Recensions

Gouvernance communautaire et innovations au sein de la francophonie néobrunswickoise et ontarienne, sous la dir. de Linda Cardinal et Éric Forgues, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. « Langues officielles et sociétés », 2015, 285 p.[Record]

  • Anne Boily

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En cherchant à documenter l’évolution de l’action des communautés francophones en situation minoritaire dans le contexte de la gouvernance communautaire depuis les années 1990 et 2000 (p. 7, 12), Linda Cardinal et Éric Forgues proposent un recueil d’études de cas menées en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Ils présentent quelques résultats du programme de recherche collaborative portant sur le thème de l’innovation dans la gouvernance communautaire, mené par l’Alliance de recherche Les savoirs de la gouvernance communautaire (située à l’Université d’Ottawa) (p. 1). L’ouvrage de douze chapitres (avec l’introduction et la conclusion) est divisé en deux parties : la première, de quatre chapitres, porte sur la gouvernance communautaire comme « nouveau levier pour l’action publique » (p. 23). La seconde partie, de six chapitres, explore l’innovation dans la gouvernance, au moyen d’outils potentiellement innovateurs dans l’action publique (p. 121). Les notions de gouvernance communautaire et d’innovation sont centrales à l’ouvrage. La gouvernance se développe dans le contexte où plusieurs acteurs autres que l’État interviennent dans la formulation des politiques publiques (p. 4). Elle est caractérisée par la pluralité d’acteurs impliqués, le mode de décision consensuel ainsi que la négociation et le compromis comme moyens décisionnels (p. 9). L’innovation est conceptualisée dans le premier chapitre de la seconde partie du recueil par Martin Normand. Elle est entendue comme porteuse de nouveauté et de changement, capable de diffuser une innovation « réussie », répondant à un problème ciblé et menant à un changement durable et susceptible d’être évalué (p. 125-126). Dans la gouvernance communautaire, l’innovation accorde une place centrale aux acteurs qui sont « co-constructeurs de savoirs » (p. 141). La première étude est celle de Rémi Léger, qui se penche sur la gouvernance communautaire comme « nouveau projet normatif » en la situant dans son « contexte d’apparition », soit dans les années 1980 et 1990 (p. 25-27). Léger soutient que la gouvernance émerge avec la fin du dualisme canadien et l’avènement d’une nouvelle gouvernance des langues officielles (p. 27). La « gouvernance linguistique » qui est mise en place accorde davantage d’espace aux entreprises privées et aux organismes communautaires dans la prise de décisions (p. 35). Dans le domaine des arts et de la culture, Éric Champagne et Olivier Choinière proposent une étude du cas de la Place des Arts à Sudbury dans sa phase initiale (p. 46), un projet lancé par le Regroupement des organismes culturels de Sudbury (ROCS). Les auteurs problématisent la « collaboration interorganisationnelle » entre les partenaires du ROCS et les réseaux qui sont situés dans l’environnement de ce regroupement, comme le secteur privé ou la population en général (p. 46). Afin de faire accepter le projet, il importe de maintenir une approche inclusive entre les huit membres du ROCS et de mettre l’accent sur les retombées positives du projet de la Place des Arts lorsque celui-ci est soumis aux acteurs hors de la communauté (p. 56-58). Toujours en Ontario, Mireille Paquet et Caroline Andrew étudient les résultats directs ainsi que les adaptations nées du processus de la gouvernance dans les réseaux de soutien à l’immigration francophone (p. 70). Elles remarquent une augmentation du niveau de confiance et d’engagement des acteurs envers le processus, l’apparition d’un certain consensus face à l’objet de la participation et l’augmentation de la capacité d’action commune (p. 85-87). Quant aux résultats de cette gouvernance, malgré quelques tensions inévitables dans le travail vers leur atteinte, ils sont somme toute positifs et ne permettent pas de remettre en question la forme de gouvernance que sont ces réseaux de soutien à l’immigration francophone (p. 71, 92). Dans une étude de cas portant sur le Réseau-action …