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L’expérience de la violence dans les relations intimes chez les jeunes mères, facteurs impliqués dans la poursuite et la rupture de la relation

Jenna Baldry
École de service social, Université d’Ottawa

La violence dans les relations intimes à l’adolescence est un sujet qui préoccupe notre société, mais peu de recherches ont été réalisées sur cette problématique lorsqu’elle touche les jeunes mères. Notre étude a donc pour objet d’examiner la perception qu’ont les jeunes mères des expériences de violence vécues dans leurs relations amoureuses, des facteurs ayant pu influencer leurs décisions de poursuivre ou de rompre cette relation ainsi que des services et soutiens leur ayant été utiles.

Nous avons effectué notre recherche auprès de quatre (4) jeunes mères âgées de 16 à 24 ans qui avaient vécu au moins une relation dans laquelle il y avait eu de la violence. Des entrevues semi-dirigées ont été réalisées pendant l’été 2007. Les résultats de l’analyse de contenu révèlent que l’expérience de violence vécue par les jeunes mères s’était aggravée en sévérité avec le temps. Ces dernières soulèvent de nombreux facteurs psychosociaux qui influencent la poursuite de telles relations violentes en discutant du rôle de l’isolement, des menaces, de la pénurie des ressources et du cycle de violence. En dernier lieu, les participantes nous ont fait part des services et des soutiens leur ayant été utiles, manquants et limitants. Bref, les jeunes mères discutent de l’importance de la famille, des amis et des divers services communautaires dans leur cheminement vers leur propre sécurité ainsi que celle de leurs enfants. Les services de police et de logement leur ont été grandement utiles, tandis que la protection de l’enfance et les hébergements leur ont occasionné de nombreux obstacles. Les résultats suggèrent aussi le besoin de programmes de prévention de la violence relationnelle dans les écoles, de sensibilisation aux services existants et de recherches futures sur les facteurs impliqués dans la poursuite de ces relations, afin d’atteindre les jeunes qui sont à risque.

L’expérience des familles lors du placement en institution d’un parent âgé

Louise-Hélène Bourdeau
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche s’appuie sur le point de vue de nombreux auteurs et études pour rendre compte de l’expérience vécue par les familles lors du placement en institution d’un parent âgé. En toile de fond, les transformations de la famille et les catalyseurs de changements du XXe siècle permettent de situer, dans leur contexte, les familles canadiennes actuelles et la place qu’y occupent les personnes âgées.

L’analyse de la littérature sur le placement de parents âgés nous permet de saisir, plus précisément, les difficultés qu’éprouvent les familles confrontées à cette situation rendue aujourd’hui quasi inévitable. Pour les familles, ce processus entraîne de nombreux changements qui s’accompagnent de conséquences parfois positives, parfois négatives.

Enfin, des pistes d’intervention pour les professionnels oeuvrant auprès des familles qui vivent la transition vers le placement sont proposées. Si ces derniers possèdent une bonne compréhension des obstacles et défis rencontrés par les familles, ils seront plus aptes à faire en sorte que cette transition de vie soit vécue le plus harmonieusement possible.

Représentation sociale des jeux de hasard et d’argent des cégépiens de l’Outaouais

Pascale Brunet-Simard
École de service social, Université d’Ottawa

Tout au long de l’histoire du jeu, on constate que celui-ci fait partie intégrante de la nature humaine. Afin d’étudier ce phénomène, les chercheurs ont mis l’accent, dans leurs enquêtes, sur les adolescents (12-17 ans) ou bien sur les adultes (25ans et plus). Cette recherche exploratoire sur les représentations sociales des jeux de hasard et d’argent, effectuée auprès des cégépiens de l’Outaouais, a pour but de déterminer les fondements représentationnels des pensées erronées qu'ils entretiennent. En nous référant à la théorie des représentations sociales de Moscovici (1987) et à l’approche structurelle proposée par Abric (1994), nous avons utilisé la technique d’évocation de Pierre Vergès (1992) pour faire une analyse de la structure de la représentation des jeux de hasard et d’argent. Notre analyse des données quantitatives, recueillies par questionnaire auprès de 41 étudiants âgés entre 17-19 ans, permet la lecture des concepts élaborés dans le cadre de la théorie des représentations sociales. Nos résultats démontrent que la représentation des jeux de hasard et d’argent s’articule autour des éléments centraux : Casino, Perte et Poker. En ce qui concerne les pensées erronées entretenues, les concepts d’indépendance des tours et d’illusions de contrôle ont suscité plus d'ambiguïté de la part des étudiants. Nos résultats permettront d'enrichir les connaissances déjà acquises à ce sujet; elles pourront servir de toile de fond à des programmes de prévention plus ciblés s’adressant aux adolescents et aux jeunes adultes, et à modifier et adapter les campagnes actuelles.

Femmes et virage ambulatoire : les pièges de l’aide

Sophie Caron
École de service social, Université d’Ottawa

Au cours des trente dernières années, les systèmes de santé et de services sociaux ont connu une grande évolution, celle-ci ayant reçu au Québec l’appellation de virage ambulatoire. Motivé par le phénomène de la désinstitutionnalisation et par les compressions budgétaires, l’État accueillait avec beaucoup d’optimisme cette initiative de remplacer les soins prodigués en milieu hospitalier par des services offerts dans la communauté ou au domicile de la personne aînée. En se désengageant graduellement du rôle de fournisseur de services, de ressources humaines et financières, le gouvernement écartait petit à petit les soins à domicile de toutes ses politiques sociales en les reléguant à la sphère privée.

