Recensions

Révolution libérale et gouvernance mondiale de Bruno Munier, Paris, Les Éditions Fasal, 2005, 296 p.[Record]

  • Pierre-Louis Malfatto

…more information

  • Pierre-Louis Malfatto
    Université du Québec à Montréal

Après une préface — faut-il l’admettre — aussi courte qu’insipide d’Alain Madelin (« ancien ministre » français), Bruno Munier nous prévient que « l’esprit humain a tendance à se méfier et [à] craindre ce qu’il ne comprend pas et doit pourtant subir ». Il se propose alors de nous enseigner les bienfaits de la mondialisation puisque, « victimes d’une fâcheuse tendance à ne distinguer que les désagréments que nous procure le changement, nous négligeons au passage les avantages que l’on en tire » (p. 9). La première partie de l’ouvrage est ainsi consacrée aux principes et aux effets de la mondialisation libérale. B. Munier s’efforce de démontrer que « le libéralisme est un humanisme » (p. 11) qui s’oppose au fascisme comme au marxisme. Sa définition du libéralisme — pensée philosophique touchant aussi bien la politique, l’économie, le droit, la sociologie que la culture (p. 14) — l’amène à conclure que « les pauvres ont [...] tout à gagner de la libéralisation des échanges au marché mondial » (p. 18) s’ils adaptent leur production à la demande extérieure. Selon lui, cette adaptation est irrémédiable et ne laisse place à aucune alternative. Aller à l’encontre de la mondialisation, ne serait-ce qu’en restant passif face au phénomène, « serait aussi coupable que dangereux que de succomber aux prêches apocalyptiques ou aux dogmes démagogiques et populistes d’illuminés rêvant de stopper la dynamique mondiale » (p. 20). L’auteur insiste sur l’idée que cette adaptation est le fruit d’un choix vers la mondialisation, choix qui ne peut en aucun cas être source de pauvreté (p. 24). L’ouvrage revient sur les origines de la mondialisation qui plonge ses racines dans la dynamique d’échange entre les communautés humaines, « concept vieux comme le monde » né de la sédentarisation de l’homme ayant conduit à la division du travail (p. 28-29). Ce ne sont donc que son intensité, son ampleur et sa vélocité qui font du processus de mondialisation actuelle son originalité (p. 31). L’échange est, selon B. Munier, source extraordinaire de progrès qui « participe ainsi à libérer les hommes de leurs entraves, concourant pleinement à véhiculer les idées de démocratie et de liberté, de respect des Droits de l’homme, et les Droits des femmes » (p. 36). Certes, les conditions de vie sont encore bien disparates aux quatre coins de la planète, mais il est indéniable que, de manière générale, elles se sont grandement améliorées grâce à la mondialisation (p. 37). L’accélération sans précédent des échanges repose en grande partie sur l’ordre international mis en place à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est cette institutionnalisation des relations internationales qui a permis la croissance économique sur laquelle s’appuie le développement pour lequel « la libéralisation des échanges constitue une condition nécessaire et absolue » (p. 40). B. Munier s’applique alors à analyser les conditions et les perspectives du développement (chapitre 2). Il considère que la majorité des « altermondialistes » représente de « véritables et indéfectibles adversaires de la liberté, du marché, et de la démocratie telle que nous la concevons » (p. 46). Pour lui, « le propos et les analyses anti-mondialistes [reposent sur] mystifications, erreurs de raisonnement et tromperies » (p. 50). Si un milliard de personnes contrôlent 80 % du produit intérieur brut (PIB) mondial alors que un autre milliard lutte pour survivre avec moins de un dollar par jour, ce n’est pas tant la faute du capitalisme que de « leurs propres difficultés à intégrer le marché mondial pour s’inscrire dans la division internationale du travail, et investir par la suite dans le développement de leur économie » (p. 56). Il …