Recensions

Social-démocratie 2.1 : le Québec comparé aux pays scandinaves, sous la dir. de Stéphane Paquin, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2016 [2e éd.], 484 p.[Record]

  • Abdelkarim Amengay

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Sous la direction de Stéphane Paquin, Social-démocratie 2.1 : Le Québec comparé aux pays scandinaves propose une analyse exhaustive des politiques sociales qui caractérisent les social-démocraties scandinaves dans une perspective comparative avec le Québec. Tout au long de ses vingt chapitres, l’ouvrage tente d’identifier les leçons que peut tirer la belle province du modèle socioéconomique de ces pays qui ont su allier performances économiques et politiques sociales progressistes. Ceux-ci garantissent des droits sociaux importants à l’ensemble des individus sans pour autant rejeter l’économie du marché et font preuve d’une grande capacité d’adaptation face à la mondialisation (chap. 1). Ainsi, malgré une fiscalité et une syndicalisation des plus élevées, la compétitivité des pays scandinaves ne s’est jamais démentie. L’exemple en est leur grande attractivité des investissements directs étrangers (chap. 2). Leur secret ? La recherche du compromis qui a toujours caractérisé la gestion des relations industrielles entre syndicats et patronats (chap. 4). Au coeur de ce « néocorporatisme » suédois se trouvent trois principes : l’égalité salariale entre les secteurs économiques, l’acceptation de la disparition des entreprises non rentables ou non compétitives et des politiques publiques favorisant la réintégration rapide au marché de l’emploi pour les personnes qui le perdent. Certes, ce modèle a pu être remis en question à partir des années 1980 dans un contexte de crise économique, d’affaiblissement de l’unité syndicale et de consentement des employés du secteur public à lier leur rémunération à la performance. Néanmoins, l’attachement des Scandinaves à leur modèle social reste très fort (chap. 6). Au Québec, sans qu’elle ne soit totalement absente, la culture de concertation dans la gestion des relations industrielles ne semble pas avoir produit d’aussi bons résultats, notamment en matière de lutte contre les inégalités, et ce, en raison de la faible institutionnalisation des mécanismes gouvernant les relations industrielles dans la province (chap. 5). En effet, si le Québec affiche des performances économiques assez proches des pays scandinaves en ce qui concerne la croissance et l’emploi, les inégalités socioéconomiques y demeurent plus élevées (chap. 3). Ce retard du Québec s’explique par au moins deux éléments. Premièrement, les compétences civiques qui reflètent « la capacité des citoyens à comprendre la réalité politique ainsi qu’identifier les alternatives en matière de partis et de politiques publiques proposées » (p. 161). Plus élevées, elles nécessitent une participation accrue des citoyens, notamment les plus défavorisés qui y gagnent en influence sur les décideurs politiques. Or, en moyenne, les compétences civiques des Québécois s’avèrent moins élevées que celles des Scandinaves (chap. 7). Deuxièmement, la structure inadaptée de la fiscalité québécoise : fortement axée sur la taxation des revenus, celle-ci ne favoriserait pas la compétitivité du Québec. En effet, les social-démocraties nordiques ont opté pour la taxation de la consommation afin de financer leurs programmes sociaux coûteux et préserver la compétitivité de leurs entreprises. L’illustration parfaite en est le Danemark et sa « TVA sociale » (chap. 8 et 9). En Norvège, l’État dispose également d’importants revenus provenant des hydrocarbures. Cependant, il y a peu de chances que le Québec s’inspire de ce pays vu les logiques originelles totalement différentes qui y ont gouverné l’exploitation pétrolière. D’un côté, la prise de risque liée à l’exploration par l’État québécois conduira à l’échec de l’industrie dès les années 1980. De l’autre côté, l’industrie pétrolière sera initialement développée par le privé. Ce n’est qu’une fois sa rentabilité avérée que l’État norvégien s’imposera dans le secteur grâce à une société publique qui lui assura d’imposantes ressources financières (chap. 10). En matière d’éducation, les pays scandinaves affichent également des résultats enviables à plusieurs égards. Leurs universités publiques sont très bien représentées dans …