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Portrait psychosocial et économique des adultes immigrants parrainés francophones de la région métropolitaine d’Ottawa

Marie Claire Alta Alphonse
École de service social, Université d’Ottawa

La représentation sociale des adultes immigrants parrainés francophones, ainsi que les conclusions tirées d’un certain nombre de recherches assimilent les ainés immigrants à ceux qui n’utilisent pas les services, qui vivent sous le seuil de la pauvreté, et qui dépendent économiquement de l’état ou la famille. D’autres études postulent que les immigrants arrivant au Canada sont en moyenne en meilleure santé mentale que la population canadienne. Pourtant, il existe des situations de vulnérabilité et des inégalités très prononcées au sein de ce groupe, dont la réalité est très hétérogène. Face à ces débats, notre recherche repose sur une étude quantitative visant à décrire le portrait psychosocial et économique des adultes immigrants parrainés francophones de la région d’Ottawa.

Notre étude consiste à vérifier comment le parcours migratoire, la structure sociale et économique de la société d’accueil jouent comme déterminants de la santé mentale des ainés immigrants. Un sondage auprès de cette population a abouti à des résultats qui ont permis de vérifier les effets des facteurs précités sur la santé mentale. La recherche conclut sur une définition des enjeux de politique sociale qui se dégagent de l’analyse des données recueillies. De plus, la démarche a permis de dégager des pistes de solutions et de recherche pouvant aider dans les pratiques d’intervention sociale auprès de la population des adultes immigrants parrainés francophones.

Réussir à l’école pour réussir dans la société. La réussite scolaire des enfants et des jeunes filles issus de l’immigration comme mobilité sociale

Maryam Arale
École de service social, Université d’Ottawa

Depuis quelques décennies, le visage culturel du Canada s’est transformé d’une manière remarquable. Aujourd’hui, le Canada accueille des milliers de nouveaux arrivants qui sont à la recherche de travail et de vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Les immigrants qualifiés viennent désormais avec de hauts niveaux de scolarité et d’expérience de travail acquise dans leur pays d’origine. De nombreuses recherches ont porté sur les immigrants sous divers aspects : le niveau d’éducation, l’intégration économique et sociale, l’accès au marché du travail, la pauvreté, etc. Cependant, l’enjeu le plus important auquel les immigrants ainsi que le gouvernement canadien font face reste la non-reconnaissance des diplômes étrangers. Or, en réalité, le Canada a grandement besoin de ces immigrants et de leurs enfants qui sont en quelque sorte l’avenir du pays. En fait, depuis quelques années, les chercheurs s’intéressent davantage aux enfants de parents immigrants en raison de leur nombre et de l’impact de leur contribution dans la société canadienne.

Notre étude a pour objectif d’explorer la situation scolaire des enfants et des jeunes filles issus de l’immigration. La documentation disponible nous permet de croire qu’en effet, ces jeunes de la deuxième génération réussissent aussi bien sinon mieux que ceux de parents nés au Canada. Leur cheminement ainsi que leur réussite scolaire sont impressionnants compte tenu de circonstances parfois difficiles et d’obstacles dans la société d’accueil. Leur motivation personnelle, leur résilience ainsi que plusieurs facteurs sociologiques, psychosociaux et écologiques contribuent autant dans leur réussite scolaire, laquelle représente une mobilité sociale pour beaucoup d’entre eux. Les jeunes filles issues de l’immigration réussissent particulièrement bien malgré les difficultés liées aux multiples facettes (sexe, race, classe sociale, ethnicité) de leur identité.

L’évolution des droits des victimes d’actes criminels au Canada

Éliane Atallah
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire est une étude documentaire faisant état de l’évolution des droits des victimes d’actes criminels au Canada. Nous avons étudié d’une part les changements judiciaires et d’autre part les revendications de certains mouvements sociaux afin de déterminer leur influence sur l’établissement véritable de droits pour les victimes d’actes criminels au pays.

Nous entamons notre mémoire en décrivant l’expérience de la victimisation et retraçons ensuite l’historique de la lutte pour les droits des victimes. Notre recherche a permis de mettre en lumière les progrès réalisés par les changements en faveur des victimes d’actes criminels, dont l’accès à une indemnisation financière et à des services d’aide spécialisés. Cependant, malgré les améliorations apportées par les changements législatifs et les mouvements « provictimes », les victimes d’actes criminels au Canada ne jouissent toujours pas d’un ensemble de droits légaux.

Nous concluons ce mémoire en explorant les implications de l’évolution des droits des victimes pour le service social et en formulant quelques recommandations pour la pratique.

L’évolution des normes sociales et les troubles de santé mentale au travail : les interventions prévues par les programmes d’aide aux employés

Roxane Beauchamp
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire présente, à partir d’une étude systématique de 38 documents (articles scientifiques, rapports, données statistiques, etc.) produits entre 2000 et 2010, le problème de la santé mentale au travail ainsi que les interventions qui visent ce phénomène mises en place par les programmes d’aide aux employés (PAE). Nous avons montré dans notre problématique de recherche que les problèmes de santé mentale dans la sphère du travail sont très liés à l’évolution des normes sociales et des normes managériales. L’objectif du mémoire est d’analyser dans ces conditions les interventions des PAE dans le domaine de la santé mentale au travail.

Les résultats obtenus nous permettent de constater que les interventions opérées dans les PAE, visent l’adaptation des employés aux normes dominantes de performance et d’excellence. Ces interventions ont des effets positifs à court terme sur la diminution du nombre de séances, sur le nombre de traitements considérés réussis et sur la réduction des coûts pour l’entreprise. Par contre, aucun effet de ces interventions à plus long terme n’est prouvé. Au contraire, malgré la présence des PAE dans les entreprises, une aggravation de la situation de santé mentale est anticipée pour les prochaines années dans les milieux de travail. Selon nos conclusions, les interventions effectuées dans les PAE ne permettent pas un changement durable au profit des employeurs et des employés.

