Recensions

La métamorphose de la population canadienne, de Jacques Henripin, Montréal, Les Éditions Varia, 2003, 295 p.[Record]

  • Marc Termote

…more information

  • Marc Termote
    Institut national de la recherche scientifique (INRS)
    Centre interuniversitaire d’études démographiques (CIED)

L’objectif de cet ouvrage est, pour reprendre les termes de son auteur, de « faire l’histoire d’une population », en l’occurrence la population canadienne, ce qui signifie, nous est-il rappelé, « faire de la démographie sociale à long terme » (p. 11). Il s’agit là d’un objectif particulièrement ambitieux, non seulement parce que, par définition, le champ à couvrir est vaste (depuis la préhistoire, la population canadienne a connu bien des « métamorphoses »), mais aussi parce que, comme le rappelle l’auteur, en matière démographique, « les relations de cause à effet sont bien difficiles à démontrer ». Sur ce point, il faut donc être modeste : le mieux que l’on puisse faire c’est « placer les faits de population en contexte ». Telle est précisément la perspective adoptée par l’auteur. L’ouvrage comporte deux parties, de nature et de longueur différentes. La première est consacrée aux « grandes étapes de la métamorphose » et présente, en une cinquantaine de pages, les événements et les mouvements démographiques majeurs qu’a connus le territoire canadien depuis le mésolithique jusqu’à aujourd’hui (chapitres un à quatre), ainsi que les tendances fondamentales que l’on peut dégager pour les cinquante prochaines années (chapitre cinq). La deuxième partie, qui s’étend sur près de 220 pages, porte sur les phénomènes majeurs qui ont modifié la démographie et la société canadiennes au vingtième siècle. Décrire en quelque 50 pages l’histoire de la population canadienne pour une période s’étendant sur des dizaines de milliers d’années ne peut évidemment se faire qu’à très gros traits. Le chapitre un est intitulé « Le passage du mésolithique à l’âge de fer », mais – malgré son titre… – traite essentiellement des dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, ces deux derniers siècles faisant également l’objet des deux brefs chapitres suivants (chapitre deux : « Le déferlement des Britanniques : 1760 à 1860 » ; chapitre trois : « L’attrait des États-Unis : 1860-1900 »). Les chapitres quatre et cinq présentent respectivement les « Étapes majeures du XXe siècle » et les principaux résultats des prévisions démographiques pour « Le demi-siècle qui vient ». Décrire en quelques dizaines de pages l’évolution d’une population sur une très longue période exige évidemment de faire des choix. Ceux que propose J. Henripin nous semblent judicieux. Grâce au style alerte qui caractérise ce dernier, la lecture de cette première partie met le lecteur en appétit, car la pièce de résistance se trouve en fait dans les quelque 220 pages consacrées au vingtième siècle. La structure de cette deuxième partie est assez traditionnelle sur le plan de la démographie. Après avoir examiné l’évolution des effectifs (chapitre six) et de la structure par âge (chapitre sept), l’auteur analyse successivement l’évolution de la mortalité (chapitre huit), de la fécondité (chapitres neuf et dix), de la famille (chapitre onze) et de la migration (chapitre douze). Un bref aperçu de la diversité culturelle termine cette partie. On remarquera l’importance accordée à la fécondité et à la famille (trois chapitres sur huit), ce qui reflète sans doute la prédilection que J. Henripin a manifestée pour ce domaine pendant sa longue carrière de chercheur. On a beau être, comme le clame la quatrième page de couverture, le « plus ancien routier de la démographie au Canada », on ne peut couvrir avec la même expertise tous les phénomènes démographiques. Le titre attribué par l’auteur à chacun des chapitres exprime généralement très bien le résultat principal dégagé dans ces chapitres. Aussi, en intitulant le chapitre six « Comment la population canadienne s’est multipliée par six… ou presque », l’auteur résume-t-il excellemment la remarquable croissance de la population canadienne …