Le lobby du Québec à Paris de Paul-André Comeau et Jean-Pierre Fournier, Montréal, Québec Amérique, 2002, 208 p.[Record]

  • Roger Ouellette

…more information

  • Roger Ouellette
    Université de Moncton

Cet ouvrage découle d’un séminaire de l’École nationale d’administration publique (ÉNAP) portant sur les « retrouvailles entre la France et le Québec des années 1960 » (p. 14) tenu à l’automne 2001. L’hôte de ce séminaire, Bernard Dorin, Ambassadeur de France, et, à ce moment-là, professeur invité à l’ÉNAP, « a accepté de témoigner au sujet de son implication dans le groupe de pression du Québec à Paris » (p. 14). « De semaine en semaine, un ancien premier ministre, M. Jacques Parizeau, plusieurs anciens ministres, des hauts fonctionnaires de l’époque, la plupart des délégués généraux qui se sont succédé à Paris depuis 1961, des observateurs de la scène politique et quelques historiens ont joué le rôle d’interlocuteurs privilégiés. En confrontant leurs points de vue avec les idées développées par l’ambassadeur ainsi placé sur la sellette, ils ont contribué à jeter un éclairage multiple sur les divers événements de cette époque charnière » (p. 14). Ce « Lobby » regroupait, autour de B. Dorin et Philippe Rossillon, un cercle restreint de hauts fonctionnaires français voués à la promotion et à la défense des intérêts du Québec en France. Je dois avouer d’emblée que j’ai lu l’ouvrage de Paul-André Comeau et Jean-Pierre Fournier avec les lunettes de celui qui a vu à l’oeuvre « Le Lobby du Québec à Paris ». Il s’agissait plutôt, pour paraphraser les auteurs, du Lobby de l’Acadie à Paris. En effet, mes années d’études à Paris m’ont amené à fréquenter l’association Les Amités acadiennes dont le président fondateur était Philippe Rossillon. Il sera remplacé à sa mort par B. Dorin. De retour en Acadie, j’ai pu, en tant que président de la Société nationale de l’Acadie, mesurer l’efficacité du « Lobby » pour la cause de l’Acadie en France. J’ai donc rencontré à de multiples reprises P. Rossillon tant à Paris qu’en Acadie. P. Rossillon étant décédé, B. Dorin demeure le seul survivant du « tout petit noyau du lobby francophone » (p. 23). Je peux comprendre que les auteurs de l’ouvrage l’ont longuement interviewé pour connaître le point de vue français sur les relations privilégiées entre le Québec et la France, et connaître les dessous du fonctionnement du « Lobby ». Ce livre, de l’aveu même de ses auteurs, est « centré sur le témoignage de l’ambassadeur Bernard Dorin » (p. 10). Sa seconde partie est constituée d’un entretien entre P.-A. Comeau et B. Dorin. Ce dernier occupe donc la place centrale d’un ouvrage que je pourrais qualifier de bancal. En effet, la première partie repose sur plusieurs témoignages d’acteurs tels Jacques-Yvan Morin, Yves Michaud, Jean Chapdelaine, Claude Roquet, etc. qui s’avèrent une source d’information variée lorsqu’il s’agit de connaître le point de vue québécois. En revanche, seul B. Dorin présente la version française des faits. De plus, les auteurs n’ont pas, à toutes fins utiles, consulté des ouvrages pertinents ni les archives canadiennes et françaises afin de vérifier la véracité des propos de B. Dorin. L’ouvrage contient une courte bibliographie mais presque pas de références bibliographiques. Paul-André Comeau et Jean-Pierre Fournier ont eu une confiance quasi aveugle en leur principale source d’information. Malheureusement pour eux, la lecture de leur ouvrage montre qu’ils ont eu tort. Je donnerai comme exemples deux cas où les propos de B. Dorin relèvent de l’affabulation ou carrément du mensonge. B. Dorin affirme que c’est lui et P. Rossillon qui, malgré l’hostilité du Quai d’Orsay, ont pu, avec l’aval de l’Élysée, faire en sorte que des stagiaires québécois puissent être admis à l’École nationale d’administration (ÉNA). « M. Burin des Roziers (secrétaire général de la présidence) m’a donc procuré l’ordre …