Recensions

L’e-gouvernement pour la bonne gouvernance dans les pays en développement : l’expérience du projet eFez, de Driss Kettani et Bernard Moulin, Québec, Presses de l’Université Laval, 2014, 348 p.[Record]

  • Élisabeth Basemeg Kihel

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Alors que les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont pour les pays développés une possibilité extraordinaire et prometteuse, les pays en développement et moins développés (PED/PMD), en général, ne sont pas encore engagés dans l’ère numérique (p. 2). Bien que souvent les TIC y soient développées et utilisées, il s’agit régulièrement d’un phénomène à la mode, mal conçu et inadapté à l’usage public et sans valeur ajoutée pour le citoyen. L’ouvrage de Driss Kettani et Bernard Moulin offre un éclairage inestimable, car il introduit la question de l’utilisation des TIC dans le secteur public afin de favoriser la bonne gouvernance et le bien-être des citoyens. À travers l’utilisation des TIC, l’ouvrage traite plus spécifiquement de deux questions fondamentales, celle de la livraison des services aux citoyens et, à plus grande échelle, celle de la bonne gouvernance et de la participation citoyenne. Résultat de la mise en oeuvre du projet eFez qui visait à développer un système d’e-gouvernement pilote (p. 14), l’ouvrage aborde les réalités de cette expérience dans le domaine des TIC pour le développement (ICT4D), dans un contexte de PED/PMD. Aux dires mêmes des auteurs, le projet eFez y est présenté dans son intégralité et sous la forme de manuel, afin qu’il puisse être utilisé comme support de formation (p. 27). La dimension « manuel » est en effet parfaitement perceptible dès la lecture de la structure du livre. Tout en minimisant les explications théoriques (p. 29), l’ouvrage couvre les aspects techniques et appliqués et tente de répondre à un certain nombre de questions de recherche d’importance majeure concernant l’e-gouvernement et la bonne gouvernance locale dans les pays en développement. Tout d’abord, Kettani et Moulin examinent le contexte en deux chapitres : « le contexte global » qui a conduit à la rédaction du livre, puis « les deux facettes des TIC pour le développement », chapitre qui couvre le contexte indispensable à la compréhension de l’e-gouvernement pour le développement. La manière de titrer chacun de ces développements est significative du souci de contextualiser au mieux les enjeux de l’inscription des TIC dans l’e-gouvernement pour le développement et d’englober beaucoup des notions fondamentales et pratiques qui régissent et définissent les systèmes d’e-gouvernement. Cela permet d’éclairer notre compréhension des opportunités formidables et des menaces qu’amènent les deux facettes contradictoires de la technologie, soit la « facette positive » qui permet le développement et la « facette négative » qui renforce l’isolation. Pour ce faire, les auteurs offrent un intéressant rappel de l’historique de l’évolution des TIC et font une démonstration contrastée du bien-fondé des TIC pour le développement, soulignant au passage les liens possibles de la « fracture numérique » avec d’autres disparités dans le développement des sociétés. L’informatique omniprésente est une tendance bien établie ! À ce sujet, Kettani et Moulin soulignent avec insistance ses effets transformateurs au point de considérer que les TIC sont un catalyseur indispensable à la promotion du développement humain et social dans les pays en développement (p. 55). Contrairement à une conception de l’ICT4D liée aux matériels performants, au développement de pages Web…, les auteurs voient plutôt l’utilisation des TIC comme un moyen de favoriser le développement et de lutter contre la fracture numérique. Cette première partie confirme aussi de manière claire et détaillée comment les systèmes d’e-gouvernement peuvent aboutir à une meilleure gouvernance et soulève en même temps les défis de la construction de tels systèmes (chap. 3). L’accent est mis sur le renforcement de l’e-gouvernement afin de surmonter les faiblesses de la gouvernance traditionnelle, notamment l’absence d’ouverture, une corruption excessive et le manque de responsabilité des décideurs et des …