Une approche théorique et d’intervention alternative a été présentée à la fin de ce mémoire, la psychodymanique du travail, qui semble viser la résolution des problèmes de santé mentale au travail à plus long terme.

Analyse des discours antiraciste et interculturel des pratiques du travail social en contexte pluriethnique

Josianne Béland
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire a pour objectif d’explorer et d’analyser les discours influençant les pratiques des travailleurs sociaux en contexte pluriethnique. Plus spécifiquement, nous avons comparé les discours antiraciste et interculturel pour en ressortir les similitudes et les divergences. Selon nos observations, ces deux discours convergent au sujet de la reconnaissance des groupes culturels minoritaires, de l’identité culturelle et lorsqu’il s’agit d’encourager les institutions à prendre en considération la diversité culturelle dans leur fonctionnement. Malgré leurs similitudes, nous avons constaté que les discours interculturel et antiraciste divergent sur certains aspects tels que leur modèle conceptuel respectif et les stratégies d’intervention qu’ils utilisent. À la suite de cette comparaison, nous avons démontré que ces deux discours sont complémentaires sur quelques points, c’est-à-dire que chaque discours ajoute une dimension à l’autre pour en retirer une analyse et une intervention plus globale et par conséquent, qui améliore l’intervention sociale en contexte pluriethnique.

Quinze ans de développement : analyse du discours du PNUD autour de la pauvreté

Arlynn Belizaire
École de service social, Université d’Ottawa

L’objectif de ce mémoire est d’offrir une analyse du discours institutionnel entourant la pauvreté à partir des résumés des rapports publiés par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) depuis ses débuts en 1990. La principale contribution de ce mémoire empirique est de soulever les enjeux de pouvoir contenus dans la rhétorique internationale concernant la pauvreté mondiale, mais également d’offrir une analyse du développement international selon un angle critique.

Les quatre angles sous lesquels l’analyse a été réalisée font ressortir la promotion, dans le discours international, d’une pauvreté sans cause, sans visage et sans conflit. Les énoncés en sont de principe et le discours, par son ton séduisant et mielleux, réduit au silence et promeut l’inaction. En d’autres termes, les faits et les principes qui produisent la pauvreté mondiale ne changent pas réellement, les problèmes et les solutions proposées restent essentiellement les mêmes; ce ne sont que les termes dans lesquels les recommandations sont formulées qui changent. Là réside en partie le pouvoir de ce discours qui, tout en maintenant le statu quo, réussit le tour de magie qui consiste à faire croire que les choses progressent. Le fait même de réussir ce tour de force fait en sorte que les rênes restent aux mains de ceux qui produisent le discours, mais également des décideurs politiques et économiques des pays du Nord comme du Sud.

Les militaires canadiens de sexe féminin. Enjeux et défis de la dispensation de services psychosociaux

Stéphanie Bernier
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire de type monographique vise à présenter le contexte de l’activité militaire et à analyser le vécu psychosocial des militaires canadiens de sexe féminin. Il traite du contexte historique de l’intégration des femmes dans l’organisation des Forces canadiennes et explore les enjeux relatifs au travail des militaires et à la condition féminine militaire. La problématique de ces femmes est appréhendée sous différentes perspectives théoriques : la vision systémique du service social, la vision traditionnelle, la perspective féministe et les modèles d’analyse du stress. Des pistes de recommandation sont répertoriées dans le but de favoriser la qualité de vie au travail et la santé globale des militaires canadiens de sexe féminin.

En fin de vie : soutenir les familles d’enfants en soins palliatifs à domicile ou dans d’autres milieux

Jessie Blais
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire théorique est dédié à comprendre davantage la réalité des familles qui ont un enfant atteint d’une maladie mortelle et à identifier les services de soutien qui leur sont disponibles à l’intérieur de trois modèles différents de soins soit à domicile, en milieu hospitalier ou en maison palliative. Les enfants mourants exigent plusieurs changements et réorganisations dans une famille, mais l’appui en fin de vie auprès de ces familles a fait l’objet de peu d’études canadiennes.

Une recherche bibliographique a permis d’identifier les documents les plus pertinents qui ont ensuite été classés par thèmes selon la source, le type et le contexte. Les résultats des analyses de contenu et l’utilisation d’observations informelles indiquent que les besoins des familles sont satisfaits par les services mis en place dans les trois modèles de soins et que même si ces dernières apprécient les services, certaines lacunes ont été observées. En effet, les modèles disponibles offerts ne réussissent pas à combler chacun des besoins particuliers des familles puisque le soutien varie d’un milieu à l’autre.

Cette exploration a permis d’identifier certaines réflexions ou démarches envisageables à effectuer pour de futures recherches ainsi que pour définir plus précisément le rôle des travailleurs sociaux. L’identification des lacunes est utile pour les professionnels qui veulent bonifier leurs interventions auprès de ces familles. Nous croyons qu’il est nécessaire de renforcer le rôle des travailleurs sociaux pour faciliter le processus de deuil de tous les membres de la famille en répondant aux besoins de chacun.

Les besoins psychosociaux et de santé des jeunes pères : analyse comparative de la perception des jeunes pères à celle des intervenants

Annie Boivin
École de service social, Université d’Ottawa

Les jeunes pères présentent plus souvent des facteurs de vulnérabilité comparativement aux autres jeunes hommes et, en conséquence, présentent différents besoins psychosociaux. Dans ce contexte, les jeunes pères pourraient bénéficier des services sociaux et de santé répondant à leurs besoins. Toutefois, les écrits et les constats sur le terrain indiquent qu’ils y recourent très peu. Ce mémoire porte sur les perceptions que les jeunes pères entretiennent au sujet de leurs besoins et face aux services publics, ainsi que sur les perceptions des intervenants sur ce même sujet. Il présente les résultats d’entrevues réalisées auprès de 30 jeunes pères et de 12 intervenants. Nos résultats démontrent que la grande majorité des jeunes pères affirment ne pas avoir de besoins malgré leur situation. Différentes hypothèses sont présentées pour expliquer ce constat, dont l’influence de la socialisation masculine et la crainte d’être jugés par les professionnels. Le peu de jeunes pères qui nommaient des besoins évoquaient un retour aux études et l’obtention d’un diplôme, ce qui renvoyait au souhait de jouer un rôle de pourvoyeurs auprès de leurs familles. Malgré cette distance face aux services, les rencontres prénatales constituent la forme d’aide la plus pertinente à leurs yeux.