D’un côté, la réduction de la durée d’hospitalisation apparaissait favorable pour les personnes aînées et leurs familles, puisqu’elle leur permettrait d’offrir et de recevoir des soins dans un environnement empreint de chaleur et d’affection. D’un autre côté, plusieurs l’appréhendaient, vu le facteur de la population vieillissante, qui modifierait nécessairement la nature et l’étendue des symptômes du vieillissement jusque-là contrôlés en milieu institutionnel. L’allongement de l’espérance de vie, pas toujours synonyme de santé, combiné avec les multiples transformations sociales et familiales s’opérant depuis plusieurs décennies, amplifiait les conséquences des décisions étatiques.

De nos jours, le maintien à domicile demeure principalement la vocation des familles, en particulier des femmes, qui assument la quasi-totalité des responsabilités associées aux soins à domicile en plus de celles émanant des autres sphères de leur vie. En l’absence d’une reconnaissance à la fois économique et sociale, ces aidantes se voient dans l’obligation de prodiguer des soins de plus en plus complexes et spécialisés sans pour autant recevoir un appui approprié des réseaux formels et informels. Nombreux sont les impacts négatifs qu’elles subissent et qui l’emportent souvent sur les retombées positives de l’aide, soit l’amour inconditionnel et le don de soi. Ainsi, dans un contexte où le recours à la privatisation des services augmente exponentiellement, il devient essentiel d’aborder la question du maintien à domicile et ses composantes, afin de prévenir la détérioration de la condition des personnes aînées, mais aussi pour assurer la préservation de l’énergie des actrices jouant le plus grand rôle dans cette aide, soit les aidantes dites naturelles.

Les mouvements agro-alimentaires alternatifs et les organisations qui les régissent : le cas de l’organisme Alimentation Juste à Ottawa

Maxine Cléroux
École de service social, Université d’Ottawa

Le système agro-industriel mondialisé est insatisfaisant. Ceux qui détiennent le pouvoir sur la production et la distribution alimentaire se font de moins en moins nombreux, ne comptant aujourd’hui que quelques firmes transnationales de l’agroalimentaire. Du même coup, les citoyens de la planète entière voient disparaître leurs habiletés à cultiver, cuisiner et conserver les produits agricoles. Parallàlement, dans la région d’Ottawa, le nombre d’agriculteurs s’amoindrit, et leurs terres fertiles sont transformées en zones résidentielles. Cependant, il ne faut pas croire que les citoyens d’Ottawa sont devenus passifs à l’idée de se soumettre au joug de ces quelques géants décisionnels de l’agro-alimentaire. Depuis quelques années, les projets initiés par les réseaux agro-alimentaires alternatifs (jardins communautaires, marchés agricoles, etc.) suscitent beaucoup d’enthousiasme et de soutien dans la région d’Ottawa, malgré le fait que les décideurs publics aient souvent hésité à les appuyer. De cette vague d’intérêt pour ce genre de projet est né l’organisme Alimentation Juste, la figure de proue du localisme alimentaire dans la région d’Ottawa.

Le but de ce mémoire est de « sortir » la question de l’alimentation du registre de la santé – celle-ci étant dépendante de celle-là – pour l’inscrire sur le registre de l’économie politique et de la sociologie, afin de mieux comprendre les conditions de sa production actuelle ou alternative. Pour ce faire, nous nous servons des théories sur les (nouveaux) mouvements sociaux comme cadre théorique pour analyser l’histoire de cas sur l’organisme Alimentation Juste. Notre but est de répondre à l’interrogation principale qui a servi de moteur à ce mémoire, à savoir comment le mouvement agro-alimentaire alternatif « se sert-il » de l’organisme Alimentation Juste pour exercer une influence sur la scène alimentaire ottavienne ?

Le syndrome d’aliénation parentale et les services offerts aux familles aux prises avec celui-ci. Une recherche exploratoire

Nicole R. Comtois
École de service social, Université d’Ottawa

La nouvelle Loi sur le divorce de 1985 rend plus facile l’accès à celui-ci, ce qui, en retour, provoque l’augmentation du taux de divorce durant les années 1980. Or, de plus en plus de divorces conflictuels incitent les parents à régler leurs litiges devant les tribunaux. Ce processus place les parents dans des rôles d’adversaires dans leur lutte pour la garde de leurs enfants et peut provoquer l’apparition du syndrome d’aliénation parentale (SAP), phénomène encore peu reconnu ou mal interprété. Cette étude a pour but de circonscrire le SAP et d’identifier les services offerts aux familles francophones en matière de séparation, de divorce et de SAP, en contexte linguistique minoritaire de la région d’Ottawa.

Cette recherche exploratoire s’inscrit dans une approche qualitative. Des données ont été recueillies par le biais d’entrevues semi-dirigées auprès de six professionnelles et professionnels afin d’examiner en profondeur leurs perceptions du divorce et du SAP ainsi que des services offerts aux familles dans ce domaine. Les six personnes interrogées perçoivent le divorce comme une étape complexe de transition qui peut s’avérer difficile pour les membres de la famille et surtout pour les enfants. Ensuite, leurs perceptions du SAP correspondent aux écrits sur le sujet avec, cependant, des nuances qui reflètent davantage le quotidien des familles séparées. Puis, parmi les principaux services offerts en matière de divorce et de SAP, les participantes et participants ont nommé les suivants : l’évaluation familiale, l’intervention individuelle, la médiation, le travail de groupe et l’intervention juridique. Enfin, les résultats de cette étude mènent vers une collaboration interdisciplinaire favorisant la mise en commun des expertises de chacun dans le but de favoriser un développement sain et harmonieux de l’enfant au sein de sa famille.

