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  • Laurent Lasne and
  • Patricia Toucas-Truyen

L’ESS sortira-t-elle de l’ornière institutionnelle européenne dans laquelle elle se trouve ? C’est la question que pose Alain Coheur, membre du Comité économique et social européen, dans la revue Ciriec France (février 2016) et à laquelle il apporte une réponse tempérée mais optimiste : « […] Ces dernières années, nous avons constaté un intérêt croissant pour l’économie sociale et l’entrepreneuriat social. » Evoquant le rôle clé du Parlement européen depuis l’adoption du rapport Toia sur l’économie sociale et l’organisation d’une journée de conférences-débats consacrée à l’ESS (le 28 janvier dernier), A. Coheur constate que « les choses bougent depuis peu », même s’il précise qu’« il est encore trop tôt pour savoir si le modèle […] que représente l’économie sociale sera pris en considération ».  En revanche, il n’est pas trop tard pour annoncer que l’accord de partenariat signé à Bruxelles le 18 mars dernier par l’Alliance coopérative internationale (ACI) et la Commission européenne pourrait augurer de cette prise en considération. Cet accord-cadre de partenariat vise à améliorer l’inclusion sociale et l’autonomie économique, domaines dans lesquels les coopératives possèdent une réelle expertise. Intitulé « Les coopératives en développement – un monde des affaires centré sur les personnes », ce programme, cofinancé par l’Union européenne (UE) dans le cadre de son soutien aux organisations de la société civile actives en matière de développement, s’étendra jusqu’au 31 août 2020. Monique Leroux, présidente de l’ACI, s’est aussitôt réjouie de cet accord : « Le soutien que l’Europe accorde à notre programme est une nouvelle étape dans la mise en place des objectifs de développement durable des Nations unies. Nous sommes fiers et désireux de lancer le programme des coopératives en développement. » Le secteur de l’ESS, qui représente 10 % du PIB français et 12,7 % de l’emploi, milite depuis de longues années pour voir le flux de l’épargne des ménages mieux orienté vers ses entreprises. Finansol, organisme qui labellise les produits d’épargne solidaire, plaide ainsi pour la création d’un livret de développement durable et solidaire (LDDS) qui pourrait permettre d’atteindre, à terme, l’objectif que s’est fixé le secteur : représenter 1 % de l’épargne financière des Français. En lien avec cette perspective, le projet de loi relatif à la modernisation de la vie économique, présenté récemment par le ministre des Finances, Michel Sapin, devrait permettre de diriger davantage l’épargne des ménages vers le financement des entreprises de l’ESS. Concrètement, il prévoit de consacrer une part des encours du livret de développement durable (LDD) aux entreprises du secteur. Il est ainsi indiqué, dans le projet de loi Sapin 2 : « Les banques proposeront annuellement à leurs clients détenteurs d’un LDD d’en affecter une partie au financement d’une personne morale relevant de l’économie sociale et solidaire comme par exemple une association ou une entreprise de l’ESS. » Un sondage récent révèle qu’un diplômé de grande école sur deux souhaite travailler dans l’ESS et près de 25 % d’entre eux envisageraient même de créer leur propre entreprise. Sondage paradoxal, car, si 84 % de ces étudiants ont déjà entendu parler du secteur de l’ESS et si quatre sur cinq pensent que celui-ci va croître à l’avenir, 54 % admettent ne savoir que « vaguement » ce que cette expression désigne. C’est dire que, si les termes de l’ESS sont en résonance avec les préoccupations des étudiants, davantage chez les étudiantes d’ailleurs , il souffre encore d’un déficit de notoriété, sans doute parce que ses spécificités et ses valeurs ne sont pas assez enseignées dans les universités et les grandes écoles ! Parmi les freins qui rendent les étudiants hésitants à travailler dans …

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