Pour ce qui est des perceptions des intervenants quant aux besoins des jeunes pères, ils en identifient quatre principaux : développer leur identité paternelle; leur faire plus de place dans les services; offrir des suivis psychosociaux individuels; et les aider à créer un réseau social et de soutien. L’arrimage entre le discours des jeunes pères et la vision des intervenants est possible, mais reste encore à être réalisé.

L’inclusion sociale en contexte de santé mentale : quelles possibilités?

Paul Brisson
École de service social, Université d’Ottawa

La société moderne est une société normative régie par des normes économiques. L’incapacité de participer à l’économie constitue en soi une rupture sociale propulsant l’individu vers une situation d’exclusion. La notion de l’exclusion sociale en est une qui revient sous plusieurs appellations. Qu’il soit défini comme processus de désaffiliation (Castel), de disqualification sociale (Paugam) ou de désinsertion sociale (de Gaulejac et Taboada-Léonetti), le phénomène d’exclusion demeure une problématique sociale que l’on ne peut ignorer, en particulier pour les personnes aux prises avec de graves problèmes de santé mentale. Notre mémoire propose une analyse de deux programmes offerts par l’Association canadienne pour la santé mentale — section d’Ottawa, soit Housing First et Voir la réalité derrière l’image, à l’aide des thèmes mis de l’avant par ces penseurs de la notion d’exclusion. Plus précisément, il cherche à établir de quelles manières ces programmes visant l’inclusion sociale s’attaquent à cette problématique ainsi qu’à la stigmatisation des personnes souffrant de maladies mentales graves. L’analyse montre que ces programmes traitent seulement de certaines dimensions des processus d’exclusion et permet de proposer certaines améliorations afin de maximiser chez eux les résultats.

Les jeunes ayant des troubles de comportement en milieu scolaire : regard sur leur situation et l’utilisation de l’intervention de groupe auprès d’eux

Manon Crevier
École de service social, Université d’Ottawa

Les jeunes qui ont des troubles de comportement (TDAH, trouble oppositionnel et trouble de conduite) ont de grands besoins et les impacts de ces troubles sont multiples et dévastateurs. Il y a au moins un jeune dans chaque salle de classe qui a un tel trouble, mais nous avons peu d’information canadienne francophone en travail social sur la situation de ces jeunes ou sur l’intervention auprès d’eux, surtout en ce qui concerne l’intervention de groupe.

Un sondage en ligne a été effectué auprès de onze travailleuses sociales des niveaux élémentaire et secondaire d’un conseil francophone du Centre-est de l’Ontario. Nous voulions connaître la situation des élèves qui ont un trouble de comportement et explorer l’utilisation de l’intervention de groupe auprès d’eux. Les résultats des analyses statistiques et de contenu indiquent que ces élèves ont de grands besoins socioaffectifs. Cependant, les interventions habituelles effectuées en milieu scolaire, qui sont surtout axées sur la discipline et le contrôle des comportements, ne semblent pas combler les besoins ni atténuer les impacts négatifs de ces troubles sur les élèves, sur leurs camarades de classe et leurs enseignants. Même si l’intervention de groupe serait un moyen très pertinent auprès de ces élèves, les défis et contraintes pratiques en milieu scolaire limitent le nombre et les types de groupes offerts.

Cette première exploration de ce sujet a permis d’identifier certaines pistes pour des recherches futures. Nos résultats suggèrent également des implications portant sur le rôle des travailleurs sociaux scolaires et de l’intervention de groupe dans ce milieu.

Porter plainte à la suite d’une agression sexuelle dans un contexte où je me sens soutenue par mon entourage et les services de ma communauté.

La perception des intervenantes de la région de l’Est de l’Ontario sur l’appui offert et disponible pour les survivantes d’agression à caractère sexuel à travers le système judiciaire

Carolyne Denis
École de service social, Université d’Ottawa

L’agression à caractère sexuel demeure aujourd’hui un sujet tabou dans la société. C’est pourquoi il est difficile pour certaines survivantes de briser le secret. Or, certaines femmes décident de dévoiler l’agression sexuelle et ensuite entreprendre des démarches afin de porter plainte à l’intérieur du système de justice. Cependant, le processus de la plainte judiciaire est complexe et comporte de nombreux défis pour les victimes. Il est donc important de répondre aux besoins des survivantes d’agressions à caractère sexuel afin de faciliter cette démarche à travers le système judiciaire.

L’objectif principal de cette recherche est d’apporter un éclairage sur l’accompagnement des survivantes d’agression à caractère sexuel à travers le processus de la plainte judiciaire et d’agir à part entière dans l’avancement des connaissances et de l’intervention. Pour ce faire, neuf intervenantes de la région de l’Est de l’Ontario ont participé à des groupes de discussion afin que nous puissions mieux comprendre leurs pratiques et la réalité des survivantes d’agression à caractère sexuel à travers le système judiciaire.

Les intervenantes/participantes ont souligné que dans l’accompagnement des femmes qui portent plainte à la justice à la suite d’une agression à caractère sexuel, le partage d’information neutre en ce qui a trait au processus judiciaire est opportun. Par l’entremise de l’intervention féministe, elles doivent aussi vérifier que les attentes des survivantes sont réalistes afin de bien cerner leurs besoins. Bref, la qualité du soutien social et professionnel offert à la survivante d’agression à caractère sexuel est un facteur essentiel afin de lui permettre de traverser les obstacles rencontrés dans le système judiciaire.

