Abstracts
Résumé
Cet article examine un certain nombre de miracles racontés par Alphonse X dans les Cantigas de Santa Maria, ces derniers décrivant comment la Vierge Marie prit la défense de ses fidèles contre leurs ennemis musulmans. Ces miracles de la Vierge ont été puisés dans une grande variété de sources par le roi lui-même et aussi par ses collaborateurs. Nous les comparerons donc avec d’autres miracles d’origine ibérique. Ces deux catégories de légendes sont souvent regroupées autour d’images apotropaïques de la Vierge où cette dernière manifeste son pouvoir. L’image se retrouve ainsi au centre du conflit qui oppose les fidèles de religions opposées. L’antipathie des Musulmans envers l’image de Vierge et leur rejet de celle-ci marquent leur différence avec leurs rivaux chrétiens. Dans la plus grande partie des légendes analysées, la Vierge prend dans la bataille une position défensive plutôt qu’offensive. Nous examinerons aussi la façon dont les deux séries de miracles se différencient les uns des autres dans le traitement des rapports entre les Chrétiens et les Musulmans. Dans le premier groupe, ces derniers sont habituellement caractérisés comme des iconoclastes belliqueux et les Chrétiens comme d’innocentes victimes. Dans le second, les Musulmans sont présentés sous un jour plus favorable et les Chrétiens ne sont plus complètement stéréotypés comme héros. La juxtaposition entre des légendes plus anciennes et d’autres plus récentes pourrait donc avoir fait comprendre aux membres de la cour d’Alphonse X que le Vierge, qui avait défendu les Chrétiens dans le passé, était encore une force tout aussi vitale dans le Xllle siècle de la Castille-León.