Comptes rendus

Claude Gélinas, Les Autochtones dans le Québec post-confédéral, 1867-1960, Septentrion, Sillery, 2007.[Record]

  • Brian Gettler and
  • Alexandre Lefrançois

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  • Brian Gettler
    Chaire de recherche du Canada sur la question territoriale autochtone
    Université du Québec à Montréal

  • Alexandre Lefrançois
    Chaire de recherche du Canada sur la question territoriale autochtone
    Université du Québec à Montréal

L’anthropologue québécois Claude Gélinas propose ici une synthèse générale de l’histoire – peu connue somme toute – des autochtones du Québec entre la Confédération et les années 1960, doublée d’une étude détaillée de leurs rapports idéologiques, politiques, sociaux et économiques avec le reste de la société québécoise. L’auteur cherche avant tout à nuancer le récit bien connu de la marginalisation complète des autochtones à partir du début du xixe siècle. Afin d’y parvenir, Gélinas met en lumière certains éléments qui témoignent de la réelle « participation de ces derniers dans la société nationale de l’époque » (p. 11). Selon l’auteur, il existerait un clivage important entre le discours historiographique « qui tourne autour des concepts de marginalisation, d’isolement, de pauvreté et de dépendance » (ibid.) et un grand nombre de données historiques et ethnographiques qui laissent plutôt penser que les autochtones étaient très présents dans la société nationale et que leur pauvreté n’était pas si marquée par rapport à la majorité. C’est le clivage entre les différents discours véhiculés à l’époque par la majorité eurocanadienne et la réalité que Gélinas propose d’étudier pour la période 1867-1960. Le premier chapitre brosse un portrait d’ensemble des rapports entre autochtones et non-autochtones. On y apprend que la population autochtone s’accroît tout au long de la période étudiée, mais qu’en même temps son poids démographique et la proportion de ceux qui résident dans la vallée du Saint-Laurent (près des populations blanches) diminuent, « comme si, de plus en plus nombreux, les autochtones devenaient parallèlement de moins en moins visibles aux yeux des autres citoyens du Québec » (p. 28). Gélinas fait aussi dans cette section l’histoire de l’application des politiques fédérales dans la province, politiques assimilationnistes qui étaient pour la plupart formulées en fonction des réalités propres à l’Ouest canadien et dont les impacts au Québec auraient été mineurs. Aux deuxième et troisième chapitres, l’auteur tente de reconstituer la « représentation d’ensemble que les citoyens de la province pouvaient se faire des autochtones » (p. 14) à partir des discours d’intellectuels canadiens-français et de l’idéologie générale de l’époque. Au sujet du discours des intellectuels, Gélinas démontre que les autochtones y font office, au même titre que les anglophones et les immigrants, de repoussoir identitaire. Les autochtones semblent ainsi absents du grand récit national dans l’historiographie dominante, sinon pour y être présentés comme des témoins moribonds d’une époque révolue. Cet ensemble de représentations ne semble toutefois pas être le résultat d’un projet concerté. Car, si chaque auteur a sa propre manière de traiter l’histoire autochtone, certains, nous dit Gélinas (citant les oeuvres de Léo-Paul Desrosiers et de Léon Gérin), en brosseraient un portrait plus objectif et rationnel. Pour ce qui est des représentations générales des autochtones, promues par les politiciens, les religieux, les intellectuels et les citoyens, Gélinas distingue deux grandes périodes. De 1867 à 1920, on considère que les autochtones sont en voie de disparition et que leur culture est un obstacle au progrès. En revanche, de 1930 à 1960 ils font l’objet d’une curiosité accrue, qui commencera à prendre la forme d’un certain militantisme à partir des années 1950. Selon l’auteur, ce sont les contextes particuliers de la cohabitation entre autochtones et Blancs qui font ressortir un système plutôt que l’autre : Dans le quatrième chapitre, Gélinas évalue l’attitude des autochtones à l’égard de la société québécoise en étudiant leur positionnement politique et leur « participation effective à l’intérieur de la société québécoise » (p. 14). Il affirme premièrement que, malgré toutes les mesures d’assimilation promues par l’État, les autochtones ont toujours tenu à conserver leur culture et leur identité. …

Appendices