Promotion de la résilience chez les enfants et les jeunes placés : analyse du modèle S’occuper des enfants

Marie Pier Desnoyers
École de service social, Université d’Ottawa

Le système ontarien de protection à l’enfance a subi durant les dernières années de nombreuses transformations. Ces dernières ont engendré une augmentation du nombre de placements d’enfants et de jeunes. Au cours des années 1990, 100 enfants recevant des services d’une Société de l’aide à l’enfance (SAE) ont perdu la vie. Un groupe de travail, le Child Mortality Task Force, fut fondé afin d’enquêter sur la nature de ces décès.

À la suite des recommandations émises par ce comité, le ministère des Services sociaux et communautaires (MSSC) a recommandé aux SAE d’adopter l’approche S’occuper des enfants (SOCEN) et son outil, le Cahier d’évaluation et de suivi (CÉS), pour évaluer les besoins de jeunes placés. Cette approche vise à développer la résilience chez les enfants, à évaluer les besoins et à améliorer les pratiques en matière de protection de la jeunesse.

L’objectif de ce mémoire est d’identifier certains éléments qui favorisent la résilience chez les enfants et les jeunes placés en famille d’accueil. Dans la majorité des cas, ces enfants ont vécu de la maltraitance et de la négligence. Ils éprouvent bien souvent des problèmes d’attachement, vivent de l’instabilité et des discontinuités sur le plan de leurs relations. Malheureusement, lorsque les jeunes se font placer, la séparation qu’ils doivent vivre peut avoir des effets sur eux ainsi que sur leur capacité de résilience. Malgré ces difficultés, plusieurs d’entre eux se développent normalement en dépit de l’adversité vécue.

Nous essayons donc de comprendre comment certains enfants placés en famille d’accueil peuvent réussir malgré les difficultés vécues durant leur enfance et leur adolescence. Cette recherche documentaire cherche donc à cerner ce qui est fait au sein du système de protection à l’enfance pour accentuer cette résilience. Dans ce but, nous avons jeté un regard sur la question du placement selon un parcours historique et les différentes réalités que vivent les enfants qui sont placés au sein des familles d’accueil.

Finalement, une analyse de l’approche S’occuper des enfants nous aide à comprendre comment nous tentons de favoriser la résilience chez les jeunes placés. Bien que le CÉS peut s’avérer être un outil clinique utile, puisqu’il permet aux intervenants de développer des objectifs plus concrets reliés aux besoins des jeunes, il présente tout de même certaines contraintes.

« On est comme tout le monde, dans le sens qu’on n’est pas comme tout le monde : chaque personne est unique ». L’expérience des femmes lesbiennes dans les soins de santé

Sabina Grabowiecka
École de service social, Université d’Ottawa

Malgré les progrès récents accomplis au Canada, l’homophobie et l’hétérosexisme — des formes de discrimination basées sur l’orientation sexuelle — sévissent toujours au sein de la société et de ses structures, et les soins de santé ne font pas exception. Par ailleurs, le souci d’offrir aux minorités sexuelles des soins de santé adéquats transparaît dans la recherche sociale en santé. Considérant les minorités sexuelles comme une sous-culture au sein d’un ordre culturel hétérosexuel dominant, une approche de compétence culturelle est préconisée à leur égard. En regard de l’homosexualité féminine, l’accroissement de sa reconnaissance sociale et de sa « normalisation » laisse apparaître une diversité accrue des expériences et des trajectoires individuelles. L’objectif de ce mémoire est de documenter la pertinence de considérer l’orientation sexuelle minoritaire comme un élément central pour dispenser des soins de santé qui répondent aux besoins des personnes.

La méthode de recherche qualitative privilégie une approche phénoménologique. La collecte de données a été effectuée par le biais d’observation participante dans un milieu hospitalier, d’entrevues individuelles semi-dirigées, et de la tenue d’un journal de bord.

Les propos des participantes ont éclairé la diversité au sein de la culture des femmes de minorité sexuelle. Au moyen d’une mise en dialogue des récits des participantes, une description phénoménologique rend compte des différences et des similarités dans les manières de vivre et d’interpréter l’orientation sexuelle, les choix concernant la visibilité, la sécurité, le soutien familial et communautaire, ainsi que les préoccupations sociales en lien avec la condition des minorités sexuelles. À cela s’ajoutent les expériences avec les soins de santé.

À partir de la notion de compétence culturelle, les apports de la recherche sont discutés en deux volets. Un premier aborde la considération de la place attribuée à l’orientation sexuelle autour des thèmes de l’identité, la visibilité et la sécurité. Un deuxième est étroitement lié aux représentations des soins de santé adéquats du point de vue de chacune des participantes.

Ce travail fait place à une dynamique entre l’action sociale qui lutte pour la reconnaissance des groupes, et l’intervention individuelle qui tient compte des particularités des personnes. Cette dynamique est propre au domaine du service social, et peut se voir appliquée à toutes les minorités au sein d’autres structures dans la société.

Inégalités sociales, alimentation et santé

Sarah Guibord-Jackson
École de service social, Université d’Ottawa

L’objectif de ce mémoire est d’argumenter que les inégalités sociales sont la cause principale d’inégalités en matière de santé au Canada. Cela se fera en utilisant comme exemple la problématique sociale de l’insécurité alimentaire. Ainsi, l’insécurité alimentaire, donc l’accès inadéquat à une alimentation saine et équilibrée, est un déterminant social de la santé qui relève des inégalités sociales au Canada.

Cela a été analysé sous un angle d’économie-politique. Alors, les inégalités sociales, conséquences du système d’économie-politique néolibéral qui domine au Canada sont une cause importante des inégalités en matière d’alimentation et de santé au Canada.

