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Cet ouvrage est le premier de la série « Les récits de notre terre » publiée dans la collection « Tradition orale » des Presses de l’Université Laval, dont l’objectif est de « consigner, diffuser et préserver » les connaissances oralement transmises – ici par les sociétés autochtones des deux Amériques. L’anthropologue Daniel Clément, directeur de la collection, y propose un recueil de cinquante-cinq récits provenant des collectivités atikamekw de Manawan, Wemotaci et Opitciwan. Appartenant à la famille linguistique algonquienne, les Atikamekw ont traditionnellement vécu de la chasse, de la pêche et de la cueillette sur un territoire principalement situé dans le bassin septentrional de la rivière Saint-Maurice au Québec.

En grande majorité, les récits présentés ici ont été recueillis dans les années 1920 et 1930. Certains se trouvaient dans les notes de terrain de l’ethnologue John M. Cooper, d’autres avaient été publiés en anglais par son collègue Daniel S. Davidson, en 1927, dans la revue spécialisée Journal of American Folk-Lore, alors que d’autres sont tirés d’un ouvrage publié en 1933 par Dollard Dubé, un inspecteur d’école intéressé par l’histoire des Atikamekw. À ce corpus s’ajoute un récit tiré d’un article du missionnaire Joseph-Étienne Guinard paru en 1930 dans la revue Primitive Man, et quelques autres recueillis et publiés à une époque plus récente par Norman Clermont et Marie-Josée Roussy.

Après une courte présentation des Atikamekw et du contexte de préparation de l’ouvrage, les récits sélectionnés par l’auteur sont présentés de façon successive et regroupés sous huit rubriques : les histoires d’origine, Wisaketcakw le Décepteur, Tcikabis, d’autres héros culturels, les Kokotce, les animaux, les contacts avec d’autres nations et, enfin, des récits divers. Tous les récits ont été retranscrits dans leur forme originale, et ceux qui étaient initialement disponibles en anglais ont été traduits en français. L’auteur met toutefois le lecteur en garde contre le fait que Dubé aurait eu tendance à reconstruire les récits à partir de narrations provenant de divers interlocuteurs. Ce qui rappelle aussi qu’à l’origine les récits ont tous été recueillis, rapportés et dans certains cas vraisemblablement traduits par des personnes extérieures aux collectivités atikamekw.

Dans la section « sources et notes » à la fin du livre, l’auteur fournit les informations disponibles sur la provenance de chacun des récits et sur le contexte dans lequel il a été recueilli à l’origine, en plus d’offrir des éléments de savoir additionnels sur des aspects spécifiques aux récits ou pour situer ceux-ci dans un contexte ethnographique plus large.

Si les spécialistes auront peut-être encore le réflexe de se tourner d’abord vers les sources d’origine de ces récits – dont certaines renferment d’autres narrations qui n’ont pas été reproduites ici –, le présent ouvrage a certainement le mérite de faciliter, pour un public plus large et intéressé, l’accès à des récits jusque-là dispersés et, dans certains cas, difficiles à trouver. L’on présume que les Atikamekw pourraient également trouver un intérêt dans cette publication, notamment à des fins éducatives. Somme toute, ce livre offre un bel aperçu de la richesse culturelle et mémorielle de cette Première Nation.