De l’action collective à l’emprise institutionnelle : l’apport des psychiatrisés dans la vision du rétablissement en santé mentale

Emmanuelle Cyr
École de service social, Université d’Ottawa

Depuis quelques temps, le mot « rétablissement » jouit d’une popularité accrue dans le champ de la santé mentale et envahit le discours des figures clés canadiennes, tant au niveau communautaire qu’institutionnel. On utilise ce concept comme cadre de référence pour organiser les services de santé mentale, guider les pratiques thérapeutiques, orienter les réformes politiques et transformer le système de santé. L’objectif de ce mémoire est principalement de retracer l’évolution historique du concept de rétablissement afin d’examiner les transformations entre son usage originel et les usages contemporains. Dans un premier temps, le mouvement des psychiatrisés ontarien est étudié dans le but de démontrer l’apport des usagers dans la vision du rétablissement et d’élucider leur rôle actuel dans le renouvellement des pratiques en santé mentale. De cette analyse émerge une discussion sur les visages pluriels du concept et sur les débats idéologiques qui en découlent. Nous adoptons alors une posture critique pour remettre en question la version professionnalisée du rétablissement et examiner ses influences dans les sphères politico-administratives canadiennes. Bien que les voix marginales des psychiatrisés commencent à prendre de l’ampleur dans la littérature gouvernementale, il existe de nombreux paradoxes et contradictions à l’intérieur du système de santé mentale actuel. Une étude plus poussée des rapports politiques et des programmes institutionnels axés sur le rétablissement permet d’ouvrir une discussion sur leur dynamique contreproductive et sur leurs effets iatrogènes.

Le présent travail vise également à aborder le rétablissement comme un moyen de protéger les psychiatrisés contre le processus d’exclusion. Il s’agit d’identifier certains modèles de pratiques qui adhèrent aux valeurs originales et aux principes fondateurs du rétablissement. En ce sens, nous examinons comment ces alternatives au modèle dominant créent des espaces d’expression pour les psychiatrisés et déstabilisent l’hégémonie des savoirs experts dans la prise en charge de la folie et la souffrance qui l’accompagne.

Quand la morale est au coeur du débat. Une analyse de deux discours féministes sur la prostitution

Isabelle Diotte
École de service social, Université d’Ottawa

La prostitution est aujourd’hui identifiée comme un problème social d’envergure. C’est un sujet délicat qui touche généralement une population vulnérable et marginalisée. Il existe un débat passionné et imprégné de questionnements moraux sur ce sujet. Les opinions diffèrent et s’affrontent en ce qui a trait aux concepts de choix, de sexualité, de liberté et de droit.

Ce mémoire décrit et analyse deux courants féministes s’opposant actuellement dans le débat sur la prostitution, c’est-à-dire le courant féministe abolitionniste et le courant féministe libertaire. Nous comparons leurs discours afin de révéler en quoi ces deux visions convergent et divergent. De plus, cette étude démontre que la morale est au coeur du débat prostitutionnel, que la prostitution est construite socialement selon les discours. Elle illustre jusqu’à quel point le déterminisme versus le libre arbitre forme la toile de fond des débats sur les pratiques sociales contemporaines.

Nous dressons d’abord un profil historique de la prostitution pour montrer la transformation des perceptions sociales lui étant rattachées. Dans la deuxième partie, nous présentons les principaux enjeux liés à la prostitution tels que rapportés par les chercheurs. La troisième partie explore les bases du mouvement féministe et dévoile deux visions féministes distinctes en lien avec la prostitution, soit les courants abolitionniste et libertaire. La quatrième partie porte sur les lois canadiennes en matière de prostitution et leurs effets pervers sur les femmes qui se prostituent. Enfin, la dernière partie est une analyse abordant certains thèmes inconciliables dans les discours des visions féministes abolitionniste et libertaire.

Jeunes adultes ayant une surdité et des parents entendants : entre identité familiale et identité culturelle

Yves Duchesneau
École de service social, Université d’Ottawa

D’aucuns peuvent tendre à établir automatiquement un lien entre surdité et handicap. Il importe toutefois de préciser que la surdité, ou la présence d’un déficit auditif, ne mène pas incontestablement à des situations de handicap. La surdité renferme d’ailleurs toute une dimension culturelle qui est souvent méconnue. En effet, certaines personnes qui communiquent en langue des signes revendiquent aussi une appartenance à une communauté culturelle distincte. Cette culture possède une langue, une histoire et des pratiques qui lui sont propres. Un sentiment identitaire se relie ainsi à l’appartenance à la communauté culturelle sourde.

Compte tenu de cette réalité, l’objet de ce mémoire est d’explorer le vécu de certaines personnes ayant une surdité qui sont nées de parents entendants. Le milieu familial de ces personnes est composé majoritairement de membres dont la langue de communication est orale. Plus précisément, nous nous intéressons à la construction identitaire de jeunes personnes ayant une surdité et qui sont issues d’un milieu familial entendant. Nous cherchons à examiner comment ils peuvent parvenir à concilier une identité relative à un milieu familial entendant et une identité d’appartenance à une communauté culturelle sourde.

Aux fins de cette recherche, des entretiens ont été menés avec quatre personnes, âgées entre 20 et 23 ans, qui vivent avec une surdité et qui ont des parents entendants. Par le biais de ces entrevues semi-dirigées, nous avons constaté que les personnes interviewées doivent souvent redoubler d’efforts au quotidien pour communiquer avec leur entourage entendant, pour revendiquer leurs droits et pour réussir en milieu scolaire. De plus, nous avons découvert que les personnes issues d’un milieu familial entendant vivent des enjeux identitaires qui se rapportent non seulement à leur appartenance à un milieu familial entendant, mais aussi à leur contact avec un entourage sourd. Il est commun que les personnes interviewées aient subi une pression de leur entourage pour qu’elles intériorisent soit une appartenance à la communauté sourde, soit une appartenance au milieu familial entendant.

En conclusion, nous précisons que l’identité d’appartenance ne se solde pas par l’abandon d’un milieu d’appartenance au profit d’un autre. En effet, malgré les défis que peut comporter la double appartenance identitaire, les personnes interviewées affirment qu’elles ont toujours eu à transiger avec un « entre-deux » identitaire.

