Recensions

Misplaced Distrust : Policy Networks and the Environment in France, the United States, and Canada d’Éric Montpetit, Vancouver, University of British Columbia Press, 2003, 168 p.[Record]

  • Junichiro Koji

…more information

  • Junichiro Koji
    Université d’Ottawa

L’ouvrage d’Éric Montpetit traite une question pertinente en études de la gouvernance : la méfiance des citoyens à l’égard des gouvernements des pays industrialisés. L’auteur, spécialiste en politique publique, la remet en question. Il tente de démontrer que les pays développés sont plus ou moins bien gouvernés et que leurs structures de gouvernance, entre autres les réseaux de politiques, méritent la confiance des citoyens, en s’appuyant sur ses études comparées sur l’évolution de la politique agroenvironnementale en France, aux États-Unis et au Canada. Il essaie également de prouver le rapport causal entre la structure des réseaux de politiques et la performance de gouvernance qui n’est pas bien exploré en études des réseaux de politiques. L’ouvrage comprend sept chapitres, mais pourrait se diviser en trois grandes parties. Les trois premiers sont consacrés aux volets théorique et méthodologique. Le chapitre introductif porte sur l’élaboration de la problématique et explique les concepts principaux pour ce voyage intellectuel. D’abord, l’auteur associe la performance de gouvernance à celle des réseaux de politiques. En supposant que la gouvernance soit la capacité d’un gouvernement à répondre aux attentes des citoyens, l’auteur tient la gouvernance pour un produit des relations complexes dans les réseaux de politiques entre les acteurs étatiques et sociétaux. Les réseaux de politiques se définissent comme des « structures qui règlent les interactions des acteurs étatiques et sociétaux dans le processus de gouvernance » (p. 4). Comment pouvons-nous alors évaluer la performance ou la pertinence des réseaux de politiques ? L’auteur suggère une distinction entre la « légitimité axée sur les entrées » (input-oriented legitimacy) et la « légitimité axée sur le produit des politiques » (output-oriented legitimacy) (p. 6). La première concerne la légitimité d’institutions politiques telle que la représentation de la population, tandis que la seconde, sur laquelle l’auteur met plus d’accent pour l’évaluation des réseaux de politiques, porte sur la légitimité de performance de politiques qui résulte de la résolution efficace des problèmes collectifs (p.7). L’auteur choisit la politique agroenvironnementale de trois pays avancés (la France, les États-Unis et le Canada) comme étude de cas pour l’estimation de la gouvernance, car 1) le problème de la pollution agricole est actuellement l’un des problèmes les plus sérieux ; 2) c’est un problème que nous savons contrôler ; et 3) c’est un problème postmatériel auquel les citoyens deviennent de plus en plus sensibles et pour lequel ils demandent des actions gouvernementales. Le deuxième chapitre aborde l’élaboration d’une méthode pour estimer la performance de la politique agroenvironnementale. L’auteur examine d’abord deux méthodes existantes. En premier lieu, « l’approche axée sur l’objectif » (objective-oriented approach) ne convient pas à cause de difficultés concernant l’identification d’objectifs précis, l’interprétation des résultats des politiques, la comparaison de données scientifiques non normalisées mondialement et la possibilité d’interventions d’autres facteurs. En deuxième lieu, « l’approche axée sur la solution » (solution-oriented approach) n’est pas plus appropriée à cause du manque de consensus sur la définition des solutions parmi les communautés d’experts qui partagent un paradigme de politiques (epistemic communities). L’auteur relève trois communautés concurrentes — les scientifiques écologistes, les analystes du système agricole et l’agriculture alternative — qui ont du mal à faire converger les instruments de politiques (policy instruments). Étant données les difficultés des deux approches existantes, il propose « l’approche axée sur le problème » (problem-based approach) qui prête attention aux trois principes globaux de la politique agroenvironnementale partagés par toutes les communautés épistémiques : le niveau d’intervention étatique (intrusiveness), l’étendue des instruments de politiques (comprehensiveness) et la sensibilité à la …