Comptes rendus

Un passé à découvrir ou à redécouvrir, Pierre Hurtubise (dir.). Actes du premier symposium consacré à l’histoire des missions oblates auprès des Premières Nations, Université Saint-Paul, Chaire de recherche en histoire religieuse du Canada, Ottawa, 2015, 247 p.[Record]

  • Leila Inksetter

À leur arrivée au Canada en 1841, les Oblats de Marie-Immaculée ont dirigé leur apostolat vers les secteurs qui n’étaient pas érigés en paroisse et se sont vu attribuer, entre autres, les missions dites « indiennes ». Ce faisant, ces missionnaires se sont disséminés sur un territoire immense, couvrant la presque entièreté de la partie nord du continent. Les Oblats de Marie-Immaculée ont donc accumulé une vaste expérience de première main sur le quotidien de nombreuses communautés autochtones au Canada et ce, sur plus de cent cinquante ans. La congrégation des Oblats de Marie-Immaculée a aussi pour caractéristique une tradition documentaire et archivistique, ainsi qu’une volonté de recherche et de diffusion des connaissances. Ainsi, les Oblats de Marie-Immaculée comptent parmi leurs rangs des archivistes qui ont colligé la documentation volumineuse produite par leurs missionnaires, des historiens qui ont documenté l’histoire de leur propre congrégation et de ses oeuvres, ainsi que des prêtres chercheurs qui ont participé à l’accumulation de connaissances empiriques et à la diffusion de celles-ci. L’accessibilité des archives de leur congrégation aux chercheurs laïcs ainsi qu’une longue tradition universitaire (Université Saint-Paul) sont des exemples de cette volonté de recherche, de diffusion et de collaboration soutenue avec des chercheurs externes à leurs propres rangs. Le Symposium consacré à l’histoire des missions oblates auprès des Premières Nations qui s’est tenu à Ottawa en 2013 serait un autre exemple d’une telle collaboration. Comme l’explique dans le chapitre introductif M. Pierre Hurtubise, o.m.i., détenteur de la Chaire de recherche en histoire religieuse du Canada de l’Université Saint-Paul, les Oblats sont arrivés à un point tournant : ils ne peuvent plus, à eux seuls, continuer à documenter l’histoire de leur propre congrégation. Désormais, ils doivent compter sur des chercheurs laïcs pour poursuivre le travail. Les actes du Premier Symposium consacré à l’histoire des missions oblates auprès des Premières Nations est la résultante de cet effort de collaboration avec des chercheurs et institutions externes, un effort qui n’est certes pas nouveau, mais qui redouble maintenant d’intensité. L’objectif avoué de l’ouvrage consiste donc, selon l’organisateur, à explorer les thématiques de recherche susceptibles d’être abordées dans un avenir rapproché par des chercheurs externes afin qu’« en bout de ligne, la rédaction d’une histoire générale des missions oblates auprès des Premières Nations devienne envisageable ». En plus de l’organisateur, sept chercheurs se sont donc prêtés à cet exercice de réflexion, dont six laïcs. L’ouvrage qui en résulte regroupe un total de huit chapitres en français ou en anglais, rédigés par les participants du Symposium. Le recueil cartonné de 247 pages est produit et distribué par l’Université Saint-Paul. Les huit chapitres sont suivis d’une bibliographie thématique de 45 pages, compilant les publications portant sur différents aspects de l’histoire des missions oblates auprès des autochtones. Les trois premiers chapitres sont liés directement au thème proposé et concernent surtout les avenues de recherche prometteuses sur l’histoire des Oblats auprès des Premières Nations. Ainsi, Pawel Zajac effectue une étude historiographique des publications oblates dans le contexte des missions destinées aux Premières Nations et extrapole des réflexions sur une approche historique à privilégier à l’avenir. Pour sa part, Raymond Huel examine les thèmes de recherche qui pourraient être abordés pour documenter le rôle des Oblats dans les provinces de l’Ouest. Sa liste inclut, entre autres, le financement des missions, les relations avec le gouvernement fédéral, les congrégations féminines qui ont parfois oeuvré de concert avec les Oblats, notamment dans le domaine de l’éducation, le rôle des frères convers, ainsi que le travail des Oblats dans des langues autres qu’autochtones. Marie-Pierre Bousquet enchaîne avec un article, exploratoire lui aussi, qui constitue le pendant …