Certaines implications de la recherche pour la pratique en travail social sont explicitées par la suite. Pour terminer, de nouvelles pistes de recherches sont proposées en vue de faire suite à celles entamées dans le cadre de ce mémoire.

Confusion identitaire et dissonance discours/pratique : un risque pour la déprofessionnalisation du travail social

Nadia Fleury
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire présente quelques facteurs explicatifs à la confusion identitaire, à la dissonance entre le discours et la pratique du travail social ainsi qu’au risque de déprofessionnalisation qui menace cette discipline. Il souligne également certaines conséquences relatives à ces trois problématiques. Ainsi, ce mémoire vise à vérifier si cette confusion identitaire et cette dissonance risquent de conduire la profession vers la déprofessionnalisation, c’est-à-dire qu’on pourrait chercher à convertir des postes normalement occupés par des travailleuses et des travailleurs sociaux en les remplaçant par des techniciennes et des techniciens en travail social, afin d’économiser dans les masses salariales.

Afin de vérifier ce questionnement, ce mémoire procède d’abord à une analyse de données statistiques dont les résultats sont cependant contradictoires. En effet, les taux de croissance de l’emploi en travail semblent confirmer l’hypothèse de déprofessionnalisation, alors que l’évolution globale du niveau de scolarité au sein de cette profession semble plutôt l’infirmer. Pour faire la lumière sur le sujet à l’étude, nous avons donc eu recours aux propos de Eliot Freidson, un sociologue américain. L’évolution de la pensée de cet auteur est présentée, de même que la lutte de pouvoir que se livrent les trois modèles d’organisation du travail des sociétés occidentales, soit le marché libre (ou néolibéralisme), la bureaucratie et le modèle des professions. Ce mémoire explique également comment Freidson s’y prend pour rejeter l’hypothèse de déprofessionnalisation et présente la perception de cet auteur à l’égard de l’avenir du modèle des professions. Enfin, quelques pistes de solutions sont suggérées afin de réduire la confusion identitaire, la dissonance entre le discours et la pratique du travail social ainsi que la déprofessionnalisation qui pèse sur la discipline.

Revue de la littérature sur la psycho-éducation auprès d’individus atteints de schizophrénie

Eve Groleau
École de service social, Université d’Ottawa

La schizophrénie est une maladie mentale qui se caractérise par des épisodes psychotiques, l’apathie, le retrait social et des troubles cognitifs. Cela dit, les conséquences de la schizophrénie ont un impact sur le fonctionnement au travail, à l’école, sur les rôles parentaux, sur l’indépendance et les soins personnels, sur les relations interpersonnelles et les loisirs. La schizophrénie affecte ainsi toutes les sphères de la vie des individus souffrant de ce trouble.

Depuis les vingt dernières années, on accorde plus d’attention à l’intervention familiale. La psycho-éducation constitue une approche spécifique de l’intervention familiale. Ses objectifs sont d’éduquer, d’entraîner et de soutenir la famille en plus d’offrir protection et orientation à la personne atteinte de schizophrénie. Des recherches se sont multipliées au cours des dernières années pour étudier l’impact réel de cette approche d’intervention dans le domaine de la schizophrénie, d’où l’importance de faire une synthèse de ces connaissances.

Notre travail de mémoire présente une recherche documentaire effectuée à partir d’articles de périodiques et de livres dans le champ de l’intervention familiale auprès de gens atteints de schizophrénie. Ainsi, nous exposons les avantages et les désavantages de cette approche selon la littérature consultée. La majorité des articles inventoriés démontrent l’efficacité et les nombreux bienfaits de l’approche psycho-éducative.

Les problèmes de santé mentale dans la sphère du travail : l’interprétation des sciences sociales et des sciences économiques

Annick Guitard
École de service social, Université d’Ottawa

Le travail est un élément important dans la vie des individus. Il constitue d’abord une source financière, mais il permet aussi l’accomplissement personnel. Toutefois, l’occurrence des problèmes de santé mentale dans la sphère du travail constitue dorénavant un phénomène d’une ampleur colossale.

Ce mémoire explore les différences d’interprétation des disciplines des sciences sociales et des sciences économiques face à l’occurrence des problèmes de santé mentale dans la sphère du travail. Pour ce faire, nous débutons par l’illustration de la problématique des problèmes de santé mentale dans le milieu du travail en abordant les caractéristiques de l’évolution du travail, pour ensuite expliquer les nouvelles normes managériales et les nouvelles formes de gestions dans les entreprises. Nous terminons la problématique en exposant les caractéristiques de la santé mentale au travail.

Les résultats des articles recueillis dans les bases de données des sciences sociales démontrent une préoccupation majeure face à l’organisation pathologique du travail dans l’occurrence des problèmes de santé mentale des salariés. De l’autre côté de la médaille, les articles des sciences économiques présentent plutôt les conséquences économiques qu’amènent les problèmes de santé mentale, sans pour autant se préoccuper de l’origine de cette problématique.

Nous concluons avec une courte révision d’éléments importants ainsi qu’avec une réflexion sur les implications de cette recherche pour les travailleurs sociaux.

De retour dans la communauté! Réalités des personnes vivant avec une déficience intellectuelle

Thony Jean-Baptiste
École de service social, Université d’Ottawa

En Ontario, le ministère des Services sociaux et communautaires s’est engagé depuis des années dans un processus visant à fermer les trois derniers établissements où sont encore logées des personnes ayant une déficience intellectuelle. Cette décision a soulevé une vive controverse dans la province. En effet, les familles des résidents ont engagé des poursuites judicaires dans le but de pouvoir révoquer la décision du Ministère. Elles soutiennent que les leaders politiques cherchent uniquement à réduire les dépenses liées à l’institutionnalisation, sans pour autant se soucier de la situation des personnes qui vont retourner dans la communauté. Dans un communiqué publié le 26 janvier 2006, le Ministère affirme que la cour lui a permis de fermer les trois dernières institutions qui reçoivent encore des personnes vivant avec une déficience intellectuelle.