Afin de changer cela, nous devons travailler au niveau communautaire dans le but d’innover des alternatives aux solutions « pansements » proposées et pratiquées pour atténuer l’insécurité alimentaire. Nous devons aussi transformer nos politiques sociales afin de diminuer les conséquences du néo-libéralisme, en créant une société plus égalitaire. Les travailleurs sociaux ont un rôle important à jouer à tous les niveaux, en politique autant qu’au communautaire, pour éliminer les inégalités sociales et assurer la sécurité alimentaire pour tous.

Les enfants endeuillés et la perte d’un parent causé par une maladie : des interventions pour remplir les besoins de ces enfants et améliorer leurs capacités d’adaptation

Mélina Ladouceur
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche porte sur les besoins des enfants endeuillés d’âge scolaire à la suite du décès d’un parent causé par une maladie et sur la façon dont les différentes modalités, approches et stratégies d’interventions utilisées par les intervenants aident à remplir ces besoins. Nous avons effectué des entrevues semi-dirigées auprès de six intervenantes qui travaillent ou qui ont travaillé auprès d’enfants endeuillés d’âge scolaire.

Les résultats indiquent que ces enfants ont plusieurs besoins : être rassurés, être informés de la situation, parler de leur deuil et s’exprimer, se souvenir du parent décédé et se sentir inclus et impliqués dans les différents rituels qui précèdent ou qui suivent la mort de leur parent. Les répondantes ont aussi expliqué que ces enfants auraient tendance à porter de trop lourdes responsabilités en essayant de prendre soin de leur parent survivant et en protégeant les autres enfants.

Plusieurs modalités, approches et stratégies d’intervention permettent de répondre à leurs besoins. Il est important d’en utiliser une variété afin de s’adapter aux besoins de chaque enfant. Également, il s’avère important de travailler en collaboration avec les parents afin de mieux les aider. L’intervention familiale systémique, en particulier, répond à plusieurs des besoins identifiés chez ces enfants et augmente les chances de voir survenir des changements durables. Parmi les approches et stratégies d’intervention, la thérapie par l’art et la thérapie par le jeu s’avèrent prometteuses pour aider les enfants à parler et à s’exprimer par rapport à leur deuil.

Notre recherche souligne l’importance d’entendre les histoires des enfants endeuillés et de miser sur leurs forces et leurs ressources en intervention sociale.

Le logement social favorise-t-il l’intégration sociale? Étude exploratoire auprès des résidants de logements sociaux dans la Basse-Ville Est d’Ottawa

Katharine Larose-Hébert
École de service social, Université d’Ottawa

L’accès à un logement décent à la fois abordable et convenable aux besoins de ses occupants doit être considéré comme étant un besoin de base, voire un droit humain fondamental. Cependant, plusieurs Canadiens vivent encore des besoins impérieux de logement, incapables de se loger adéquatement selon l’offre du marché. Pour pallier leurs difficultés, l’État a mis en place des politiques visant à résoudre ce problème d’accessibilité, telles que le logement social. L’idée fondatrice du logement social est de servir avant tout de lieu transitoire stabilisant dans le parcours de vie parfois chaotique de ses résidants. L’objectif ultime est donc de faciliter l’intégration socioéconomique des populations vulnérables. Dans cette perspective, ce mémoire vise à évaluer de manière exploratoire si, dans le contexte actuel, le logement social répond à son but principal.

Face au désengagement gouvernemental, au phénomène d’« effet de quartier » et à la stigmatisation, les résidants de logement sociaux doivent adopter des stratégies diverses pour éviter l’exclusion. Afin d’identifier ces stratégies et de mettre en lumière les facteurs ayant facilité l’intégration, cette recherche analyse le discours de onze résidants de logement sociaux, dans le quartier de la Basse-Ville Est d’Ottawa.

Les résultats de la recherche ont permis de lier les parcours, la stigmatisation et les stratégies d’intégration adoptées par les participants à l’étude. Il se dégage de l’analyse que la majorité des participants ont adopté des stratégies qui leur permettaient d’entretenir des rapports positifs avec leur logement et leur quartier, ce qui a eu pour effet d’accroître leur sentiment de bien-être. Ce rapport est aussi lié au niveau de stigmatisation dont ils ont affirmé faire l’objet. Ainsi, une relation positive avec le milieu de vie semble être bénéfique dans la mesure où il permet de diminuer les conséquences de la stigmatisation. Enfin, l’obtention d’un logement social apparaît faciliter l’intégration dans la mesure où son occupant a la possibilité d’adopter une attitude positive face à celui-ci.

La réduction des méfaits dans l’intervention auprès des personnes ayant des troubles de l’alimentation : vers une approche alternative

Mélanie Martel
École de service social, Université d’Ottawa

Une grande majorité des femmes se disent insatisfaites de leur corps. Les taux de personnes touchées par les troubles de comportement alimentaire (TCA) s’accroissent de façon fulgurante. Ce phénomène presque exclusivement féminin est indicatif d’une attaque sociale systémique du corps féminin, et même du vécu féminin. Du fait que nombreux messages sociaux lient l’apparence physique avec le positionnement social, il n’est pas surprenant que plusieurs femmes se tournent vers les TCA comme stratégie d’adaptation. Selon notre analyse, les TCA partagent de nombreuses caractéristiques avec les dépendances, à tel point que nous les considérons dans ce mémoire en tant que forme de dépendance sans substance. Tout comme les discours portant sur les dépendances en général, le modèle moral et le modèle de la maladie, qui cherchent à expliquer et à intervenir auprès des TCA, envoient des messages pervers à une population détenant déjà un statut socio-économique inférieur, ce qui la vulnérabilise davantage. Trop souvent, dans l’intervention avec les TCA, on individualise et responsabilise la personne, sans cibler l’environnement qui fait en sorte que ses comportements sont socialement prescrits. L’important c’est que les femmes ne sont pas victimes; elles sont des actrices en constante interaction avec leur réalité qui est, d’ailleurs, fortement influencée par la médicalisation et la santéisation du social. Nous proposons dans ce mémoire d’adapter le paradigme de la santé publique de la réduction des méfaits (RdM), généralement réservée pour l’intervention avec les dépendances, dans le contexte de l’intervention avec les TCA. Des principes fondamentaux pour une intervention individuelle, ainsi que des thèmes pour une intervention collective respectant la base théorique de la RdM sont suggérés.

