Dossier AsieAsia Special Feature

Entreprise sociale et économie sociale en Asie(première partie)[Record]

  • Eric Bidet,
  • Jacques Defourny and
  • Marthe Nyssens

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  • Eric Bidet
    Université du Mans, spécialiste de l’économie sociale et solidaire en Asie orientale

  • Jacques Defourny
    Université de Liège, directeur du Centre d’économie sociale à HEC-Liège

  • Marthe Nyssens
    Université catholique de Louvain, présidente du Cirtes

M. Nyssens et J. Defourny assurent ensemble la coordination scientifique du projet ICSEM.

Les textes présentés dans ce dossier sont issus de travaux qui ont été produits dans le cadre du projet ICSEM de comparaison des modèles d’entreprise sociale au niveau mondial . Ce vaste projet de recherche, initié en 2013, couvre aujourd’hui plus de 50 pays à travers le monde et rassemble environ 200 chercheurs. Appuyé en premier lieu par la politique scientifique fédérale belge dans le cadre du Pôle d’attraction interuniversitaire (PAI) sur l’entreprise sociale, le projet ICSEM bénéficie aussi en France du soutien de la Fondation du Crédit coopératif et du Groupe CDC. Avant de déboucher sur des analyses comparatives approfondies (2016-2018), la première vague des travaux ICSEM a porté sur l’identification, dans chaque pays, des principaux modèles émergents de l’entreprise sociale, sur l’analyse des contextes dans lesquels ils s’enracinent et sur les trajectoires par lesquelles la plupart d’entre eux connaissent une institutionnalisation progressive . Nous avons choisi, pour ce dossier, de mettre l’accent sur quelques-uns des pays asiatiques qui participent au projet ICSEM. Ces pays ont été répartis en deux groupes : l’un issu de l’Asie du Nord-Est, l’autre de l’Asie du Sud-Est. Les trois pays présentés dans ce premier ensemble appartiennent au bloc de l’Asie du Nord-Est ; ils ont notamment en commun une culture profondément ancrée dans la philosophie confucianiste, dont les valeurs structurent encore largement la société. Si deux d’entre eux – la Corée du Sud et le Japon – sont assez proches de la France sur différents aspects, notamment en termes de niveau de développement économique et de répartition des revenus, la Chine s’en distingue très nettement et représente, de par sa taille, son niveau de développement et son système politique, un exemple d’un genre très particulier dans cet ensemble. Ces trois pays nord-asiatiques sont marqués par une tradition coopérative et associative dont les racines sont très anciennes, mais qui est longtemps restée sous le strict contrôle de l’administration et du pouvoir politique, qu’il ait été d’idéologie communiste en Chine ou anti-communiste au Japon, et plus encore en Corée. Ce n’est qu’assez récemment que cette tutelle publique s’est estompée au Japon ou en Corée, qu’elle s’est atténuée en Chine et que des organisations coopératives et associatives autonomes ont pu émerger et se développer, jusqu’à être progressivement reconnues au plan juridique. Ces pays ont en effet cherché dans des nouvelles formes de partenariat public-privé une réponse à des problématiques sociales communes, souvent à la frontière des politiques d’emploi et des politiques sociales, ou en lien avec les questions de territoire, de développement communautaire ou d’environnement. C’est dans cette perspective qu’a émergé un intérêt nouveau pour les entreprises sociales, les associations ou de nouvelles formes de coopératives, telles que les coopératives de consommation, les coopératives médicales, les coopératives rurales ou les coopératives sociales. A cet égard, la Corée est sans aucun doute le pays le plus avancé des trois, avec la mise en place de plusieurs dispositifs destinés à promouvoir l’entreprise sociale, qui a été identifiée dès la fin des années 1990 comme un outil important en matière de politique d’emploi. Après l’introduction d’une loi spécifique de promotion de l’entreprise sociale en 2006, différents dispositifs complémentaires, régionaux ou sectoriels, sont apparus. L’article sur la Corée souligne que l’un des effets de cette dynamique a été notamment de générer un intérêt pour le modèle coopératif, ce qui s’est notamment traduit en 2012 par l’adoption d’une loi coopérative générale offrant une plus grande reconnaissance et de nouvelles perspectives au modèle coopératif. Dans le sillage de l’intérêt pour l’entreprise sociale a également émergé une réflexion sur l’économie sociale, qui pourrait déboucher assez rapidement sur l’adoption d’une loi-cadre. A l’inverse de …

Appendices