Recensions

Dictionnaire de la pensée sociologique, sous la dir. de Massimo Borlandi, Raymond Boudon, Mohamed Cherkaoui et Bernard Valade, Paris, Presses universitaires de France, collection « Quadrige dicos poche », 770 p.[Record]

  • Jean-François Lessard

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  • Jean-François Lessard
    Université de Montréal

Les Presses universitaires de France ont entrepris depuis quelques années de rééditer un certain nombre d’ouvrages de référence en format poche dans la collection « Quadrige dicos poche ». On trouve dans cette collection : Le dictionnaire de philosophie politique (2003), Le dictionnaire d’éthique et de philosophie morale (2004), Le dictionnaire de la psychologie (2007), Le dictionnaire historique de la Révolution française dirigé par Albert Soboul (2005), Le dictionnaire européen des Lumières (2007), Le dictionnaire de la géographie (2006) et Le dictionnaire de l’Antiquité (2005). La réédition de ces ouvrages en format poche les rend accessibles à de nouveaux publics, particulièrement aux étudiants désireux de solidifier leur culture générale. La publication du Dictionnaire de la pensée sociologique directement en format poche est une bonne nouvelle. Il s’agit d’un projet ambitieux et qui se démarque de la plupart des autres dictionnaires de sociologie. Ce dictionnaire ne se veut pas uniquement centré sur la pratique sociologique, ni limité pas aux concepts et aux théories sociologiques. D’aucuns, non sans raison, ont déjà dénoncé les visées « impérialistes » de cette discipline. Les directeurs de cet ouvrage ont plutôt cherché à mettre l’accent sur une conception de la sociologie comme discipline carrefour. C’est d’ailleurs pourquoi on y trouve plusieurs entrées qui constituent un véritable pont entre la sociologie et d’autres disciplines : « biologie et sociologie », « géographie et sociologie », « histoire et sociologie », « mathématique et sociologie », « philosophie et sociologie », « psychanalyse et sociologie ». Les spécialistes qui ont contribué à ce Dictionnaire de la pensée sociologique sont issus de diverses disciplines des sciences sociales. Il est aussi intéressant de mentionner que, fait rare dans l’édition francophone, presque le tiers des articles proviennent de non-francophones. Un grand nombre d’articles sont le fait de chercheurs anglophones ou germanophones. Cet ouvrage de référence se veut un juste équilibre entre théories, concepts, institutions et auteurs. Dans l’ensemble, il répond aux attentes. Néanmoins, on doit souligner un léger décalage entre, d’une part, les entrées qui couvrent les concepts et les théories et, d’autre part, les entrées portant sur les auteurs. Les directeurs du dictionnaire ont décidé d’écarter de la liste « tous ceux qui sont encore de ce monde ». C’est ce qui explique que des noms tels que Zygmunt Bauman, Ulrich Beck, Anthony Giddens ou encore Daniel Bell, François de Singly, Will Kymlicka et Alain Touraine soient absents. On le regrette. Cela aurait permis de mieux situer le positionnement de chacun dans le domaine sociologique. Par contre, les entrées concernant les concepts sont très à jour. Les articles sur des thèmes comme le communautarisme, l’identité, la mondialisation, les réseaux ou la violence urbaine permettront d’enrichir la réflexion sur les débats et les interrogations sociologiques actuels. On y retrouve sans surprise les pères fondateurs de la discipline : Max Weber, Émile Durkheim, Gabriel Tarde, Vilfredo Pareto ; les grands noms : Raymond Aron, Pierre Bourdieu, Marcel Mauss, Georg Simmel ; mais également ceux qui ont marqué la sociologie sans pour autant avoir eu le rayonnement qu’ils auraient peut-être mérité : Fernand Dumont, Gino Germani, Henri Hubert, Alfredo Niceforo, René Worms, Florian Znaniecki. L’ouvrage permettra sans aucun doute d’ouvrir de nouveaux horizons à tous ceux qui s’intéressent à la sociologie et, de manière plus large, aux sciences sociales. Un seul regret : on aurait aimé que ce dictionnaire soit plus volumineux. Avec ses 220 chercheurs qui ont contribué à autant d’entrées, 770 pages sont finalement peu ; nous sommes loin des 2 200 pages, pour un nombre similaire d’entrées, du Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale dirigé par Monique Canto-Sperber. Les différents …