Les personnes âgées francophones en perte d’autonomie : évaluation du programme de jour du Centre de services Guigues à Ottawa

Hakima Moktary
École de service social, Université d’Ottawa

Le vieillissement est de nos jours une caractéristique importante de la population canadienne. Le désengagement de l’État participe de façon considérable à l’accroissement de la charge des proches aidants. Les personnes âgées francophones qui vivent dans un milieu minoritaire sont confrontées à une réalité sociale spécifique. En effet, la majorité des services et des programmes qui leur sont destinés ne sont pas accessibles dans leur langue maternelle et ne reflètent pas la culture franco-ontarienne à laquelle elles appartiennent. Notre recherche vient donc en réponse à une demande d’évaluation de programme formulée par la direction du Centre de services Guigues. Elle vise l’évaluation du degré de satisfaction des participantes et participants ainsi que de leurs proches aidants vis-à-vis les services offerts par le programme de jour.

Les résultats indiquent que les personnes âgées qui ont participé à notre recherche vivent majoritairement seules et sont en grande partie orientées au programme de jour à la suite de limitations fonctionnelles. Tous les participants et participantes reconnaissent que leur participation au programme a été motivée par le besoin de briser l’isolement. L’éducation par rapport aux problèmes de santé et l’appartenance à la communauté francophone d’Ottawa ont été parmi les critères de choix du programme de jour du Centre de services Guigues. En ce qui concerne le point de vue des proches aidants, nos participantes et participants ont apprécié la valeur ajoutée que leur apporte le programme de jour en matière de répit.

Les conditions de vie des femmes autochtones, une histoire de colonisation et de domination : une comparaison entre le Canada et le Mexique

Chloé Nahas
École de service social, Université d’Ottawa

Les femmes autochtones à travers le monde vivent en général un rapport de domination, rapport de force qu’elles vivent doublement : une fois par le peuple colonisateur et une fois par les hommes de leurs communautés. Au Canada, 5 % de la population est considérée autochtone. Dans chaque communauté il y a énormément de différences tant sur le plan culturel que linguistique, social, environnemental, et donc une grande différence entre les valeurs de chaque peuple. Au Mexique, 9,8 % de la population est autochtone. Comment peut-on donc comparer ces populations? Le lien peut être fait si on considère le double standard vécu dans les deux cas. Une recherche de type documentaire ainsi qu’une analyse de contenu ont été conduites. Lorsqu’on évalue leurs conditions de vie, on trouve que les taux de violence et de toxicomanie chez les femmes autochtones au Canada et au Mexique sont plutôt similaires. En analysant les politiques étatiques, on a une meilleure compréhension de cette comparaison. De plus, en évaluant deux études de cas, les similitudes sont ressorties. Effectivement les femmes autochtones au Canada vivant dans un pays développé et au Mexique vivant dans un pays en voie de développement ont beaucoup de ressemblance. Afin d’améliorer la situation, un changement des politiques étatiques, une implication gouvernementale et une implication des femmes autochtones sont nécessaires.

La revue Cool! : le guide pour les jeunes amoureuses! La représentation de l’amour et de l’amitié dans le magazine pour adolescentes Cool! De 1998 à 2008

Mélanie Piché
École de service social, Université d’Ottawa

De l’enfance à l’adolescence, les médias exploitent la même figure qui représente l’amour idéal pour une jeune fille, soit le Prince charmant. Il fait donc partie de l’imaginaire féminin dès la tendre enfance. Ne soyons donc pas surpris que les jeunes filles le recherchent à tout prix, car il incarne l’élément essentiel au bonheur. Le magazine Cool! se base sur cette quête afin de vendre son produit en donnant aux jeunes filles le mode d’emploi pour arriver à leurs fins.

L’étude du magazine Cool! a été entreprise dans le but de découvrir les messages qui se retrouvent dans ce magazine pour adolescentes afin de mieux comprendre le genre de comportements qu’il propose. Pour ce faire, la représentation de l’amour et de l’amitié a été analysée. Afin de procéder à cette étude, les numéros du magazine Cool! de février, septembre et décembre de chaque année comprise entre 1998 et 2008 ont été retenus, en s’attardant aux sections « Entre nous » et aux « tests ».

Le message que transmet le magazine Cool! à travers ses exemplaires est somme toute assez constant. Le magazine Cool! présente la marche à suivre pour les jeunes adolescentes, allant de la conquête du Prince charmant à la rupture. On y présente exclusivement l’amour hétérosexuel, mais toujours de façon positive et en incitant les jeunes filles à proscrire les relations sexuelles précoces ou non désirées. Peu importe le type de relation, amoureuse ou d’amitié, le respect en est l’élément clé. On y présente également l’image de filles modernes en les encourageant à démontrer de l’initiative et à miser sur leur personnalité et leurs qualités plutôt que sur leur apparence physique.

Jeunes d’origine haïtienne et gangs de rue : une étude théorique du processus de désaffiliation

Mélissa Pierre-Jérôme
École de service social, Université d’Ottawa

Le présent mémoire a comme objectif d’étudier le processus de sortie des gangs de rue en s’intéressant à la question de l’identité ethnique et culturelle. Pour atteindre ce but, nous avons choisi comme sujet d’étude les jeunes de deuxième génération d’origine haïtienne vivant à Montréal, car selon la littérature, ces derniers font face à des réalités difficiles susceptibles de les pousser à joindre un gang de rue. De fait, ils expérimentent un fort taux de chômage, des salaires moindres, une scolarité moins élevée, tout en essayant de vivre en harmonie avec une identité multiculturelle, alors qu’ils subissent des expériences sociales racistes, discriminatoires et stigmatisantes.

