Les pratiques à notre image

Représentations des TIC en milieu professionnel : réflexions sur le changement[Record]

  • Julie Boissonneault

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  • Julie Boissonneault
    Professeure, Département d’études françaises et de traduction, Université Laurentienne, Sudbury

Depuis la venue des technologies de l’information et de la communication (TIC), temps et espace ne sont plus les mêmes. L’implication de leur redéfinition nous a tous amenés à revoir nos façons de faire et à repenser nos repères spatiotemporels. La présence des TIC — inforoute, courriel, cellulaire, vidéoconférence, entre autres — s’est fait sentir dans toutes les sphères sociales, y compris dans le marché du travail. Dans ce numéro portant sur les pratiques professionnelles, il est tout à propos de se poser des questions sur comment nous conjuguons avec les TIC dans nos milieux professionnels respectifs, puisqu’il se pourrait fort bien que nous partagions les mêmes préoccupations. Après tout, les TIC sont présentes dans plusieurs situations personnelles et professionnelles; nous les avons tous intégrées, à des degrés différents, dans nos façons de faire, dans nos façons de penser, et ce, peu importe la profession exercée. Cet article propose d’abord un regard sur le concept des représentations sociales comme mesure de la façon dont on conjugue avec le changement, puis un regard sur son interprétation dans le cadre d’une profession donnée: celle des professeurs d’université. Le lecteur aura le loisir d’inférer à partir de cette situation particulière ce qui se rapporte à son expérience professionnelle. Les représentations dont il sera question portent sur l’intégration des TIC dans la pratique professorale en analysant les défis tant passés qu’à venir sur la médiatisation de l’enseignement universitaire. Elles ont été recueillies dans le contexte de la formation à distance et l’analyse qu’il en est fait s’inscrit dans une recherche menée en milieu universitaire en 2001. Parler de représentations, c’est en fait parler d’images et de valeurs collectives. L’étude des représentations permet de mieux comprendre les changements qui ont cours et comment les joueurs s’y adaptent. Elle permet tout particulièrement de cerner l’appropriation d’un nouvel élément et sa restructuration dans les façons de penser et de faire. En l’occurrence, les TIC sont ce nouvel élément. Je pars de la prémisse qu’elles ne laissent personne indifférent: pour les uns, c’est une panacée, pour les autres, un fléau. La force des représentations réside en ce qu’elles vont au-delà des spécificités individuelles en faisant éclore le discours collectif, c’est-à-dire tout ce qui se recoupe dans les discours personnels. Parler de représentations, c’est ainsi déplacer l’angle d’études du plan perceptuel (forcément individuel) vers un plan représentatif de la collectivité. Il s’en dégage un schème de pensée qui illustre et qui explique la dynamique du groupe. Bien que tout individu faisant partie d’un groupe donné puisse partager ou non certaines composantes de ce schème, l’étude des représentations sociales a comme postulat que la représentation que se fait un groupe est plus que la somme des perceptions individuelles. Depuis quelques années, il est d’ailleurs de plus en plus question de représentations (socio) professionnelles pour chercher à comprendre l’adaptation de regroupements d’individus au sein d’une même profession et les changements qui s’y opèrent. Un nombre toujours croissant d’études se penchent sur de telles représentations dans des disciplines ou des champs particuliers, notamment les sciences de la santé (Lebrun 2001) et le monde de l’éducation (Karsenti et al. 2001). La visée des représentations sociales est de cerner comment un collectif quelconque s’approprie sa réalité à la lumière d’un ou de plusieurs changements, et comment il la structure ou la restructure en fonction de ce qui est. Deux grands angles permettent de circonscrire les représentations sociales: par objectivation et ancrage, d’une part, par noyau central et élément périphériques, d’autre part. Dans le premier cas, le savoir collectif (processus d’objectivation) est confronté au savoir individuel (processus d’ancrage) (Doise et al. 1992; Guimelli …

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