De nombreuses personnes anciennement institutionnalisées ont eu ainsi l’opportunité de retourner dans la communauté et de participer à des activités qui leur étaient strictement interdites dans le passé. Elles ont désormais acquis le droit de vivre parmi « nous ». Cette recherche vise à recueillir les points de vue de ces personnes sur les succès et les défis qu’elles rencontrent dans leur vie quotidienne, suite à la fermeture des institutions. Après avoir examiné les facteurs liés à l’émergence des institutions, l’auteur donne la parole à des personnes présentant une déficience intellectuelle qui ont été antérieurement institutionnalisées. Les données de cette recherche ont été recueillies au moyen d’entrevues individuelles et d’une discussion de groupe réalisées auprès de neuf personnes.

Les participants qui, pour la grande majorité, ont été enfermés au Centre Régional de Rideau, rapportent qu’ils se sentent heureux de vivre dans la communauté et de pouvoir se déplacer librement. Ils se sont aussi prononcés sur leurs sources de joie et de tristesse.

La santé mentale, une affaire de communauté. Analyse exploratoire des besoins de francophones en situation de vie difficile à Orléans-Cumberland

Anne Jutras
École de service social, Université d’Ottawa

La santé mentale est un concept difficile à cerner et souvent mal compris. Bien que la santé mentale et la maladie mentale s’inscrivent sur un continuum, la différence et les nuances entre ces deux concepts ne sont pas claires pour tous. En fait, la santé mentale est maintenue lorsque des éléments qui protègent les individus contre les difficultés de la vie sont présents, et notamment certaines dimensions qui touchent l’ensemble d’une communauté. Dans cette perspective, la santé mentale est une affaire de collectivité. C’est pourquoi nous nous sommes demandé, dans le cadre de ce mémoire, comment les adultes francophones d’Orléans-Cumberland expliquent les situations difficiles qui fragilisent leur santé mentale, quelles stratégies ils utilisent pour amoindrir leurs malaises et quels besoins ils identifient.

Afin de répondre à ces questions, ce mémoire rend compte d’une étude de besoins effectuée auprès de francophones vivant dans la communauté d’Orléans-Cumberland. Huit participants et participantes ont partagé avec nous leurs connaissances et leurs savoirs et nous ont permis d’arriver à des constats et des recommandations qui pourront aider le Centre de ressources communautaires Orléans-Cumberland (CRCOC) à offrir du soutien communautaire visant le maintien de la santé mentale des résidents.

Les propos des répondants renforcent en effet l’idée que la santé mentale n’est pas qu’une affaire individuelle. Elle est aussi – et pour beaucoup – une affaire de communauté. Dans cette voie, les stratégies et les besoins des participants et participantes se révèlent être axés sur leur isolement, qu’ils cherchent à briser, et sur la prise de contrôle sur les malaises qu’ils ressentent.

Ces malaises affectent la santé physique et appauvrissent la santé mentale. Bien qu’ils soient nommés de manière différente chez chacun, ils relèvent toujours de conditions sociales auxquelles tous les membres d’une communauté peuvent être exposés. L’analyse permet de proposer des pistes de réflexion et d’intervention au CRCOC en vue de la mise en oeuvre d’actions communautaires visant à favoriser le maintien et le développement d’une bonne santé communautaire.

Le discours scientifique au Canada sur l’identité ethnique et l’intégration des jeunes de la deuxième génération immigrante. Une analyse historique des représentations et des enjeux de pouvoir du savoir scientifique

Julia Karpinski
École de service social, Université d’Ottawa

L’objectif de notre mémoire est d’offrir une analyse du discours scientifique à partir de vingt-quatre articles scientifiques publiés au Canada depuis les années 30 et traitant de l’identité ethnique et de l’intégration sociale des jeunes de la deuxième génération immigrante. La principale contribution de ce mémoire empirique à la revue de la littérature existante sur le sujet est de présenter les modalités de transformation du discours scientifique dans la problématisation de l’identité ethnique en lien avec l’intégration des jeunes de la deuxième génération immigrante au Canada et de faire ressortir les enjeux de pouvoir du savoir scientifique.

En abordant les périodes historiques de façon transversale, notre analyse documentaire a fait émerger quatre thèmes principaux les plus discutés par les auteurs relativement à notre problématique : les sentiments d’appartenance, les représentations identitaires, le maintien de l’identité ethnique et les relations familiales. Les effets de pouvoir du savoir scientifique sur l’identité ethnique des jeunes de la deuxième génération immigrante sont présentés dans les articles de notre corpus documentaire par une vision misérabiliste de cette jeunesse, le maintien de la différence et de la marginalisation, une sous-estimation des autres sources d’identification, la responsabilisation individuelle d’une intégration sociale réussie et, enfin, par la normalisation de l’association identités ethniques/modalités d’intégration.