Ainsi, sachant qu’une partie de la jeunesse haïtienne rencontre des expériences sociales négatives, nous cherchons à comprendre comment ces jeunes vivent et construisent leur identité personnelle et culturelle. Plus particulièrement, nous cherchons à comprendre quel rôle jouent leur quête identitaire et leur besoin d’appartenance dans leur processus de sortie des gangs de rue.

Nous partons du postulat que si l’entrée dans un gang de rue des jeunes d’origine haïtienne est fortement corrélée à une question identitaire, comme le montre la littérature, le processus de sortie devra également appeler un travail de transformation de l’identité. Nous insistons d’une part sur le fait qu’il est important de rejeter toute association systématique, dangereuse et essentialiste entre l’identité haïtienne et la participation aux gangs de rue, en montrant que d’autres facteurs systémiques sont à la source de ce phénomène. Nous analysons ensuite la désaffiliation des jeunes des gangs de rue à partir de leur processus d’entrée. En utilisant l’approche interactionniste, nous supposons qu’une affiliation à d’autres mondes sociaux est une source positive d’affirmation de soi pour cette jeunesse en quête d’appartenance identitaire et qu’elle est conditionnelle à une désidentification et à un détachement du gang de rue.

En ayant recours à l’intervention interculturelle et à l’approche communautaire, nous terminons cet essai en proposant des pistes d’intervention, tant en recherche que sur le terrain, afin d’accompagner les jeunes membres d’un gang de rue dans leur processus de désaffiliation.

L’engagement paternel chez les militaires canadiens

Karine Régimbald
École de service social, Université d’Ottawa

Ce n’est pas d’hier que la guerre bouleverse l’institution familiale. Au Canada, la période des deux Grandes guerres a modifié les représentations sociales de la masculinité, de la paternité et de la famille en général. La société contemporaine attend aujourd’hui des pères qu’ils s’engagent dans une variété de rôles et de dimensions de l’engagement paternel. En revanche, les conditions d’exercice de la paternité ne sont pas les mêmes pour tous, particulièrement lorsqu’on est employé par une institution qui mise sur les traditions pour mener à bien ses opérations. Ce mémoire, sous la forme d’une recension critique des écrits, s’attarde aux différents facteurs de la vie militaire qui influencent l’engagement paternel de ces pères.

À la suite de cet exercice, nous constatons que certains éléments de la vie militaire favorisent l’engagement paternel alors que d’autres peuvent engendrer des tensions entre les rôles de père et de soldat. Une réflexion sur les impacts de la culture militaire sur l’engagement paternel permet de reconnaître son influence sur les valeurs familiales et sur les représentations qu’ont les membres des Forces canadiennes de la masculinité, tout en reconnaissant que ces pères sont aussi sujets aux courants sociaux contemporains. Enfin, comme les services sociaux sont très présents dans la vie des militaires canadiens, le mémoire, à la suite d’une analyse critique des pratiques des travailleurs sociaux qui y oeuvrent, propose quelques pistes de solution pour la promotion de l’engagement paternel au sein de ces familles.

Une autre tentative de réparer ce qui est fracassé? Analyse d’un programme correctionnel de réhabilitation psychosociale pour femmes détenues souffrant de difficultés cognitives et présentant des compétences quotidiennes limitées

Mélanie Robert
École de service social, Université d’Ottawa

L’augmentation de la population carcérale féminine constitue un phénomène bien concret, non seulement au Canada, mais partout dans le monde. En répondant au crime par une augmentation de la surveillance policière et des conséquences punitives, l’État semble ignorer les réalités qui propulsent les femmes dans le monde de la criminalité, notamment la pauvreté, le sexisme et la discrimination. Parmi les groupes surreprésentés dans les établissements carcéraux canadiens, nous retrouvons les femmes ayant des besoins particuliers liés au manque de compétences de base et présentant des capacités cognitives limitées. Leur pourcentage est même à la hausse.

Le présent mémoire porte sur l’analyse du programme de réhabilitation psychosociale mis sur pied pour les femmes ayant des capacités limitées ainsi que des besoins particuliers en matière de compétences de base. Notre objectif consiste à nous interroger au sujet des différents facteurs maximisant les probabilités d’une réadaptation réussie chez les femmes incarcérées lors de leur retour dans la communauté. En bref, l’analyse vise à découvrir si ce programme s’attaque aux facteurs identifiés dans la littérature à cet effet.

Il en ressort que le cadre conceptuel du programme à l’étude est bien fondé, reflétant de façon juste les différentes causes du comportement criminel. En ce qui a trait à l’implantation du dit programme, on note que les objectifs qui y sont ciblés ont la possibilité de contribuer à une diminution des actes criminels chez les détenues. Son contenu, quant à lui, englobe la plupart des éléments présentés dans la littérature comme étant bénéfiques pour les femmes incarcérées. Toutefois, nous avons constaté que plusieurs thèmes, entre autres les carences liées aux habiletés parentales, l’estime de soi ainsi que la violence, ne sont pas abordés dans ce programme. De plus, on n’y fait pas mention des agressions sexuelles. Pourtant, il s’agit là d’une réalité sociale qui affecte la santé mentale d’une forte majorité des femmes incarcérées.

Enfin, nous avons soulevé un questionnement par rapport à la pertinence de l’emprisonnement en tant que réponse au crime chez celles qui souffrent d’une psychopathologie.

Le tricot normatif de l’individu contemporain : une maille à l’envers, une maille à l’endroit. Essai sur le lien entre la dépression et les normes sociales

Linda Sabourin
École de service social, Université d’Ottawa

Étant donné la recrudescence de troubles dépressifs dans la plupart des sociétés occidentales depuis 40 ans, ce mémoire examine les liens existants entre les normes sociales contemporaines et la vulnérabilité psychique chez les Franco-Ontariens. Ainsi, notre étude s’intéresse aux facteurs sociologiques favorisant le basculement dans l’univers de la dépression.

