Abstracts
Résumé
Retraçant la réception des artistes-écrivains de la génération des expressionnistes abstraits et de celle de la génération minimaliste et les mettant en contraste, l’auteur évalue les conditions qui ont motivé un changement du statut des écrits d’artistes ; cette activité, qui avait d’abord été perçue comme une forme d’anomalie, allait en effet devenir une pratique tout à fait légitime et même instrumentale au succès de l’artiste. Alors que des artistes-écrivains tels Barnett Newman et Robert Motherwell avaient dû faire face à la méfiance et l’hostilité, Donald Judd a d’emblée été accepté comme un critique. Son essai « Specific Objects », même s’il s’en est défendu, a été lu comme un manifeste pertinent à son art ; il en fut de même de beaucoup d’autres minimalistes qui ont joint à leur pratique d’artistes une activité récurrente de critiques. Les raisons de ce changement sont multiples. Les artistes expressionnistes abstraits étaient reconnus pour avoir pratiqué une peinture instinctive, à laquelle s’opposait l’écriture, identifiée à un intellectualisme dont se méfiait la mentalité du temps. Mais si les valeurs idéologiques associées à la représentation de l’artiste en primitif convenaient à la société de l’après-guerre, les années 1960 allaient connaître une forme différente de cooptation liée en partie au succès des générations expressionnistes précédentes. Se dessine alors un nouveau modèle de l’artiste en professionnel, une figure hautement médiatisée, qui a appris à gérer sa carrière. Pendant que des développements dans la conception et dans la distribution de la presse artistique ouvrent des débouchés à la contribution écrite des artistes et qu’augmente l’intérêt de l’histoire de l’art pour la production contemporaine, le tournant linguistique qui marque la pensée critique du temps favorise un dialogue serré entre les arts visuels et l’écrit.
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