L’enjeu de pouvoir du discours scientifique sur les jeunes de la deuxième génération immigrante est marqué par l’étude de l’ethnicité, laquelle est placée au premier plan, au détriment de la considération d’autres déterminants du développement identitaire et de l’intégration sociale tels que l’âge, le genre, les origines sociales et les histoires individuelles. En considérant le changement historique de l’immigration (les politiques du multiculturalisme, la diversification des catégories ethniques), nous sommes passés d’un discours scientifique normalisant l’assimilation à un autre soulignant l’importance de préserver l’identité ethnique, avant de glisser d’un discours problématisant la dualité conflictuelle et l’intégration à un autre plus optimiste, mettant cette fois de l’avant la multiplicité identitaire ethnique comme ressource. En rationalisant les difficultés vécues par la deuxième génération au moyen d’une association à leurs pratiques identitaires ethniques, le discours scientifique tend à actualiser la normalisation des problèmes de dualité culturelle et l’association systématique du vécu des jeunes au contexte d’immigration des parents. En insistant sur l’importance d’une expérience de duplicité ou de multiplicité culturelle des jeunes de la deuxième génération immigrante, le savoir scientifique contribuerait donc à contenir les identités dans des types prescrits et contrôlés, en omettant d’autres identités et en réduisant à l’aspect ethnique les comportements, les vécus sociaux et la réussite de l’intégration sociale. Cette insistance sur les aspects ethniques des jeunes nés au Canada de parents immigrants est susceptible d’entretenir une dichotomie Nous/Eux, qui ne ferait que renforcer les distinctions entre les individus au lieu de les rapprocher pour vivre ensemble.

Les équipes communautaires de traitement intensif et les ordonnances de traitement en milieu communautaire constituent-elles une solution de rechange aux échecs de la désinstitutionnalisation?

Nathalie Lacroix
École de service social, Université d’Ottawa

Parmi les raisons avancées pour justifier le phénomène de la désinstitutionnalisation, les préoccupations humanitaires étaient l’argument principal en faveur de la libération des patients psychiatriques des institutions à la collectivité. Évidemment, ce mouvement est basé sur de bonnes intentions. Mais, devant ce phénomène mal opéré, la réintégration communautaire des patients psychiatriques fut difficilement accomplie et les conséquences sociales se multiplient : phénomène de la porte tournante, engorgement des urgences, itinérance, pauvreté, maltraitance, création de mini-institutions, criminalisation des psychiatrisés. Pendant plusieurs années, la salle d’urgence est l’endroit par excellence durant les moments de crises. Les individus n’ont aucun autre endroit ou service pour recevoir des traitements psychiatriques. Ce phénomène de la porte tournante, où les personnes atteintes d’un trouble mental chronique sont admises fréquemment en psychiatrie pour des courts séjours, a des retombées économiques pour notre système de santé mentale.

En 1988, le gouvernement considère l’urgent besoin de mettre en place une réforme législative pour améliorer les soins communautaires dans l’objectif d’avoir un système complet et coordonné. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement favorise onze mécanismes de soutien dont la gestion de cas intensive. En 1990, la première équipe communautaire de traitement intensif, connue sous le vocable anglophone PACT, voit le jour en Ontario. Ce programme d’envergure nationale et internationale se dissémine rapidement. À l’heure actuelle, on compte plus de 51 équipes en Ontario dont 25 à l’étape du développement. Toutefois, le gouvernement considère que ce modèle ne parvient pas à rejoindre les populations les plus chroniques qui refusent de prendre leur médication.

Quatre ans plus tard, en 2000, le gouvernement annonce des amendements législatifs à la Loi sur la santé mentale pour permettre l’arrivée prochaine d’une autre stratégie communautaire : les ordonnances de traitement en milieu communautaire (OTC). Ces deux stratégies communautaires combinées seraient, selon l’avis des politiciens et des technocrates, un moyen efficace pour l’intégration des malades mentaux, leur maintien dans leur milieu de vie naturel et la continuité des soins. Des études empiriques ont prouvé les bienfaits du modèle ECTI et du traitement communautaire obligatoire (OTC) dans la réduction du nombre d’hospitalisations et la durée des séjours. Mais d’un autre côté, ils furent grandement critiqués par le mouvement des usagers et des groupes communautaires pour leur caractère coercitif et contrôlant. Ces stratégies communautaires sont-elles des solutions de rechange efficaces aux problématiques sociales liées au mouvement de la désinstitutionnalisation? Le but de ce mémoire est d’examiner les conséquences sociales de la désinstitutionnalisation et de comprendre le rôle de ces stratégies communautaires dans notre système de soins actuel.

Les services de bien-être de l’enfance offerts aux enfants, jeunes et familles autochtones en milieu urbain en Ontario : la réappropriation

Jean-Sébastien Larocque
École de service social, Université d’Ottawa

L’intérêt ultime de cette recherche exploratoire était de mieux connaître et comprendre comment la prestation des services de protection et de bien-être de l’enfance est assurée pour les enfants et familles autochtones vivant en milieux urbains en Ontario, plus particulièrement dans les villes de Sioux Lookout et de Thunder Bay, et comment les services offerts répondent à leurs besoins. Pour ce faire, nous avons d’abord dressé un bref portrait de l’histoire des relations entre les Autochtones et les non-Autochtones aux Canada, ce qui a influencé la création des services à l’enfance et à la famille autochtone en Ontario.

À partir de notre cueillette de données, nous avons tenté d’examiner si les services et les programmes de bien-être de l’enfance autochtone en milieu urbain répondaient à leurs besoins spécifiques et de dresser un bref portrait de certaines des particularités auxquelles faisaient face ces enfants et familles en milieux urbains. Nous avons donc utilisé la méthode de recherche documentaire ainsi que celle de l’étude de cas pour la réalisation de ce mémoire.

Enfin, nous pouvons émettre les constats selon lesquels les deux modèles développés par les Services à l’enfance et à la famille de Tikinagan à Sioux Lookout et les Services à l’enfance et à la famille de Dilico à Thunder Bay favorisent le rapprochement des fossés entre les normes du ministère en ce qui a trait à la prestation des services de bien-être à l’enfance et la réalité des Autochtones en milieux urbains dans le Nord-Ouest ontarien. Ces deux organismes ont construit leurs services de façon respectueuse en tenant compte davantage de la culture, des traditions et des pratiques autochtones, sans oublier l’application des législations provinciales auxquelles ils doivent se soumettre.