Cette recherche est d’ordre qualitatif. Trois femmes franco-ontariennes présentant un diagnostic de dépression ont été interrogées par le biais d’entretiens semi-dirigés.

Plus précisément, ce mémoire vise à :

  1. Cerner les représentations sociales de la dépression chez les Franco-Ontariens;

  2. Identifier les éléments normatifs contribuant au déclenchement de la dépression, tels que manifestés dans les rapports à soi, au couple et au travail;

  3. Circonscrire les caractéristiques recherchées chez les intervenants et les types d’intervention préférentiels des individus.

Les résultats ont permis d’inférer des associations entre normes contemporaines et basculement dans l’univers dépressif. Ces normes se synthétisent sous deux thèmes principaux : l’action et l’identité.

Les caractéristiques recherchées chez les intervenants sont : le ton calme, le ralentissement du débit des conversations, l’écoute attentive ainsi que le non-jugement. L’éventail d’interventions suggérées pointe vers les thérapies narratives, cognitives, somatiques, la pharmacothérapie et la réduction des rencontres thérapeutiques.

« L’enfant singulier » : réflexion sur les dimensions interculturelles de l’intervention auprès des parents avec enfant qui présente un trouble du développement en contexte franco-ontarien

Geneviève Saulnier
École de service social, Université d’Ottawa

La recherche présentée dans le cadre de ce mémoire de maîtrise se veut une réflexion sur l’intervention interculturelle auprès des parents immigrants ayant un enfant présentant une incapacité. De type documentaire et nourrie par une recension des écrits, cette étude vise à identifier les différents enjeux soulevés par l’intervention auprès des familles immigrantes francophones de l’Ontario ayant un enfant qui présente un trouble du développement.

L’analyse de la littérature scientifique sur le sujet a permis de dégager différents enjeux vécus par les parents immigrants ayant un enfant avec un trouble du développement. Un des premiers enjeux est lié au fait que les parents immigrants ont à composer avec les nombreux défis reliés d’abord au fait d’avoir un enfant qui présente une incapacité tout en surmontant, parallèlement, d’importants autres défis qu’impose le processus migratoire. D’autres enjeux se situent dans l’univers des représentations culturelles des troubles du développement que les parents venus d’ailleurs peuvent avoir et qui, parfois, se confrontent avec les représentations fort différentes et présentes dans la société d’accueil. La rencontre de ces deux groupes de représentations peut faire apparaître d’autres obstacles qui viennent poser, pour l’intervention, la question de l’adaptation culturelle des interventions.

Enfin, cette analyse documentaire démontre l’importance de mener des recherches empiriques sur l’expérience des parents immigrants ayant un enfant avec un trouble du développement, et ce, dans le but d’une meilleure prise en compte des dimensions culturelles dans les pratiques d’intervention.

L’accès des femmes transgenres aux services réservés spécifiquement aux femmes : le cas des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence

Viviane Uwimana
École de service social, Université d’Ottawa

Grâce à la mobilisation des groupes qui participent à la sensibilisation sur la question de la transidentité, on assiste à une vague d’ouverture envers les personnes transgenre. La question apparaît de plus en plus incontournable dans une société de droit. Cependant, dans certains endroits la demande des personnes transgenre continue de soulever des questionnements. Pour les femmes transgenres (des hommes qui s’identifient comme femmes), la question d’accessibilité aux centres d’aide et aux services de soutien réservés spécifiquement aux femmes pose de nouveaux problèmes et soulève des résistances.

Cette étude a été menée auprès des intervenantes de la Maison Délila, une maison d’hébergement pour femmes victimes de violence et leurs enfants desservant la minorité francophone d’Ontario. Les données ethnographiques recueillies, ayant pour objet de documenter et d’analyser le processus de prise de position à l’égard de l’inclusion des femmes transgenres au sein de Maison Délila, mettent en lumière des postulats sur lesquels s’appuient les positions des intervenantes.

Après une mise en contexte sociopolitique, un survol historique et une présentation des fondements théoriques de la transidentité et des maisons d’hébergement, l’analyse des données a permis de dégager les divers systèmes de représentation qui affectent l’ouverture des intervenantes à l’égard de l’inclusion des femmes transgenre au sein d’une maison d’hébergement pour femmes. Des résultats sont caractérisés par une complexité et une diversité de provenances et de positions : la représentation des femmes transgenres, des hommes et de la masculinité, l’histoire des maisons d’hébergement et ses fondements féministes.

La représentation sociale du service social des étudiants francophones finissants dans les disciplines connexes au service social à l’Université d’Ottawa. Étude exploratoire

Withline Vétiaque
École de service social, Université d’Ottawa

Les travailleuses et travailleurs sociaux sont souvent appelés à faire partie des équipes multidisciplinaires dans les institutions de la santé. Dans cet ordre d’idées, pour assurer une meilleure collaboration, il devient important de connaître et de comprendre les connaissances que les membres des équipes ont du service social. La présente recherche qualitative exploratoire a comme objectif l’étude des étudiants ou des étudiantes des sciences connexes au service social, futurs professionnels des équipes interdisciplinaires dans les institutions de santé. L’échantillon non probabiliste à choix raisonné a été composé de 6 répondantes provenant des disciplines suivantes : orthophonie, physiothérapie, ergothérapie, sciences infirmières et psychologie. Deux méthodes de collectes de données ont été utilisées : l’association de mots et l’entrevue semi-dirigée. Notre analyse de contenu thématique a montré que la représentation sociale du service social est organisée par l’idée de l’entraide, la justice sociale et la politique. Ses résultats ouvrent de nouvelles perspectives de recherche et d’intervention pour améliorer le service social en tant que profession de relation d’aide et assurer son avenir.