Recensions

Où va la social-démocratie européenne ? (débats, enjeux, perspectives), sous la dir. de Pascal Delwit, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2004, 266 p.[Record]

  • André Lamoureux

…more information

  • André Lamoureux
    Cégep André-Laurendeau

À l’heure où les partis sociaux-démocrates sont au pouvoir dans plusieurs États du continent européen, cet ouvrage porte un nouveau regard sur les multiples transformations en cours au sein de la social-démocratie européenne. Réalisée par un collectif de douze politologues dirigés par Pascal Delwit, professeur à l’Université Libre de Bruxelles, cette publication présente des analyses de portée générale ou transversale, de même que des regards nationaux sur la social-démocratie. C’est notamment le cas de l’expérience du New Labour en Grande-Bretagne ainsi que celle du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) en Espagne, reporté au pouvoir en mars 2004. Le coeur de la réflexion suscitée par ce livre se rattache à une question fondamentale, à savoir que la social-démocratie est en processus de redéfinition dans un contexte de néolibéralisme, de mondialisation et d’intégration européenne, notamment après la chute du mur de Berlin et la fin des régimes dits communistes d’Europe de l’Est. Cette redéfinition est à la fois idéologique, programmatique et organisationnelle. Malgré cet arrière-plan de mondialisation et d’intégration européenne, Pascal Delwit soutient que la thèse annonçant un déclin de la social-démocratie est à revoir puisqu’on assiste, depuis la fin des années 1990, à un « retour magique » de la social-démocratie dans la plupart des pays européens, y compris en Europe centrale et en Europe orientale. Le livre analyse donc les mutations et le futur de la social-démocratie dans un tel contexte. Sur l’essentiel, déployés dans les quatorze chapitres que compte ce livre, les différents thèmes abordés par les auteurs recoupent quatre questions fondamentales : le virage idéologique et programmatique majeur que la social-démocratie emprunte ; les changements structurels quant aux liens entre la social-démocratie et la société civile ; les performances électorales et l’évolution des adhésions au sein des partis sociaux-démocrates ; et, enfin, les développements en Europe centrale et en Europe orientale. De manière subsidiaire, le livre traite de la question des alliances idéologiques et stratégiques favorisées par les partis sociaux-démocrates dans le contexte actuel. La première grande problématique soulevée par cet ouvrage est celle de la caractérisation et de l’appréciation du virage idéologique et programmatique effectué par la social-démocratie dans le sens d’une « troisième voie ». Cette nouvelle orientation a pris la forme du New Labour, ou néotravaillisme, en Grande-Bretagne, sous la gouverne de Tony Blair. Mais elle a été précédée en Espagne par une gestion socialiste timorée et semblable menée par Felipe González de 1982 à 1996, gestion souvent qualifiée de « rose pâle ». À propos de ce tournant de la social-démocratie, un excellent texte de Gerassimos Moschonas, « Au bord de la rupture », aborde de manière générale la rupture des sociaux-démocrates avec leur programme historique. Le texte de David S. Bell, « La troisième voie dans une perspective comparée », est consacré à la troisième voie dans le cas britannique. Quant à G. Moschonas, il considère que le virage de la social-démocratie depuis les années 1980 vers un socialisme affadi, tiédi et éloigné de la tradition du socialisme démocratique, s’inscrit dans le contexte de la pression du néolibéralisme sur les grandes organisations social-démocrates. Celles-ci, explique-t-il, ont fait leur choix, à savoir l’option néolibérale qui cesse d’être assumée « comme une contrainte » et qui est devenue « une composante naturelle et centrale de l’univers de la social-démocratie ». Pour G. Moschonas, le changement idéologique qu’a opéré la social-démocratie n’est pas une « simple correction », mais bien une révision décisive et radicale de son programme. « Jamais la social-démocratie n’est allée aussi loin », précise-t-il. Signalons que la démonstration de cet auteur est articulée et convaincante. Pour sa part, D. Bell reconnaît …