Malgré cela, il reste tout de même que leur rôle se situe majoritairement au niveau de l’apaisement plutôt que de la réelle prévention. Ils auraient ainsi besoin davantage de ressources et d’autonomie dans leurs pratiques et dans l’élaboration de leurs politiques afin de mieux répondre aux besoins des enfants, familles et communautés autochtones.

La culture institutionnelle et les mourants

Hélène Lépine
École de service social, Université d’Ottawa

Le processus d’institutionnalisation, la médicalisation, les traitements, le diagnostic, enfin, toutes les expériences associées à une fin de vie en institution de santé occidentale, agissent sur le bien-être des mourants qui y résident. Plus précisément, il est souvent question d’une sorte de souffrance chez les mourants institutionnalisés, une souffrance que la médecine occidentale semble inapte à soulager; cette souffrance serait une partie intégrante de l’expérience de fin de vie. Cependant, cette conclusion est-elle issue de notre culture occidentale? Avons-nous vraiment accepté la souffrance des mourants comme étant une partie intégrante de l’expérience de fin de vie? Ou bien est-elle plutôt la conséquence d’une fin de vie en institution?

Cette réflexion en fin de maîtrise en service social a pour but de susciter un intérêt et une appréciation de la part de nos lecteurs, surtout nos collègues, les travailleuses sociales et les travailleurs sociaux, en ce qui concerne le bien-être des mourants institutionnalisés. Il est primordial que nous comprenions la part de la médecine et de ses dispositifs (l’institutionnalisation, la médicalisation, les traitements et le diagnostic, etc.) dans l’expérience des mourants institutionnalisés; par le biais de nos apprentissages, nous pourrons ainsi mieux intervenir et, comme conséquence de nos interventions, offrir la possibilité aux grands malades de mourir avec dignité. Cela dit, cette réflexion s’inspire des cultures, des pensées et des moyens d’intervention autres, afin de permettre aux travailleuses sociales et aux travailleurs sociaux de penser autrement l’intervention en milieu institutionnel.

Des interventions sociales qui tiennent à promouvoir la résilience chez les adolescents et les adolescentes ayant un parent atteint du cancer

Laurie-Anne Muldoon
École de service social, Université d’Ottawa

L’avènement d’une maladie grave touche de nombreux Canadiens et Canadiennes. De surcroît, cette réalité, souvent inattendue, n’a pas de frontières sociales ou culturelles, et elle touche toutes les classes sociales. En fait, toutes et tous sont susceptibles d’être confrontés par cette situation bouleversante. Le diagnostic du cancer est un événement qui a souvent l’effet de marquer profondément la vie d’une personne. En outre, les craintes concernant la survie de la personne atteinte touchent également sa famille et ses proches de façon aussi dévastatrice. L’objectif principal de ce mémoire vise à explorer l’impact psychologique et social auprès d’un groupe qui échappe généralement aux recherches scientifiques touchant le vécu des personnes atteintes par un cancer, soit le groupe d’adolescents et d’adolescentes, qui demeure souvent à la périphérie des recherches ayant rapport aux traitements, aux intentions et aux conseils envisagés pour la personne atteinte du cancer.

Nous tenons compte de deux cadres conceptuels dans la prise en considération des éléments essentiels face à l’impact psychosocial sur les adolescents ayant un parent atteint du cancer. Dans un premier temps, la période de l’adolescence est abordée, afin de répondre à la nécessité d’étayer certains constats par rapport à cette étape du développement, ainsi que de démystifier certains préjugés à l’égard des adolescents. Après avoir fait un survol historique de l’adolescence, nous précisons certains éléments du développement psychosocial de l’adolescent, de même que l’image sociale de cette période.

Nous exposons ensuite trois courants théoriques de la résilience. Quelques définitions importantes de la résilience amorcent cette section, et nous présentons par la suite un résumé des points saillants pour chacun des trois courants théoriques suivants : une perspective de la résilience selon Boris Cyrulnik, le modèle d’Ingrid Schoon et finalement, le modèle selon un contexte socioculturel de Michael Ungar. Enfin, nous explorons comment ces courants théoriques permettent d’éclairer la résilience pour les jeunes.

La transition vers la vie adulte des jeunes placés sous les soins de la Société de l’aide à l’enfance en Ontario. Analyse comparative de deux programmes de préparation à l’indépendance

Céline Nelson
École de service social, Université d’Ottawa

Plusieurs études canadiennes et internationales montrent que la transition vers la vie adulte pour les jeunes quittant un milieu substitut est un processus très difficile. Une des raisons primordiales des difficultés que vivent ces jeunes est l’instabilité retrouvée dans le système de placement des agences de protection de l’enfance. La structure de ce système fait en sorte que dans plusieurs cas, les expériences traumatisantes vécues avant le placement ne sont pas remplacées par une vie permettant aux enfants et aux adolescents de reprendre le cours d’une vie normale. Ces jeunes connaissent alors des conséquences négatives après avoir quitté le système de protection, au moment de leur transition vers la vie adulte. En général, pour l’ensemble des jeunes, cette transition est vécue différemment que lors des décennies précédentes : elle est de plus longue durée et comprend plusieurs étapes désynchronisées. Reconnaissant que les parents jouent aujourd’hui un rôle important dans ce processus de transition non linéaire, et afin de répondre aux difficultés rencontrées par les jeunes qui quittent à l’âge de 18 ans les soins de la Société de l’aide à l’enfance (SAE), le gouvernement ontarien finance des services et des programmes de soutien, notamment des programmes de préparation à l’indépendance. Ces services et programmes sont toutefois parcellaires et hétérogènes; toutes les SAE n’ont pas les mêmes programmes, ni au niveau du nombre, ni sur le plan de leurs objectifs et de leur étendue.

