GRESHTO-CRTD au CNAM en 2012 consacrée au livre d’André Ombredane et Jean-Marie Faverge publié en 1955: « L’analyse du travail. Facteur d’économie humaine et de productivité ». Faverge, repris par Karnas et Salengros, constate que l’ordre chronologique d’apparition des analyses du travail coïncide avec l’évolution des modifications technologiques et ergonomiques du travail. Citons le texte source: Dans le cadre de ce colloque concernant l’ergonomie informatique, les auteurs relèvent trois caractéristiques saillantes à prendre en compte dans l’analyse du travail: La prévision (par l’opérateur et non uniquement par un bureau des méthodes), la régulation de l’activité, la possibilité d’intervenir sur une chaîne de dysfonctionnements (Faverge et coll. (1966 p. 58)) sont des éléments forts de l’intérêt et des compétences déployées au travail et donc de la prise de pouvoir de l’homme sur son activité; ils sont des aspects importants à rechercher dans l’analyse du travail. Nous relions ces remarques aux travaux plus récents de Clot (2013, p. 148) lorsque, à propos d’une réflexion sur l’œuvre de Malrieu, il rappelle que Si nous revenons au texte de 1986 les auteurs notent dans un 2e point que, conjointement au développement de l’analyse du travail dans une perspective strictement ergonomique plus centrée sur le poste de travail in situ, des courants de recherches en psychologie sociale, sociologie, économie se sont intéressés aux contextes de vie dans lesquels le travailleur évolue. Les auteurs font référence aux études concernant les rapports entre la vie au travail et la vie hors travail abordant les questions des représentations du travail pour l’homme et des systèmes de valeurs liés. En évoquant les conflits temporels entre vie de travail et vie hors travail, ils signalent les réinterprétations possibles des seuils de déclarations d’accidents ou des facteurs influant sur l’absentéisme, d’où l’émergence de la notion de « style » qui permet de rendre compte de la façon dont chacun perçoit et règle sa vie au travail. …

Appendices