Recensions

Comparaison des régimes fédéraux, de Ronald L. Watts, Kingston, Institut des relations intergouvernementales, Queen’s University, 2e édition, 2002, 142 p. [Record]

  • Nelson Michaud

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  • Nelson Michaud
    École nationale d’administration publique

Au Canada, les questions constitutionnelles n’ont peut-être pas la faveur du public depuis un certain nombre d’années, mais elles demeurent néanmoins un incontournable filet sous-jacent à de nombreux débats de société. Pour ne citer qu’un exemple, que l’on songe aux pourparlers entre Ottawa et les provinces au sujet des systèmes de santé. Force est de constater que la nature fédérale du pays affecte directement les citoyennes et citoyens. L’ouvrage de Ronald L. Watts, dont la réédition vient de paraître en version française, demeure sans contredit une référence essentielle pour qui veut davantage comprendre ce qu’est ce système de gouvernement. Aujourd’hui, près de la moitié de la population mondiale vit dans un système fédéral et de grandes puissances autant que des puissances moyennes évoluent dans un tel cadre. De plus, après que le début des années 1990 ait été témoin de l’éclatement d’un certain nombre de fédérations, la fin de cette même décennie a, au contraire, permis d’en constater la réémergence sous différentes formes. Le sujet n’est donc pas périmé et l’utilité de l’information, qui nous est ici transmise de façon tout aussi précise que concise, ne fait aucun doute. Enfin, tout observateur peut facilement être absorbé par le contexte qui l’entoure ; l’apport de l’analyse de R. L. Watts permet de jeter un rapide coup d’oeil circulaire à partir duquel il est possible de prendre en considération d’autres contextes comparables sans être semblables. À cet égard, l’auteur prend d’ailleurs le soin de prévenir son lectorat des dangers que la richesse d’une approche comparative peut laisser en contre-jour. Dans cette deuxième édition, R. L. Watts ne modifie pas une formule qui a mérité, lors de la première édition, de nombreux commentaires fort élogieux. Cette deuxième mouture n’est toutefois pas qu’une réimpression d’un texte à succès. On y présente des statistiques mises à jour, notamment en ce qui concerne les finances, le pouvoir fédéral de dépenser et l’épineuse question des déséquilibres financiers, qu’ils soient verticaux (lorsque les responsabilités en termes de recettes ne correspondent plus aux responsabilités en termes de dépenses — comme s’en plaignent les premiers ministres provinciaux canadiens) ou horizontaux (lorsque la capacité de générer des recettes des diverses composantes varie au point où l’on ne peut plus assurer un panier de services comparables d’un province à l’autre). Ces phénomènes peuvent être endigués par les transferts de divers types, y compris la péréquation dont l’auteur traite également. La deuxième édition comporte aussi, et de manière plus intéressante, une nouvelle section placée dans l’introduction et qui fait ressortir le rôle de la forme fédérale comme véhicule d’expression des particularités d’une société. Cet ajout permet notamment de mieux mettre en lumière un élément entrelacé dans l’argumentaire, soit l’importance et l’influence des forces sociales comme facteurs qui sculptent les institutions fédérales. En bonifiant ainsi son texte, l’auteur répond du coup à une critique qui lui avait été adressée à la suite de la première édition. On peut donc dire qu’en soi, la deuxième édition vaut le coup de bousculer la première dans votre bibliothèque. Au-delà de ces mises à jour, la nouvelle production garde toutefois les éléments forts qui avaient fait le succès de l’édition antérieure. Bien que le chapitre 2 brosse un portrait sommaire, mais efficace des fédérations retenues aux fins de l’étude, celles-ci ne sont pas traitées au fil de l’ouvrage verticalement, en silo, selon leur dénomination géographique. Elles se chevauchent plutôt à l’intérieur d’une lecture thématique horizontale qui permet d’amorcer sans attendre une réflexion sur le thème abordé, ce qui constitue indéniablement une qualité pédagogique de l’ouvrage. Le choix des fédérations retenues est aussi probant. Bien qu’il ne s’agisse pas …