Ce mémoire de recherche propose une analyse comparative, sur la base de documents, de deux de ces programmes : le Pape Adolescent Resource Center (PARC) à Toronto et le Programme de préparation à l’indépendance (PPI) à Ottawa. La méthode d’analyse documentaire nous a permis de répondre à deux questions principales : Quelles représentations de la transition vers la vie adulte sont inhérentes à ces programmes? Les programmes répondent-ils à la diversité des difficultés vécues par les jeunes lorsqu’ils quittent les soins? Les dimensions du processus de transition à partir desquelles les programmes ont été analysés et comparés sont : le réseau social, la quête identitaire, la santé mentale, la scolarité et l’emploi, les habiletés sociales et le logement.

L’analyse permet de conclure que le programme du PARC risque d’avoir des effets à plus long terme que le PPI. Ainsi, le programme du PARC aborde la transition vers la vie adulte comme un processus de longue haleine qui compte plusieurs enjeux pour lesquels les jeunes ont besoin d’accompagnement et de soutien. Bien que le PPI semble réellement s’attarder à la préparation des jeunes à l’indépendance, et ce, sur de multiples dimensions, il n’offre aucun accompagnement une fois le programme terminé. Toutefois, sous réserve des places disponibles, la possibilité d’obtenir un logement de transition peut être offerte aux participants du PPI. Actuellement, il existe au Canada plusieurs projets pilotes qui visent à améliorer la situation de ces jeunes, tels que le Projet de qualification des jeunes au Québec et les bourses d’éducation offertes par le gouvernement ontarien. Nous sommes d’avis que le gouvernement ontarien devra un jour accepter que des programmes de soutien à l’indépendance sont indispensables pour les jeunes qui quittent un milieu substitut et assurer l’implantation et la cohérence des programmes à travers l’ensemble des SAE de la province.

Le point de vue de pères en rupture d’union et ayant des difficultés d’accès à leur enfant

Michel Poirier
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche qualitative porte sur la situation de pères ayant un accès limité à leur enfant ou n’étant pas en mesure de le voir. Cette étude sur leur expérience vise à mieux comprendre les obstacles et les facilitateurs qui expliquent les difficultés à maintenir un lien père-enfant à la suite d’une rupture conjugale. Quinze pères ont été rencontrés afin de recueillir leur histoire, les événements qui ont ponctué leur expérience de la paternité et leurs perceptions sur leur situation. Pour situer le sujet dans son contexte historique, un résumé de la littérature sur l’évolution du rôle du père en Amérique du Nord est présenté. On y mesure l’importance en nombre et en profondeur des changements qui influencent la paternité d’aujourd’hui. Également, la présentation de l’ampleur du phénomène et un survol du contexte légal canadien sur le divorce placent notre question dans son contexte structurel et social. Par ailleurs, une revue de littérature illustre l’ensemble des obstacles à l’exercice de la paternité après une rupture conjugale. Les résultats des entrevues avec les pères rapportent les principales difficultés qu’ils perçoivent pour expliquer une absence ou des contraintes dans les liens pères-enfants. Notamment, ils identifient plus souvent la mère de leur enfant et l’effet du système judiciaire et de ses acteurs comme les déterminants de leur accès à leur enfant durant la période qui suit la rupture conjugale. Ces résultats sont discutés et prennent notamment la forme de suggestions visant à favoriser l’accès des pères à leur enfant.

La médicalisation du traumatisme émotionnel chez les femmes réfugiées ayant vécu de la violence sexuelle : L’aboutissement d’un processus de marginalisations multiples

Marie-Eve Verret
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire consiste en un questionnement au sujet de la médicalisation du traumatisme émotionnel chez les femmes réfugiées ayant vécu de la violence sexuelle. Cette recherche offre une portion de réflexion sur les expériences de ces femmes. Un des principaux objectifs de cette analyse est de réfléchir à comment s’entrechoquent les discriminations au sujet de la maladie mentale, du genre, de la race et de la classe, dans la vie des femmes réfugiées. Un deuxième objectif est de discerner comment notre façon de concevoir ces discriminations, les violences ethniques et sexuelles et la souffrance, déterminera notre intervention auprès des femmes réfugiées. Le but principal derrière cette démarche est de déconstruire l’expérience des femmes réfugiées ayant vécu de la violence sexuelle afin de souligner le manque de perspective actuel des politiques d’immigration, des politiques sociales et des institutions de santé à leur sujet. Ce mémoire se veut une étude des multiples marginalisations sociales vécues par ces femmes et de leurs effets sur les parcours individuels. Ainsi, cette recherche s’inscrit dans une perspective intersectionnelle et propose un plus grand recours à l’étude des parcours migratoires. Ces deux approches théoriques permettent de mieux révéler la multiplicité et la complexité des rapports de domination.

Le premier chapitre de ce mémoire examine les politiques d’immigration et le système de santé occidental, en ayant comme toile de fond la discrimination raciale vécue par les migrants et les réfugiés. Dans le chapitre deux, il est question des facteurs qui influencent la santé physique et mentale des femmes, notamment l’impact des discours et idéologies sur les femmes et sur leur santé. J’aborde plus spécifiquement les situations relatives aux femmes migrantes et réfugiées au chapitre trois. Il est alors pertinent de regarder comment les questions reliées à l’économie, au patriarcat et au racisme contribuent conjointement à des processus vulnérabilisants pour plusieurs femmes. Finalement, au chapitre quatre, j’aborde le thème de la médicalisation du traumatisme émotionnel chez les femmes réfugiées qui ont vécu de la violence sexuelle. Le chapitre final de ce mémoire consiste à montrer que la médicalisation du traumatisme est révélatrice des multiples rapports de pouvoir qui s’entrecroisent dans la vie de ces femmes.